Les travaux routiers du projet Route des pêches reprennent avec intensité. Les diverses contraintes relatives à sa mise en œuvre semblent visiblement levées, place désormais à la route tant attendue.
Fin des pavés d’Erevan hier, un groupe de travailleurs parés de gilet de chantier flanqué du logo de l’entreprise Adéoti Sarl contrôle les manœuvres d’un bulldozer qui réalise la fouille pour la pose des caniveaux. De Fiyegnon I à la hauteur de Togbin, de nombreux ouvriers s’activent sur divers pans du chantier. La route longeant la plage de Fidjrossè est entièrement fermée à la circulation. Seuls les hommes en casque de chantier y ont accès ainsi que les engins lourds. Le projet de la Route des pêches reprend de l’activité, après une longue période de suspension par le Gouvernement du Nouveau départ. « La reprise officielle des travaux date de mars 2017, mais celle physique a traîné parce qu’il fallait valider le dossier d’exécution. Actuellement, nous sommes à un niveau d’exécution de 8%, les ouvrages d’assainissement sont en cours et il faut dire que le retard dans la libération des emprises a aussi retardé le chantier », explique Etienne Wotto, chef de la mission de contrôle assurée par le groupement Héros GC/GIC Mali. Pour l’instant, l’entreprise Adéoti Sarl, en charge de l’exécution, met le paquet sur la réalisation des ouvrages d’assainissement. Déjà 5 km de caniveaux sont réalisés sur les 21 km prévus de part et d’autre de la route.
Ouvrage redimensionné
Les travaux en cours concernent la première phase du projet routier quittant le Carrefour Erevan au village d’Adounko, sur un linéaire de 13,025 kilomètres. L’ouvrage est une route en 2 X2 voies, dotée d’une chaussée ayant 7 mètres et 8,5 mètres de largeur par endroits, des caniveaux et des passages piétons.
Mais le projet initial a été redimensionné par le Gouvernement actuel qui y a ajouté deux spécificités. La première concerne la construction d’une contre-allée longue de 5 km à partir d’Erevan. « Généralement, nous réalisons les routes avec des bandes d’arrêt d’urgence, les caniveaux et des trottoirs. Cette fois-ci, on aura du côté de la berge, une chaussée séparée de la voie de circulation normale qui sera dédiée aux véhicules légers. Cette route à 5,5 m de largeur permet aux usagers de la plage de pouvoir garer leurs voitures. Après cela, il y a un passage piéton, également bitumé pour permettre aux piétons de marcher ou de faire du jogging. Cette géométrie est une première au Bénin », précise Etienne Wotto.
La seconde spécificité tient au fait que contrairement au projet initial qui a retenu le principe d’une route touristique avec des véhicules légers, le projet actualisé a été redimensionné de manière à faire supporter la route par les convois de gros porteurs. Du coup, il est prévu la construction d’une chaussée lourde qui, en dehors du terrassement, sera renforcée par de graves concassés améliorés au ciment et de graves bitumes. Selon le chef de mission de contrôle, cette réévaluation a induit un surcoût de 10 milliards F Cfa sur le financement initial de 15,755 milliards de francs Cfa, dont 12 milliards F Cfa assurés par la Banque ouest-africaine de développement (Boad). Ce surcoût est pris en charge par l’Etat, sous la forme d’un partenariat public-privé conclu avec Adéoti Sarl.
Le dédommagement des sinistrés en cours
Le délai contractuel renégocié est de 24 mois et court depuis mars dernier. Eugène Dossoumoun, directeur des travaux à Adéoti Sarl, rassure que l’entreprise mettra les bouchées doubles pour tenir dans le délai. « On a démarré timidement par les travaux de construction de caniveaux parce que l’emprise n’était pas entièrement libérée. Le dédommagement des sinistrés a commencé et il nous a été promis que l’emprise sera totalement libérée d’ici octobre. Nous pourrions alors engager la vitesse de croisière avec les travaux routiers à proprement parler », assure-t-il.
Le dédommagement des sinistrés, l’un des gros obstacles du projet, a démarré depuis quelques jours. Sur le terrain, plusieurs riverains ont entamé la démolition de leurs habitations. Même le temple de Zangbéto de Fiyégnon 2 est appelé à disparaître. Les rituels de transfert de la divinité auraient eu lieu jeudi dernier. Au total, 90 sinistrés identifiés à Fiyegnon 2 ont déjà reçu leurs indemnités pour un montant total de 271 millions de F Cfa. « Les ressources pour le dédommagement sont déjà disponibles, mais toutes les personnes frappées d’alignement n’ont pas encore produit les documents nécessaires pour obtenir leur indemnisation », explique Arsène Soglo, directeur général adjoint des Infrastructures au ministère des Infrastructures et des Transports. Pour lui, il est encore possible de rattraper le retard consenti à condition que les diligences soient faites par les 884 personnes concernées par le dédommagement sur les 13 km de la phase 1.
Le montant total des indemnisations est estimé à 1,462 milliard F Cfa. « L’Etat a mobilisé 100 % des ressources pour dégager et mettre l’emprise à la disposition de l’entreprise. Le comité technique d’expropriation a fait son travail. Nous n’avons pas de résistance sur le terrain, l’emprise est délimitée et connue. Nous demandons aux populations en attente de rassembler les pièces et de se rapprocher du comité technique pour que leurs dossiers soient étudiés et leurs indemnités payées », conclut-il?