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Suite à l’invalidation de l’élection du président kényan: L’acte de contrition de Robert Dossou
Publié le vendredi 8 septembre 2017  |  Le Matinal
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© Autre presse par DR
Me Robert Dossou ancien Président de la Cour constitutionnelle, éminent spécialiste du droit et du droit maritime fort de près d`un demi-siècle d`expérience en la matière.




Après l’invalidation de la réélection d’Uhuru Kenyatta, président sortant du Kenya, qui mieux que Me Robert Dossou (photo), ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin, pour apprécier l’actualité électorale en Afrique ? Au micro de Christophe Boisbouvier, il analyse son éviction de la Cour constitutionnelle, comme les suites d’un malentendu avec Yayi Boni.
Ancien président de la Cour constitutionnelle, Me Robert Dossou, n’est ni un inconnu ni un enfant de chœur sur l’échiquier politique béninois. Avocat connu pour sa verve, son bagout, et ses succès au Barreau, l’histoire politique récente retiendra de son parcours, entre autres, sa contribution à la réussite de la Conférence nationale des forces vives de la Nation, mais également la défense des intérêts béninois dans le procès Bob Denard. Cependant, s’il reste comme un funeste boulet, et une tâche noire qui suivront toujours Robert Dossou, c’est sa gestion des contentieux électoraux durant son mandat à la tête de la Cour constitutionnelle. A l’occasion du retentissant et mémorable camouflet que le juge Kenyan, David Maraga, a infligé au président sortant Kenyan, dont il a annulé la réélection, l’avocat béninois s’est exprimé. Deux moments clés peuvent retenir l’attention pendant cette interview. Interrogé sur l’acte posé par Maraga et ses collègues, Me Robert Dossou répond : « Il est vrai que l’indépendance du juge réside dans la conscience personnelle de chaque juge, dans l’intensité de responsabilité qu’il met dans la notion d’indépendance du juge. Donc, il en est des juges comme de tout autre citoyen du monde. Un juge peut être veule, avoir peur, et puis un autre juge peut être plus courageux ». Ensuite, sur ses derniers rapports avec Yayi Boni, il s’épanche carrément : « Oui, je crois qu’il y a eu malentendu entre lui et moi. La Cour constitutionnelle du Bénin avait pris une décision pour interdire que l’on puisse réviser les dispositions constitutionnelles limitant le nombre de mandats à deux. J’ai signé une décision de ce genre. J’ai su après que cela n’a pas fait plaisir à Yayi Boni. De toute façon, tout le monde savait que Robert Dossou n’accepterait pas qu’un président arrive pour dire : Je veux faire un troisième mandat au Bénin. Cela, c’est sûr ». Avant d’ajouter un peu plus loin, cet aveu qui fera date : « Mais, je dis que si la Cour constitutionnelle du Bénin se retrouvait dans une situation de ce genre-là, elle ne ferait pas du tout ce que le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire a fait pour déclencher une troisième guerre civile en Côte d’Ivoire. La Cour constitutionnelle au Bénin n’hésiterait pas à annuler entièrement une élection présidentielle ». Donc, Me Robert Dossou reconnaît qu’il y a eu un malentendu entre lui, et Yayi Boni.
La fragilité des systèmes politiques africains
Cependant, on notera avec un léger pincement au cœur, la réélection au premier tour de Yayi Boni en 2011. Ce fut un moment politique délicat et compliqué, où tout aurait pu basculer. Le candidat de l’Union fait la Nation (Un), Adrien Houngbédji, s’étant proclamé tout aussi élu, était prêt avec d’autres, à ne pas se laisser faire. Le Bénin avait frôlé le pire, et tout aurait pu basculer dans l’inévitable chaos. Ce fut d’ailleurs tard dans la nuit que les résultats du vote ont été proclamés, et les Béninois ont découvert, ébahis au réveil, « la tragédie ». Mais entre-temps, de l’eau est passée sous les ponts, et l’histoire retiendra que Me Robert Dossou n’aura pas son 2ème mandat à la tête de la cour. N’ayant pas pu réviser la Constitution pour s’éterniser au pouvoir, le Prince n’aurait pas du tout digéré l’affront du juge constitutionnel. Il en est ainsi, malheureusement, des amitiés et d’autres connivences en politique. Elles font souvent long feu, se brisant parfois très tôt sur l’autel des intérêts. Au demeurant, l’actualité politique kenyane, éclaire d’un jour nouveau la fragilité des systèmes politiques africains, qui continuent d’être à la solde des désidérata, et émotions de quelques individus. Car n’eût été l’intransigeance et l’éthique de David Maraga, le Kenya serait en train de vivre des heures difficiles. L’autre leçon à retenir, c’est la faillite des observateurs dits internationaux, qui comme souvent, sont une fois encore passés à côté de la plaque. Comme ça été le cas, il n’y a pas longtemps au Gabon, au Tchad, au Congo.
AT
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