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Interview avec Dr Stéphane Hountovo, Gynécologue-Obstétricien au sujet des règles douloureuses : « La gestion de cette période douloureuse nécessite un repos allongé et quelques médicaments »
Publié le mercredi 20 septembre 2017  |  Fraternité
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La dysménorrhée ou règles douloureuses est une douleur qui précède, accompagne ou suit la menstruation 30 à 50% des femmes souffrent de cette affection génitale. A travers cette interview, Dr Stéphane Hountovo, Gynécologue-Obstétricien à l’Hôpital de Mènontin explique de manière approfondie la dysménorrhée.
Que peut-on comprendre par dysménorrhée ?
On entend par dysménorrhée ou règles douloureuses, des douleurs périodiques voire cycliques qui surviennent à chaque menstrues. Ce sont des douleurs qui débutent avec les règles et parfois durent jusqu’à la fin.

Quelles en sont les causes ?
Il faut distinguer d’abord deux entités. On a les dysménorrhées primaires qui s’observent dès que la femme entame ses premières règles. Pour la seconde entité qu’on appelle Dysménorrhées Secondaires, c’est que, après plusieurs menstruations normales sans douleurs, les douleurs apparaissent secondairement. Il s’agit des règles douloureuses chez certaines femmes, alors qu’initialement, ces règles étaient sans douleurs. En effet, le premier groupe ,c’est-à dire celui des dysménorrhées primaires, c’est souvent une contraction excessive du muscle utérin. Pour que ces règles s’écoulent, il faut que les muscles se contractent, mais chez certaines femmes, la contraction est plus forte. Il peut s’agir aussi, d’un orifice vaginal trop petit, parfois des malformations, où le sang n’arrive pas à circuler de l’utérus à travers le vagin. Dans le cas des dysménorrhées secondaires, c’est souvent une maladie organique, généralement un accolement de l’intérieur de l’utérus que nous appelons Synéchie utérine qui peut subvenir après un accouchement normal ou après plusieurs curetages. En dehors des synéchies, il y a la deuxième catégorie qui représente l’endométriose qui est l’existence anormale d’un tissu ayant les caractéristiques de l’utérus dans l’utérus, alors que normalement sa place n’est pas là. Ça peut être une cause majeure de dysménorrhées.

Quelles sont les différentes manifestations des règles douloureuses ?
La manifestation principale, c’est la douleur. Et il faut dire que ces douleurs varient d’une personne à une autre. Ces douleurs sont généralement des contractions que la femme commence par sentir à la veille de ses menstrues ou parfois au début de l’écoulement sanguin. En dehors de la douleur qui peut être une simple pesanteur, il peut s’agir de douleurs intenses empêchant la femme si elle est étudiante ou élève d’être au cours et d’avoir de bons rendements. En dehors de la douleur, on peut remarquer des cas de nausées, de vomissements voire même de diarrhées dans certains cas où la douleur est intense et ça aboutit à des troubles digestifs.

Qu’est-ce qui justifie l’atrocité des douleurs chez certaines femmes ?
Avant tout, la douleur est liée à la personne. Certaines personnes ont des douleurs relativement intenses. Mais la maladie en elle-même est douloureuse. Cette douleur évolue en intensité décroissante. C’est-à dire elle est intense au début, mais vers la fin elle diminue. Ces douleurs peuvent être insupportables chez certaines personnes surtout si l’environnement s’y prête. Toutefois que le médecin pose le diagnostic de dysménorrhée, il lui revient de voir s’il n’y a pas d’autres phénomènes liés à cela.

Les douleurs peuvent-elles provoquer l’infertilité voire la stérilité ?
La dysménorrhée n’est pas une cause d’infertilité voire de stérilité.. Mais lorsque c’est une maladie organique qui est à l’origine de la dysménorrhée, il faudra l’identifier et la traiter, sinon la femme peut ne pas produire non pas à cause de la dysménorrhée, mais à cause de cette maladie qui crée la dysménorrhée. Comme exemple typique, nous avons l’endométriose. Les femmes qui souffrent d’endométriose font une dysménorrhée, mais le traitement dans ce cas est le traitement de l’endométriose, or l’endométriose est une cause d’infertilité et de stérilité chez ¼ des femmes.

Quelles sont les attitudes alimentaires que doivent adopter les femmes qui souffrent de dysménorrhées ?
On recommande généralement des mesures hygiéno-diététiques. Ces mesures commencent d’abord par une boisson abondante parce que, lorsque la femme est bien hydratée, çà favorise le flux sanguin dans les vaisseaux des aliments digestes, beaucoup de fruits, beaucoup de légumes pour éviter d’autres problèmes de constipation qui pourront aggraver la douleur. Surtout qu’il y a déjà des troubles digestifs qui accompagnent. L’autre élément qui n’est pas une alimentation, c’est surtout le repos. Le repos allongé et calme avec quelques médicaments participent à la gestion de cette période douloureuse. Mais il faut toujours consulter un médecin ou un gynécologue, surtout pour les traitements de fond afin de mieux gérer la douleur.

La dysménorrhée est-elle héréditaire ?
Oui, parfois ! Parce que les recherches ont montré qu’il y a des facteurs vrais sur certaines femmes. Mais il est difficile de mettre l’accent sur l’hérédité, car certaines femmes en souffrent et leurs progénitures n’en souffrent point.

La dysménorrhée est-elle contagieuse ?
Non pas du tout. Ce n’est pas une maladie contagieuse. Si votre voisine, votre camarade d’amphi ou de classe souffre d’une dysménorrhée, cela n’a rien à voir avec vous. Si vous n’en n’avez pas, vous ne l’aurez jamais. Même si vous êtes en contact, vous mangez ensemble. Ce n’est pas une maladie contagieuse.

Comment sont traitées les dysménorrhées ?
Le traitement est d’abord un traitement de la douleur. Ce traitement est aussi psychologique pour faire comprendre à la femme ce que la dysménorrhée et comment faire pour que les manifestations n’handicapent pas sa vie. Les médicaments anti douleur utilisés sont de plusieurs classes. Les anti-inflammatoires, ibuprofène, diclofénac, que çà soit sous la forme de comprimés sécables, suppositoires ou injectables. Le paracétamol aussi est un antidouleur qu’on peut acheter comme tous les autres en pharmacie, sans prescription. Mais il y a un traitement de fond qu’il faut utiliser et qui fait appel aux progestatifs. Et si malgré ça, les douleurs persistent, il y a des antalgiques plus élevés qu’il faut utiliser. En dehors de ce traitement médical, si une cause organique est détectée, il faut la traiter pour que la douleur ne revienne plus.

Les dysménorrhées durent combien de temps habituellement ?
Les dysménorrhées, si c’est primaire, ça dure généralement jusqu’au premier accouchement. Parce que, par exemple la femme qui souffre de dysménorrhée a un obstacle cervical, c’est-à dire son utérus n’est pas bien élargie pour permettre l’évacuation. Après une première grossesse, beaucoup de femmes n’ont plus de dysménorrhées primaires. C’est en ça qu’on dit que la grossesse fait partie du traitement. Mais d’autres personnes, après l’accouchement, ont encore les dysménorrhées, surtout celles qui sont habituées aux curetages, aux avortements ce qui pourrait créer des lésions. Si la dysménorrhée commence secondairement, et que la cause n’est pas traitée, ça va durer.

Quelques conseils à l’endroit de celles qui en souffrent
Il ne faut pas jouer avec les affections génitales. Quand les règles douloureuses surviennent, il faut prendre contact avec un gynécologue, pour qu’il puisse diagnostiquer et écarter ce qui n’est pas un problème de l’utérus, et savoir les précautions à prendre afin d’éviter le stress par rapport à cette situation. Surtout, l’hydratation doit être respectée. C’est une méthode simple pour alléger les douleurs et faciliter le flux sanguin dans les vaisseaux.
Propos recueillis par : Marina HOUNNOU (Stag)
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