La nouvelle est encore fraîche. Pour une surprise, c’en est une. Hervé Hehomey a été débarqué du gouvernement. En tournée dans la partie septentrionale du pays, il a perdu la confiance placée en lui par le chef de l’Etat. En lieu et place d’un remaniement, c’est le plat fumant du limogeage d’un ministre que Patrice Talon a servi à l’opinion. Le désormais ex ministre des infrastructures et des transports était pourtant considéré comme un des hommes de main du chef de l’Etat. Le simple fait qu’il ait été nommé à ce poste stratégique est un signe évident de sa proximité avec le président de la République. Voilà que après 17 mois passés à la tête de ce département ministériel, il a été déchargé de ses fonctions aussi facilement qu’il a été nommé. Et ce n’est pas la première fois qu’un ministre est remercié sans que des signes avant-coureurs lui mettent la puce à l’oreille.
Le sort d’un ministre dépend du bon vouloir du chef de l’Etat. Au cours de sa présidence, Boni Yayi s’est séparé de certains de ses collaborateurs, presque sur un coup de tête. Colette Houéto n’est restée au gouvernement que pendant quelques petits mois. Alexandre Kpèdétin Dossou n’est pas resté bien longtemps après elle. Idem pour Kessilé Tchalla qui pensait avoir le temps nécessaire pour démontrer son savoir-faire. Aussi puissants, incontournables et imperturbables qu’ils paraissent, les ministres et autres personnalités nommées à des postes-clés au sein de l’appareil d’Etat sont tous assis sur des sièges éjectables. C’est lorsqu’il s’y attende le moins qu’ils sont appelés à quitter le devant de la scène. N’eût été le zèle et l’activisme politique dont a fait montre le ministre Hervé Hehomey, son limogeage ne retiendrait pas autant l’attention.
Originaire de Covè, une localité de la région Agonlin, l’ex ministre des infrastructures et des transports a très vite affiché ses ambitions politiques. Tout comme certains de ses anciens collègues membres du gouvernement, il caresse le rêve de siéger à l’Assemblée nationale pour le compte de la 8ème législature. Ses descentes répétées dans la 24ème circonscription électorale qui regroupe les communes de Covè, Zangnanado, Ouinhi, Zogbodomè et Zakpota témoignent de sa volonté de bousculer les habitudes électorales à son compte. Son collègue Lazare Sèhouéto, qui a perdu son siège au terme des législatives de 2015, ne devait pas voir d’un bon œil cet activisme. Le ministre du commerce, de l’industrie et de l’artisanat compte bien se retrouver sous peu dans sa peau de parlementaire. L’éviction de Hervé Hehomey lui facilite quelque peu la tâche dans la guerre des positionnements.
Janvier Yahouédéou et Aké Natondé, tous deux députés et originaires de Covè tout comme le ministre limogé devront pousser un ouf de soulagement. Cela fait un adversaire de moins à affronter. Le même état d’âme se ressent du côté de Boniface Yèhouétomè qui donnerait tout pour se faire réélire député. Bien que discret, Gustave Sonon, élu en 2015 et qui s’est désisté en faveur de son suppléant pourrait être tenté de retourner au front. Tous leaders de la région Agonlin, ils feront feu de tout bois pour arracher un siège sur les quatre en jeu. Le départ du gouvernement de Hervé Hehomey devrait en principe calmer ses ardeurs politiques. A moins d’un rebondissement, le Rassemblement pour un nouvel élan de développement (Raned), mouvement politique qu’il a mis sur pied dans la perspective des législatives, ne lui servira plus à grand-chose. Le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Moïse DOSSOUMOU