(Le destin de la lutte pour la bonne gouvernance en dépend)
L’activisme politique intense de ces dernières semaines en faveur du programme d’actions du gouvernement du président Patrice Talon suscite beaucoup d’interrogations au sein de l’opinion. Et pour cause. Connaissant bien les politiciens béninois, on doute fort de la sincérité des soutiens tous azimuts à la vision et aux actions du nouveau départ.
Jacques SEGLA
Pour faire plus direct, certains observateurs avertis de la vie politique nationale n’hésitent pas à inviter Patrice Talon à la méfiance, pour qu’il ne tombe pas dans le piège de politiciens rusés aux dents longues et tranchantes, qui n’ont d’yeux que pour leurs intérêts égoïstes inavouables. Mais faut-il désespérer de tout le monde ? Le président Patrice Talon ne peut pas gouverner seul. Le plus difficile, c’est qu’il n’y a pas d’homme neuf. L’histoire du Bénin n’a pas commencé avec Patrice Talon. On prend n’importe qui, il est forcément homme de quelqu’un. S’il n’a pas été proche ou parent de Nicéphore Soglo, il serait tout au moins un affidé de Kérékou ou de Boni Yayi. Nous sommes tous liés par des liens de parenté naturelle, sociale, économique ou politique. Aussi, rien ne permet encore de certifier aujourd’hui la sincérité des intentions de tel ou tel autre. Ce n’est qu’à l’épreuve des faits qu’on finit par découvrir ce que chacun est réellement. Même la jeunesse, qui clame actuellement sa virginité sur l’échiquier politique national, et s’engage solennellement comme une alternative crédible, pour faire les choses autrement, ne joue, en réalité, qu’à l’hypocrisie vernie. Personne ne peut la croire sur parole. Toutes les professions de foi, dont ces jeunes abreuvent maintenant les Béninois, ne sont pour l’heure que des slogans ou incantations auxquelles ce peuple est habitué, voire immunisé ; tout au moins, avec l’avènement du régime du nouveau départ.
C’est pourquoi, il convient de situer l’activisme intense, auquel nous assistons ces dernières semaines, dans son contexte politique bien précis. Ce sont les joutes électorales qui s’ouvrent à partir de 2019 qui inspirent toutes ces agitations politiques. Qui voyage loin, dit-on, ménage sa monture. Mais le peuple saura, à n’en point douter, distinguer les siens, dans le lot des charognards politiques qui multiplient les opérations de charme en sa faveur. Et c’est le président Patrice Talon qui doit se méfier des soutiens tous azimut dont on l’encombre à des fins politiciennes à peine voilées.
Patrice Talon a sa vision et son programme d’actions qu’il déroule à merveille, sans tambour ni trompette, depuis quelques mois. La preuve, la grogne sociale, exacerbée à dessein par certains détracteurs impénitents de la rupture, s’estompe maintenant peu à peu. L’activité économique renaît également, à la grande satisfaction des acteurs du secteur. Aussi la publication des résultats des audits dans nombre de structures publiques rassure-t-elle de la bonne foi du président Talon de ne pas faire de la lutte contre la mal gouvernance un simple instrument de chantage. La peur est désormais dans le camp des pourfendeurs va-t-en guerre du régime Talon, qui n’avait de cesse à vilipender le gouvernement de la rupture. Croyant pouvoir se soustraire à la justice, la plupart des cadres qui se sentent interpellés par la salubrité publique enclenchée, se pressent de rallier la barque du nouveau départ. Loin s’en faut. Aucun prétexte ne peut les absoudre. Tout de même, ceux d’entre eux qui se laissent encore instrumentaliser par leur mentor charismatique des dix dernières années se trompent. Ils n’échapperont pas à la machine de la répression des crimes économiques avérés.
Par conséquent, le chef de l’Etat doit rester vigilant, pour ne pas se laisser distraire par des manèges subtils de politiciens corrompus jusqu’à la moelle. Ceux qui ont les mains sales doivent tous rendre gorge, même s’ils parviennent à retourner de veste. Patrice Talon ambitionne d’être porté en triomphe par les Béninois, au terme de son quinquennat. Le boulevard lui est désormais ouvert, pour que ce rêve légitime devienne réalité. Mais c’est surtout à l’aune des résultats probants de la lutte implacable contre la corruption et l’impunité que le peuple avisera. Il suffit, pour le chantre de la rupture, de savoir allier audace, rigueur et fermeté dans cette lutte, pour que les fruits tiennent la promesse des fleurs. ‘’Agbonnon’’ peut. Donc il doit.