a politique de délocalisation des ministères et sociétés d’Etat se mène avec une lenteur incompréhensible, un rythme déconcertant quand l’on se rend à l’évidence que véritablement, la gestion des préoccupations les plus minimalistes des Béninois échappe aux décideurs politiques. Le phénomène des embouteillages est devenu récurrent sur le tronçon Cotonou-Abomey-Calavi, deux communes voisines des départements de l’Atlantique et du Littoral qui se talonnent en termes de populations. La première est réputée comme centre névralgique des affaires, la seconde, quant à elle, sert d’arrière-cour, de cité dortoir pour la plupart des acteurs intervenant dans la première. Mais aucune politique publique n’est mise en œuvre pour régler durablement le problème des embouteillages malgré les plaintes quotidiennes des usagers de la route. Les diverses tentatives de délocalisation des ministères et sociétés d’Etat qui absorbent la plupart des fonctionnaires ont bien souvent échoué. Si feu Gl Mathieu Kérékou a vaille que vaille réussi à expédier le ministère des enseignements maternel et primaire à Porto-Novo, le président Patrice Talon, celui de la justice à la capitale administrative, ces deux actions ne sont qu’un verre d’eau dans un océan. On peut mieux faire, si la volonté politique est plus affichée. D’ailleurs, les Béninois avaient applaudi cette décision de l’homme du Nouveau départ de délocaliser le ministère de la justice à Porto-Novo, qui abritait déjà la Cour suprême. Certains avaient espéré voir le chef de l’Etat continuer dans cette dynamique afin de désengorger la capitale économique. Pourquoi pas le ministère de la culture à Ouidah ? Les communes d’Abomey-Calavi ou de Sèmè-Podji peuvent aussi servir à décongestionner Cotonou, où il n’y a qu’au plus 4 feux tricolores fonctionnels. La ville s’étouffe. La régulation de la circulation devient un casse-tête pour les forces de sécurité publique. La solution est cependant à portée de main. Patrice Talon a déjà relevé des défis plus grands, notamment en matière de déconcentration avec la nomination des 12 préfets de départements. La délocalisation des ministères tout au moins dans les périphéries de Cotonou rendrait la circulation fluide et la tâche plus aisée aux agents de sécurité.
Les racines du mal sont connues
Miser sur la construction des infrastructures pour régler de façon définitive la question de la densité du trafic sur l’axe Cotonou-Abomey-Calavi sera du leurre, car le boom démographique restera un handicap majeur. Déjà, il faut observer une insuffisance des policiers déployés pour réguler la circulation sur le tronçon, l’incompétence notoire des gendarmes en cette matière à certains carrefours à Calavi (carrefour Houédonou-Togoudo-Itta…). Ça saute d’ailleurs à l’œil que ces agents de la gendarmerie n’ont aucune notion de la police urbaine et le projet de la fusion pour constituer la Police Républicaine doit prendre en compte ces paramètres.
La peine des unités de police et de gendarmerie à contenir la masse du trafic est aggravée par les actes d’incivisme des usagers de la route. L’un dans l’autre, la seule alternative qui s’offre aux pouvoirs publics, c’est la voie de la délocalisation des ministères. Les villes de Ouidah, d’Abomey-Calavi, de Sèmè-Podji et d’Allada sont candidates.
Arnaud DOUMANHOUN