Révélations sur le sauvetage de la première banque d'affaires au Bénin*
Comme l’indique le compte-rendu du dernier conseil des ministres en date, l'État du Bénin a décidé de prendre les actions dans la Banque africaine pour l’industrie et le commerce (BAIC). Ceux qui connaissent la réalité de la situation ont tout de suite compris que cette décision traduit la volonté de l’Etat de racheter cette banque. Ce que l’on connaît moins, ce sont les événements de coulisse qui ont conduit à cette décision. Révélation sur cette opération de sauvetage…
Stabilité politique, bonne situation géographique, climat des affaires… Sur la base de ces critères, quand les actionnaires (Asiatiques, Européens et Africains) choisissent le Bénin pour en faire le siège de la Banque africaine d’industrie et le commerce, fin 2015, ils ne cachent pas leurs ambitions : en faire la première banque d’affaires et étendre son monopole sur toute la sous-région. Aujourd’hui, pratiquement trois ans jour pour jour après le démarrage de ses activités, le gouvernement du Nouveau départ s’est pratiquement vu contraint de déployer les gilets de sauvetage pour aller au secours de la banque au bord du naufrage. Une situation alarmante qui s’explique, non pas par les performances de la banque (bien au contraire, puisque les résultats au 31 décembre 2016 indiquaient un fort potentiel), mais du fait d’un management particulièrement handicapant.
*Le problème ? Les administrateurs, et partant, le conseil d’administration.*
L’Assemblée Générale mixte des actionnaires, qui a eu lieu à Paris le 02 juin dernier, a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, puisqu'elle a, entre autres, porté au grand jour une fuite de responsabilité qui ne dit pas son nom. Nos investigations sont venues confirmer le fait, à savoir que les administrateurs ne sont pas disponibles comme il l’eût fallu pour travailler au développement de la banque d’affaires. « Les Administrateurs sont dans des zones géographiques différentes, lointaines et leurs agendas ne facilitent pas les réunions de conseils d'Administration », nous confirme une source bien introduite. En clair, la structure chargée de gouverner la banque et donner les grandes orientations, cette structure est pratiquement inopérationnelle. S’ajoute à cela un partenaire technique qui a choisi de s’inscrire lui aussi aux abonnés absents. De sorte que la banque, depuis sa mise en service, est restée orpheline de l’appui dudit partenaire technique.
C’est donc pratiquement en désespoir de cause que les actionnaires, eux-mêmes, ont décidé en Assemblée générale du 02 juin dernier à Paris, de lancer un S.O.S pour sauver la banque. Un appel au secours prioritairement adressé à l’Etat Béninois, lequel a décidé, en conseil des ministres du 27 septembre dernier, de répondre favorablement à l’appel. Pour sauver les emplois, sauver la banque, et mieux exploiter son indéniable potentiel. Nous y reviendrons…
*Colince Yann*,