Palikini Sika Konto était devant la cour d’assises de la cour d’appel de Parakou, ce lundi 21 août, pour répondre du crime de coups mortels. Il a été condamné à cinq ans de réclusion criminelle. Mis sous mandat de dépôt le 27 novembre 2013, il a encore quinze mois à passer derrière les barreaux.
Pour avoir participé à une vindicte populaire sur la personne d’Hélène Kpouakou soupçonnée d’être une sorcière, Palikini Sika Konto paie un lourd tribut. Déclaré coupable de coups mortels, infraction prévue et punie par les dispositions de l’article 309 alinéas 4 du Code pénal, il a été condamné à cinq ans de réclusion criminelle.
A la barre, il a collaboré avec la cour pour la manifestation de la vérité. Comme à l’enquête préliminaire et devant le juge d’instruction, Palikini Sika Konto a reconnu qu’il était présent sur les lieux et a également porté deux coups à dame Hélène Kpouakou.
Pour l’avocat général, il n’y a pas l’ombre d’un seul doute, les faits reprochés à Palikini Sika Konto peuvent être qualifiés de coups mortels. Selon lui, les éléments constitutifs d’une telle infraction sont réunis, l’accusé ayant avoué qu’il voulait simplement infliger à la victime une correction qui a mal tourné. « Il ne s’agit pas d’un homicide involontaire comme son conseil va tenter de vous le faire croire », a expliqué Fiacre Azalou Tokpassi aux membres de la cour. Il requiert contre lui dix ans de réclusion criminelle.
Dans sa plaidoirie, le conseil de l’accusé a estimé qu’ils l’ont laissé porter seul le fardeau de la solution qui était celle de les aider à se débarrasser d’une sorcière. Selon Me Olga Anassidé, la victime n’est pas morte sur-le-champ. Elle était dans un état critique lorsque son client a quitté les lieux. « On l’a abandonnée quelque part, sans le moindre soin. C’est quand elle a rendu son dernier souffle que le chef du village est allé informer les gendarmes », a insisté l’avocate, relevant les insuffisances du dossier. « Palikini Sika Konto n’est pas le seul à lui avoir porté des coups. Qu’est-ce qui prouve que ce sont ses deux coups qui ont donné la mort à la victime, alors qu’on parle d’une foule surchauffée. Son tort est d’être le seul étranger dans le village », poursuit Me Olga Anassidé. Pour elle, son client ne mérite pas de porter seul ce fardeau, mais d’assurer la part de responsabilité qui lui revient dans ce qui est survenu. Elle trouve alors les dix ans proposés par le représentant du ministère public excessifs.
Présidant la cour, Edouard Ignace Gangny avait comme assesseurs, Alexis Mètahou et Arlen A. Dossa-Avocè. Le ministère public était représenté par Fiacre Azalou Tokpassi et le greffier est Me Ambroise Alassane. Marguerite Kombetto, Emile N’Yaba N’Dah, Maféirou Célestin Babahoum et Sabi Goro Monsi Kora ont été désignés comme jurés.?
Les faits de la cause
Dame Hélène Kpouakou allait chercher du bois de chauffage dans les environs du village Yanyanmou et était accompagnée de la fille de son amie BougnonWorko. A leur retour, la petite parlait à peine. Dame Bougnon Worko accuse Hélène Kpouakou de sorcellerie. Un groupe de jeunes gens dont Palikini Sika Konto traînèrent alors Hélène Kpouakou dans la brousse. Ils lui infligèrent des coups auxquels elle n’a pas survécu.