Le promoteur du réseau de téléphonie mobile Bell Bénin Communication, Issa Salifou était l’invité de l’émission Ma Part de Vérité de Golfe Tv hier dimanche 10 septembre 2017. Sa sortie médiatique fait suite à celle du secrétaire exécutif de l’Arcep, Hervé Guèdègbé qui évoquait le sujet relatif à la révocation de la convention d’exploitation dudit réseau. Son intervention fait office de droit de réponse, où il a tenu à éclairer l’opinion publique sur les tenants et aboutissants du dossier.
Dans les accusations portées à l’encontre du promoteur par le gouvernement, il est reproché au réseau d’avoir fait perdre d’importantes ressources à l’Etat béninois du fait de son incapacité à s’acquitter d’un certain nombre d’obligations financières et non financières contenues dans son cahier des charges. Il est donc réclamé au promoteur, une somme de 6 milliards au titre de frais de la licence et 12 milliards pour les redevances liées aux taxes sur la fréquence. Si Issa Salifou reconnaît devoir les 6 milliards liés à la convention, il rejette par contre les 12 autres milliards, avenants à ladite convention. Cela n’était pas prévu, a-t-il fait savoir. A l’en croire, l’absence de fourniture de service constatée depuis le 21 novembre 2015, est due à une panne au cœur du réseau. Ce qui nécessite un investissement de 5 milliards pour y remédier. C’est ce qui justifie le recours à l’opérateur nigérian qui a marqué son accord pour son entrée dans le capital du réseau à hauteur de 90% du capital et dont les études sont en cours. Des accords d’achat d’équipements ont été signés entre le repreneur nigérian et un équipementier. Mais la nouvelle équipe de l’Arcep n’a pas daigné recevoir cet investisseur qui du reste, dispose d’un plan d’affaires. L’institution a adressé un courrier le 6 juin 2017 au promoteur, pour lui faire part de la procédure de sanction enclenchée contre Bell Bénin. Ainsi il est accordé un délai de 14 jours à l’opérateur pour apporter les observations. Mais pour Issa Salifou, les nouveaux investisseurs sont anglophones et qu’il faut traduire le courrier en vue de leur permettre de mieux en saisir le contenu. Un courrier a donc été adressé à l’Arcep dans ce sens en vue proroger le délai. Ainsi selon l’invité, les allégations selon lesquelles Bell Bénin souffrirait d’accompagnement financier, ne seraient pas fondées, car il existe bel et bien un investisseur prêt à éponger toutes les dettes du réseau et ce, en accord avec une banque nigériane implantée au Bénin.
Le gouvernement coupable
Pour Issa Salifou, les difficultés rencontrées par le réseau Bell Bénin en particulier, et le secteur de la téléphonie mobile en général, sont du fait de l’Etat Béninois. C’est ainsi que la licence signée en 2000, entre Bell Bénin et le gouvernement béninois portant sur un montant de 1,2 milliards alors que d’autres réseaux avaient obtenu un peu plus tôt la même licence à 120 millions pour une durée de 15 ans. En 2004, selon ses propos, cette licence a été réévaluée et portée de 1,2 à 5 milliards de F Cfa. En 2007, sous le régime du changement, la licence a été de nouveau remise en cause et portée de 5 milliards à 30 milliards de F Cfa. Sur instruction de son avocat, Issa Salifou a marqué son accord. Cependant, l’affaire a été portée devant la cour suprême. Le dossier est à en croire ses propos pendant devant la cour. La licence est assortie d’un avenant de taxe de fréquence de près de 2 milliards de F cfa par an. Ce qui a émoussé les ardeurs du promoteur qui a finalement décidé en 2007 de procéder à l’ouverture du capital du réseau comme les autres réseaux de téléphonie implantés au Bénin. L’opérateur français orange s’est donc manifesté à cet effet. Après un an de négociations, 67% du capital ont été cédés à Orange. Mais lors de l’encaissement, le gouvernement s’est opposé à l’opération sous le prétexte que l’acquisition du capital de Bénin télécom et de Bell Bénin, ne se fera que par le même opérateur. Même scénario avec Maroc Télécom qui était pourtant prêt à investir pour moderniser le réseau. Issa Salifou dénonce par ailleurs la différence de traitement entre Bell Bénin et les autres réseaux.
Issa Salifou se dit conforté par les propos du Secrétaire exécutif de l’Arcep qui a fait savoir que « la révocation de la licence ne signifie pas la fin de Bell Bénin », pour exprimer son ouverture au dialogue, en vue de délivrer les nombreux employés du réseau de téléphonie mobile Bell Bénin qui ploient sous le coup du chômage, depuis le déclenchement de la crise. « Je ne suis pas venu insulter, je suis venu éclairer » a conclu l’invité qui renvoie la balle dans le camp des décideurs en l’occurrence le Chef de l’Etat.
Thomas AZANMASSO