(Beaucoup de grognes dans le rang des comédiens)
L’artiste comédienne béninoise Marceline Aboh n’est plus de ce monde depuis dimanche 20 août dernier. Elle a déposé le tablier de la vie des suites d’une crise cardiaquedans sa 77ème année. Les cérémonies d’inhumation et de derniers hommages sont prévues pour se dérouler le 23 septembre 2017 dans la ville capitale, Porto Novo. Mais en attendant les manifestations, les alter-egos de l’artiste sont à pied d’œuvre pour une cérémonie digne du nom. Puisque c’est une force du théâtre et du cinéma béninois qui est tombée, un clip est en cours de réalisation à son intention pour la célébrer. La version Audio est déjà disponible et passera bientôt en boucle sur les stations de radio. Aussi, une grande nuit de spectacle et de manifestations diverses sera-t-elle dédiée au génie où comédiens, chanteurs, danseurs et autres catégorie de créateurs d’œuvres d’esprit rivaliseront d’ardeur pour rendre un ultime hommage à l’icône. Ce sera le 22 septembre prochain. Mais avant, son corps sera exposé au stade municipal de Porto Novo dans la matinée de ce même jour pour un dernier recueillement autour de la dépouille avant son convoyage à la dernière demeure le 23 septembre. Tout ceci se prépare pour le moment sans aucune aide extérieure, en tout cas, pas du gouvernement. Selon les pairs de la star de la comédie populaire regrettée, une apathie s’observe du côté du gouvernement : « nous assistons à une désolante tiédeur dans le rang du pouvoir central », ont-ils déploré. Néanmoins, avec ou sans le gouvernement, les artistes se sont véritablement engagés pour honorer comme cela se doit l’illustre disparue.
En guise de témoignage,ils en parlent…
Pierre Zinko alias ‘’Eléphant Mouillé’’ (Artiste comédien)
« Marceline est une véritable mère qui sait reconnaître la valeur des autres. Quand j’ai appris la nouvelle de son décès je n’y ai pas cru tout de suite. Elle est généreuse, gentille et sincère. Ce que j’adore le plus en elle, c’est qu’elle déteste là où il y a le flou. Elle se respecte et n’aime pas le mensonge. Elle et moi avons réalisé ensemble pleins de spots publicitaires. Je n’ai pas eu cette chance de jouer avec elle dans de grands films. Mais nous avons fait des téléfilms et même le Ramu aussi. Celle que j’ai connu, ce n’est pas parce qu’elle n’est plus ici qu’on parle d’elle en bien, elle est tout simplement adorable. Ce que je dirai pour finir est que je déplore vraiment l’attitude que notre ministère adopte actuellement vis-à-vis de cette situation. Je ne sais pas si en sourdine des dispositions sont en train d’être prises, mais jusqu’à l’heure où je vous parle c’est un silence froid et déconcertant qu’on essuie. Et ce n’est pas seulement le cas de Marceline Aboh qui est décrié, il en est de même pour les autres artistes décédés ces derniers jours».
Adadji Alexis Coffi alias ‘’Tonton J’’ (Artiste comédien)
« Marceline Aboh a le sens de l’humanisme. Elle est d’une générosité extrême. Celle que j’ai connu n’est pas sélective, au contraire je la connais conviviale et rassembleur. Pour la bonne marche de vos activités, c’est celle-là qui est capable de t’injurier tout de suite et en même temps te rapprocher d’elle puis te caresser dans le sens du poil. Elle est sans complexe et simple de cœur. Son départ est un choc. Et nous, nous sommes engagés, pour que ce qu’elle a commencé ne s’efface pas de sitôt des mémoires, même sa progéniture. Parce qu’elle a une fille, Delphine, que tout le monde connait. C’est elle qui, pour le moment, se positionne pour poursuivre ses œuvres. Elle est très respectueuse. Et donc nous allons lui servir de levier.Nous n’allons pas forcément attendre l’aide d’un gouvernement. Depuis bientôt deux ans que le nouveau régime a pris place nous ne faisons que grincer les dents. Et il me semble que nous, artistes, nous sommes devenus aujourd’hui abjects aux yeux de nos gouvernants et ils ne nous calculent plus »
Serge Dieudonné Yéou alias ‘’Monsieur le Président’’ (Artiste comédien réalisateur)
« Nous sommes ses jeunes frères, à la limite ses enfants. C’est cette dame qui draine une foule immense lors de ses spectacles. Debout, elle est un vecteur de communication et de message éducatifs. C’est une dame qui se rend disponible et serviable surtout quand elle est convaincu de ce qu’elle fait. Qu’elle soit stressée ou anxieuse, elle parvient toujours à vous arracher un sourire. Aujourd’hui nous pleurons son départ et nous en sommes très touchés et abattus. L’honorer, je sais que nous n’avons pas pu le faire de son vivant. Mais à titre posthume je pense que nous allons faire ce qui est de notre pouvoir pour que son âme soit contente.Cette dame n’aime pas là où il y a de la tristesse. C’est vrai que pour le moment nos autorités ne disent rien et nous ne sentons même rien venir, mais n’empêche il y aura un hommage quand même »
Symphorien Zanclan alias ‘’Pidi Symph’’ (Artiste musicien)
« Marceline Aboh qui est la fille d’Akinocho est une dame particulière. Elle et moi devrions faire un travail mais on n’a pas pu avant que la mort ne vienne la faucher. J’ai projeté chanter son nom et l’honorer à travers un morceau. Ce qui n’a pas été possible. Mais tout est grâce. C’est regrettable »
Roger Aïtchéou (Artiste comédien)
« Marceline Aboh c’est ma doyenne dans le corps. Au moment où nous, on abandonnait les bancs, ce sont ceux qui nous attiraient. Un peu pour dire qu’elle était une idole. Pour cela je suis venu lui rendre un hommage digne de son rang. J’ai joué dans plusieurs de ses productions. Elle est juste une bibliothèque qui a brulé »
Patinvoh Dominique alias ‘’Dangbé ou Oncle’’ (Artiste comédien)
« Si on avait la possibilité de garder certaines personnes en vie, je pense que Marceline Aboh fait partie de ceux qu’on doit garder en premier. Mais hélas, la mort est l’épreuve inévitable commune à tous les humains. Ce qui est préoccupant dans cette histoire est que nos dirigeants se comportent comme si s’ils n’ont plus envie d’entendre parler de la culture dans le pays. On ne sent rien venir. J’ai même été étonné lorsqu’on m’a annoncé que le ministre était chez la défunte.Parce que vraiment nous sommes dépassés par leur mutisme »
Réalisation : Teddy GANDIGBE