Le ministre des Infrastructures et des transports a été relevé de ses fonctions. Hervé Hêhomey est devenu un citoyen ordinaire depuis hier. Désormais, il pourrait être traité comme un vil individu s’il mettait son pied sur l’un des nombreux chantiers qu’il a lui-même lancés.
Hervé Hêhomey a été viré du gouvernement. Il est le premier ministre limogé sous le régime de la Rupture. C’est hier lundi 18 septembre 2017 que Patrice Talon a choisi pour se séparer de ce proche collaborateur. Le natif de Covè n’aura pas totalisé deux ans au gouvernement. Il redevient un citoyen lambda. Beaucoup se rappellent de la phrase tristement célèbre qu’il a adressée au prédécesseur de Patrice Talon à propos de l’aéroport de Tourou. Mettant en gardant l’ancien président Yayi Boni qui aurait effectué une visite sur le chantier dudit aéroport, Hervé Hêhomey avait aux premières heures du régime de la Rupture déclaré : « Si jamais Boni Yayi remet encore les pieds ici (Tourou, Ndlr), nous allons le traiter comme un vil individu». Une déclaration maladroite voire irrévérencieuse que certains citoyens avaient déplorée. Mais la justice naturelle étant infaillible, l’ancien ministre des Transports perd désormais tous ses privilèges. Il ne pourra même plus investir comme il l’a fait jusque-là, les grands chantiers qu’il a lancés. Il pourrait lui aussi subir la sanction qu’on aurait infligée à un vil individu. Comme quoi, il faut toujours cultiver l’humilité. En effet, personne n’aurait cru que cet Ingénieur des Travaux publics, ancien cadre de Bénin control Sa perdrait très tôt la confiance de Patrice Talon. Il faisait partie du proche entourage du locataire de la Marina. Ses liens personnels avec le Chef de l’Etat l’ont joué certainement un mauvais tour. Hervé Hêhomey n’était même pas un ministre d’Etat. Mais il agissait comme un super ministre. Identifié comme un collaborateur zélé, il était l’un des faucons du régime de la Rupture.
De nombreux chantiers lancés, mais…
Le décret constatant la démission du ministre Hervé Hèhomey n’a pas donné les raisons de la sanction. Mais certaines sources soulignent qu’il y a encore à redire sur le bilan du ministère des Transports depuis avril 2016. Les actions pourtant surmédiatisées du ministre Hêhomey peinent visiblement à convaincre. Plusieurs chantiers connaissent de retard. On peut citer entre autres le chantier de construction du nouvel aéroport de Glo-Djigbé et celui de réhabilitation et d’aménagement de la route Porto-Novo/Apkro-Missérété octroyé à l’entreprise Ofmas international. Ce dernier chantier, selon nos sources, auraient de grandes difficultés. Lancé depuis le 25 juillet 2017 pour un délai contractuel de 30 mois, le chantier n’avait encore connu aucune avancée à la date du 15 septembre 2017. Un retard très critiqué au sein de l’opinion et certainement désapprouvé par le président Talon. D’autres sources confient que l’ancien ministre des Transports aurait révélé un secret sur le même dossier. A les en croire, Patrice Talon aurait piqué une colère quand son ami a laissé entendre qu’Ofmas international a perçu une avance de plusieurs milliards de F Cfa auprès de l’Etat pour réaliser les travaux alors que le contrat stipulerait que le cocontractant de l’Etat devrait disposer de propres ressources financières. Nos sources informent que ce critère aurait même éliminé une entreprise sud-africaine concurrente.
Hêhomey dégonflé…
Sans doute, Hervé Hêhomey était-il le ministre ayant le plus médiatisé ses actions. Devenu politicien après sa nomination, il avait même créé un mouvement politique : le Rassemblement pour un nouvel élan de développement (Raned). Il n’y avait pas de week-end où l’ancien ministre des Transports n’était pas sur le terrain. A travers séances de travaux dirigés ou encore tournoi de football au profit des jeunes, il était réellement présent dans la 24ème circonscription électorale. Il était devenu fréquent sur le terrain au point que certains canards ont fait de lui depuis Cotonou le nouveau leader de la région Agonlin. Proche du président Talon et ministre des Transports, Hervé Hêhomey avait de nombreux atouts pour croire en ses rêves. Il croyait bousculer la géopolitique locale et prendre sa place. Selon certains observateurs, son entrée sur la scène politique locale n’était pas appréciée par certains concurrents se réclamant également de la Rupture. Une guerre de leadership était donc latente. Certaines mauvaises langues laissent croire que les adversaires de l’ancien ministre des Transports ont bien pu lui créer des ennuis au sein l’équipe de la Rupture. Mais ce ne sont que des supputations pour le moment. Ce qui par contre semble vérifié actuellement, c’est qu’Hervé Hêhomey est dégonflé. En le relevant de ses fonctions, Patrice Talon le démotive et l’amène à réduire sensiblement son engagement pour la Rupture. N’ayant pas de véritable base politique, il pourrait bien reprendre la direction de son cabinet, Aid Consultants.
Mike MAHOUNA