Sacca Lafia a été on ne peut plus alarmiste. Par un communiqué en date du 11 septembre, le ministre de l’Intérieur donne l’alerte sur les risques d’inondations auxquels sont exposées les populations vivant à proximité des cours d’eau. En effet, « la montée des eaux dans les bassins des fleuves qui traversent le Bénin a occasionné des inondations dans les communes de Karimama, Malanville, Athiémé, Grand-Popo, Lokossa, Zogbodomey, Zangnanado et Bonou ». Compte tenu de l’ampleur du sinistre, l’alerte est à son niveau le plus élevé dans certaines communes. Se désolant du fait que les autorités préfectorales et communales de ces ressorts territoriaux n’aient pas pris la mesure de la situation, le ministre invite les populations à observer certaines mesures de prudence et de sécurité.
Il est de notoriété publique que les inondations cycliques qui empoisonnent la vie aux Cotonois ne sont pas seulement liées aux fortes pluies. Depuis des lustres, la métropole est le point de chute des eaux qui traversent tout le pays pour se jeter dans la mer. Si plusieurs localités du Nord, du Centre et du Sud du pays sont sous l’emprise des eaux au point où le ministre de l’Intérieur s’est senti obligé d’alerter l’opinion, on peut s’attendre au pire à Cotonou dans les prochaines semaines. Lorsque les eaux auront fini leur périple dans le pays et se déverseront sur Cotonou, les inondations seront à nouveau d’actualité. Déjà que la petite saison des pluies donne des cauchemars aux populations, qu’en sera-t-il, lorsque les cours d’eau de la métropole seront débordés ?
Pendant ce temps, à Cotonou, les autorités préfectorales et municipales vaquent à leurs occupations comme si de rien n’était. Elles attendront le pire avant de réagir. Pour une fois que le préfet et le maire parlent d’une même voix, on devrait s’attendre en principe à des actions fermes dont l’objectif serait de réduire au maximum les affres des inondations. La politique menée par l’ex-maire, révoqué du jour au lendemain, dans le cadre de la gestion des inondations, a été sujette à des critiques aussi bien de la part du gouvernement que de l’autorité préfectorale. Maintenant que la municipalité a changé de main avec le précieux concours du préfet et de l’Exécutif, les populations sont en droit de s’attendre à mieux. Dans les prochains jours, les semaines à venir, Cotonou sera à nouveau sous les eaux. Peut-être même que ce sera pire que par le passé.
Isidore Gnonlonfoun, bien que maire intérimaire, ne peut rester les bras croisés face à ce sinistre imminent. Que fait-il pour adoucir les peines des populations ? De quels appuis bénéficie-t-il de la part du gouvernement dont il est désormais un allié ? Veut-il seulement faire de la figuration jusqu’à l’élection du prochain maire ? Ambitionne-t-il de marquer son passage, aussi court soit-il à la tête de la municipalité de Cotonou ? Ce serait franchement une démission de la part des autorités municipales, préfectorales et gouvernementales si, en dépit de l’alerte donnée par le ministre de l’Intérieur, des dispositions ne sont pas prises à Cotonou pour freiner un tant soit peu l’élan des eaux. Sur le terrain, lorsque viendra le moment, les populations qui ont toujours le dernier mot aviseront. Pourvu qu’elles ne soient pas livrées à elles-mêmes.
Moïse DOSSOUMOU