La vente des repas dans les rues est une pratique très répandue au Bénin, notamment dans les villes comme Bohicon. Mais force est de constater que les vendeurs de nourriture se préoccupent peu de l’hygiène des aliments exposant les consommateurs à de gros risques sanitaires.
Diarrhée, salmonellose ou fièvre typhoïde, parasitose intestinale, péritonite (inflammation du péritoine exigeant une intervention chirurgicale) et troubles digestifs, sont quelques maladies causées par les repas souillés, explique William Gbaguidi, infirmier au centre de santé Sèlomè à Bohicon. Cela, ajoute-t-il, est dû à l’exposition des aliments à la poussière au bord des voies, et aux mouches vectrices de maladies qui s’y posent. « Des cas de malades décédés des suites de diarrhée accompagnée de vomissements chez les enfants sont parfois enregistrés par le centre », confie l’infirmier.
Cependant, certains sont abonnés chez ces ‘’vendeurs de maladie’’ et le justifient. « C’est bien, car cela nous évite de rentrer à la maison avant de manger aux heures de pause », affirme Enock Agon, boulanger à Bohicon. Comme lui, Juvence Soglo, élève, déclare : « la vente des aliments au bord de la voie est une bonne chose », mais s’empresse d’ajouter que « ce n’est pas intéressant quand c’est mal entretenu ».
Certains Béninois, conscients des risques qu’ils encourent, préfèrent s’abstenir. « Moi, j’ai arrêté d’acheter de la nourriture chez les vendeurs ambulants depuis plusieurs années. Ils n’entretiennent pas la nourriture et vendent des repas qui peuvent vous causer des maladies », dénonce Omram Agossadou, agronome résidant à Bohicon.
Toutefois, certains vendeurs sont conscients des risques et tentent de protéger leurs marchandises. « Si les clients ne restent pas vivants, qui viendra acheter chez nous ? » déclare maman-Lolo, vendeuse de riz à Bohicon. Elle condamne ses consœurs qui ne s’en préoccupent pas et qui disent que « le repas est assez chaud pour tuer les vers posés par les mouches ». Maman-Dédé, vendeuse de pain au carrefour Zakpo de Bohicon, aussi consciente du danger, a fait fabriquer une caisse en verre où elle met sa marchandise à l’abri des mouches et de la poussière. « Cela m’a permis d’accroître ma clientèle », confie-t-elle. Ces quelques vendeuses conscientes des risques sont peu nombreuses par rapport à celles qui ne soucient guère des problèmes sanitaires que leurs clients risquent d’avoir.
La vente de repas dans les rues apparaît en somme comme une pratique plus risquée que salvatrice pour les consommateurs. Mais la grande préoccupation est celle de savoir si les vendeurs ambulants prendront à l’avenir les précautions hygiéniques nécessaires ou s’il faut lutter contre cette pratique de vente ambulante des repas non protégés qui est mauvaise pour la santé de la population?
Par Michel Massessi (Stag), A/R Zou-Collines