Quoi de plus épanouissant que de vendre dans un cadre approprié sans la menace des forces de l’ordre ! Les bouchers du quartier Zongo à Cotonou retrouvent depuis peu leur entrain en regagnant le centre commercial Nakura mis à leur disposition par un opérateur économique sensible à leurs misères.
A l’intérieur du centre commercial Nakura sis au quartier Zongo à quelques mètres des lieux où ils étaient déguerpis, des centaines de bouchers vaquent à leurs activités. Qui découpant des morceaux de viande, qui occupés à traiter des boyaux pour satisfaire un gourmet impatient de repartir chez lui. Dans les dédales de ce cadre servant de boucherie, les bouchers hèlent les visiteurs et exhibent à qui veut des quartiers d’abats exposés sur leurs étales bien achalandés. Un véritable bazar où des vendeuses d’assaisonnements et autres ingrédients entrant dans la cuisine donnent également de la voix. Ce grand bâtiment inauguré en mai 2015 par l’ancien maire de Cotonou, Nicéphore Dieudonné Soglo, a la particularité d’héberger une cible qu’on n’attend guère dans un centre commercial privé.
Chassés des abords de la voie, les bouchers ont eu l’opportunité d’être accueillis par le promoteur du centre, après bien des épreuves. « Nous tenons encore ce commerce grâce à El hadj Mouhamadou Mouniru Garba-Nakura qui a voulu mettre fin à notre calvaire en aménageant ce cadre pour nous. Ces lieux sont propres et nous ne manquons de rien », confie Tahirou Amadou, chef boucher du centre commercial, exerçant depuis 35 ans.
Béninois, Nigériens, Togolais et Nigérians exercent en ces lieux en toute quiétude et rien ne semble leur déplaire dans le mode de gestion retenu par leurs responsables et le promoteur. Une redevance journalière variant de 300 F Cfa à 600 F Cfa leur est prélevée pour assurer l’entretien des lieux et de la chambre froide dans laquelle est stockée en fin de journée la viande invendue. Chaque boucher est appelé à faire peser sa marchandise et à la numéroter avant qu’elle ne soit conservée pour éviter des soupçons de vols. Carrelé et assez attrayant, le cadre ne manque pas d’être apprécié par la clientèle. « La propriété y règne et on ne sent pas cette puanteur qui repousse parfois dans certaines boucheries », indique Diane Dégboé, usagère du centre.
« Nous sommes plus à l’aise en ces lieux ; les clients s’y plaisent bien parce qu’il est bien entretenu et protégé. La viande est contrôlée aussi bien à l’abattoir que surplace avec des visites inopinées des services compétents de contrôle », ajoute Aliou Aimé Agbantchékpo, boucher depuis 1994.
Ouverte tôt le matin, la boucherie est fermée dès 19 h pour permettre aux agents d’entretien de la remettre au point pour le lendemain, affirme Aliou Adamou, agent de sécurité du centre commercial, sous le charme de l’initiative de son patron qui se serait inspiré d’une œuvre similaire lors d’un de ses voyages à l’extérieur du pays.
Loin des interventions musclées des forces de l’ordre pour les dégager des emprises de la voie, les bouchers retrouvent leur sourire mais s’agacent contre la mévente qu’ils observent en ces lieux. « Les clients que nous avions aux abords de la voie ne viennent plus tous ici. Peu d’entre eux savent que nous occupons ce centre », regrette Mohammed Talibo qui appelle le gouvernement à construire un marché du genre à leur profit dans un environnement plus accessible à la clientèle?
Kokouvi EKLOU A/R Atacora-Donga