Frère Melchior est mécontent du président Patrice Talon. La raison, le non-respect d’un engagement à l’occasion d’une messe solennelle. Albert Tévoédjrè ne cache plus sa déception. Il n’approuve pas les méthodes de la gouvernance Talon.
Le Professeur Albert Tévoédjrè ne digère pas le système de gouvernance du président Patrice Talon. « Toute ma vie, j’ai refusé de subir. J’adhère ou je renonce », déclare le Frère Melchior, pour justifier les radicalismes qui ont marqué parfois sa vie publique. L’ancien médiateur de la République, artisan de la victoire du peuple béninois sur la France-Afrique ne conçoit pas le système de gouvernance dans lequel on pense diriger un peuple en écartant les forces vives qui doivent se concerter pour régler les problèmes de la nation. Cette méthode de fonctionnement que pratique le régime Talon semble aller en contradiction totale des espérances de Frère Melchior. En effet, dans son récent livre intitulé « Ici, c’est le Bénin » et à travers lequel il a révélé son engagement dans le combat pour l’épanouissement d’un peuple inattendument débout, le Professeur Tévoédjrè a exposé sa philosophie de vie. Se fondant d’ailleurs sur ladite philosophie, il a fait une révélation sur l’eucharistie mémorable du vendredi 18 mars 2016 à l’issue de laquelle l’archevêque de Cotonou, Monseigneur Ganyè, a, en présence de Emile-Louis Paraiso, obtenu de Patrice Talon, la disponibilité d’une rencontre avec Boni Yayi :« La graine du succès et de la paix par un autre chemin était mise en terre en ce matin de lumière naissante », a témoigné l’ancien médiateur de la République, en signe d’espérance aux lendemains de ladite célébration. Car, ce début de réconciliation obtenu en présence de Sébastien Ajavon, Pascal Koupaki, Albert Tévoédjrè et Patrice Talon, accompagnés de leurs épouses respectives ainsi que Monseigneur Ganyè et Père Félicien Kpofondé, sera confirmé aux dates historiques du 20 mars et du 06 avril, respectivement du premier tour du scrutin présidentiel et de la passation du pouvoir entre Talon et Yayi suivie de l’investiture du nouveau président à Porto-Novo. Mais depuis que Patrice Talon est aux commandes, cet engagement solennel, pris devant Dieu et les hommes qui étaient présents, est passé aux oubliettes, au point de bouleverser le très fervent Frère Melchior qui dit supporter mal « la gouvernance par la ruse doublée de l’absence de vérité au peuple ». Le renard vit mal ce non-respect d’engagement. Percevant cela comme une « trahison insoutenable », Tévoédjrè s’est mué dans un attentisme de la gouvernance du Nouveau Départ. Fils de parents issus des laboureurs dahoméens des terres africaines d’Adjati et d’Atchoukpa, Albert Tévoédjrè, qui se réclame citoyen d’une patrie dont il est le serviteur de son peuple, ne compte pas subir les conséquences du système de gouvernance qui pèsent déjà sur les populations à la base. « Je ne suis le valet ou l’esclave d’aucun pouvoir, l’otage d’aucun réseau, d’aucun système…», a écrit l’ancien médiateur de la république dans son livre. Cette philosophie de la vie du Prof Tévoédjrè traduit le combat de l’homme pour sortir ses compatriotes de la pauvreté à travers la promotion du dialogue interreligieux et interculturel et la paix par un autre chemin.
Germin DJIMIDO