La montée des eaux du fleuve Mono dans les Communes d’Athiémé et de Grand-Popo n’est pas sans conséquences sur la santé et le quotidien des populations. Ces dernières subissent de plein fouet ses impacts. Le bilan s’évalue déjà à d’importantes pertes de produits agricoles et des pertes en vies humaines. Outre ces dommages, les sinistrés souffrent au quotidien de maladies diarrhéiques en raison du manque d’eau potable.
Le débordement des eaux du fleuve Mono continue de faire des ravages dans les Communes d’Athiémé et de Grand-Popo. A Athiémé, en dehors des 26 localités qui ont été coupées du reste de la Commune, le débordement des eaux du fleuve Mono a emporté les habitations et les champs de cultures. Le constat est triste et désolant. Des clôtures et baraques de fortunes sont sous l’eau. De nombreuses maisons en terre battues se sont effondrées. Pour éviter que leurs habitations se retrouvent sous l’eau, certains propriétaires de maisons, tentent vaille que vaille avec des branchages de palmiers à huile, de renforcer les habitations contre la fureur de l’eau. Malheureusement, ces actions de protection n’émoussent guère la fureur de ces eaux qui continuent de ravager tout sur leurs passages. Des champs d’haricot, de maïs, de manioc et autres sont inondés. Outre ces dégâts, les populations font face à la famine et autres maladies hydriques. En effet, la situation devient de plus en plus critique à Athiémé, car certaines populations n’ont plus de vivres et les méthodes d’hygiènes ne sont plus observées. Pour le président de l’organe consultatif de la jeunesse de la Commune, Bertrand Acclombessi, les risques de famine sont très grands. Selon lui, la perte des semences et la dévastation des champs de cultures, n’augurent guère d’une suffisance alimentaire dans la Commune. Conséquences, des milliers de personnes seront frappées de manque de vivres et d’eau potable. « La famine est imminente. Toutes nos voies sont coupées, c’est déplorable », déclare-t-il. Pour Cyrille Adankanhoundé, chef service développement local et planification de la mairie d’Athiémé, la sortie du fleuve Mono de son lit a atteint 4 arrondissements sur les 5 que compte la Commune.
Des chiffres alarmants
A en croire Cyrille Adankanhoundé, chef service développement local et planification de la mairie d’Athiémé, le bilan présenté par la croix rouge locale, annonce 19.073 personnes et 4352 ménages affectés par le sinistre. Les habitations de 329 femmes en état de grossesse et 3716 enfants de moins de cinq ans sont sous l’eau. Une situation qui risque d’aggraver les déplacements massifs des populations vers le centre ville. On note déjà deux cas de décès par noyade dans les villages d’Assèdji et Anatohoué. De sources bien informé, 4352 producteurs dont 1921 femmes ont vu leurs diverses cultures détruites par les eaux. Il s’agit de produits vivriers tels que le maïs, le niébé, le manioc, le crincrin, le riz. Les maraîchers et producteurs de cultures de rente (palmier à huile) et de coton répartis sur une superficie totale de 754,2 ha ont également subi les affres de cette inondation. Le fleuve Mono a également emporté un nombre de volailles évalué à 500 environ et près d’une centaine de ruminants. Pour Mathieu Dansou, responsable du Centre de promotion sociale d’Athiémé, 116 personnes handicapées et 219 personnes de 3ème âge mènent une vie difficile parce que le fleuve Mono a envahi leurs maisons et endommagé tout ce qui est à leur portée. « 13 habitations se sont écroulées et 35 partiellement endommagées laissant les populations dans la détresse et sous le froid avec tous ses corolaires de maladies hydriques, infantiles », va-t-il conclure. Les secteurs éducatif, sanitaire sont touchés de plein fouet où plusieurs écoles maternelles, primaires et centres de santé ont été engloutis sous les eaux en furie du fleuve Mono. En dehors de ces impacts de la montée des eaux, plusieurs localités ne disposent ni de latrines, ni d’adduction d’eau villageoise à cause de ce drame. Conséquences, les populations défèquent à l’air libre.
Le cas de Grand-Popo et l’indifférence du Pouvoir central
Dans la même veine, la Commune de Grand-Popo subit de plein fouet les affres de cette catastrophe naturelle. Certaines populations se sentent obligées d’abandonner leurs ménages pour se mettre à l’abri des risques dus à ce drame. Selon le rapport des autorités de cette Commune, la montée des eaux a causé plusieurs pertes en vies humaines, des dégâts matériels et de nombreuses voies d’accès impraticables.
Malgré les cris de détresse des populations et l’appel à l’aide des autorités communales, l’intervention du Pouvoir central se fait toujours attendre. Les populations quant à elles continuent d’implorer la générosité des personnes de bonne volonté et le secours des autorités nationales, pour une issue heureuse à cette crise. Sensibles aux peines de ses administrés, Anani Hlondji, maire de la Commune de Grand-Popo, a organisé une tournée dans les localités sinistrées. Il a saisi l’occasion pour plaider pour un programme d’assistance en vue de soulager les victimes. « Il faut qu’il y a ait un programme qui vise une action sociale en faveur des populations », a-t-il souhaité.
Claude Ahovè
(Br Mono-Couffo)