La nomination aux grades de généraux de quatre officiers supérieurs de la Police nationale, suscite déjà des critiques. Des voix s'élèvent pour dénoncer une certaine injustice dans cette nouvelle décision du chef de l'Etat qui dit-on, n'a pas vocation à renforcer la chaine du commandement de nos forces armées.
Le chef de l'Etat a présidé le lundi 25 février 2013 au palais de la Marina, la cérémonie de port de galons aux nouveaux généraux de la police béninoise. Francis Awagbè Béhanzin en charge de la Coopération technique sécuritaire, Osseni Maïga Anki Dosso, directeur général de la police nationale, Célestin A. Guidimey, directeur général adjoint de la police nationale et Emmanuel Agani, en charge de l'immigration. Les nouveaux généraux ont reçu ce lundi les attributs de leur promotion. Désormais ils passent du grade de contrôleurs généraux de police à ceux d'inspecteurs généraux de police. Ceci, en application au décret pris en conseil des ministres le dimanche 24 Février 2013. Le président Boni Yayi a félicité les forces de défense et de sécurité du pays à travers les officiers supérieurs promus à la police. Il a invité le haut commandement militaire à travailler sans cesse pour relever le défi sécuritaire et dans l'intérêt supérieur de la nation.
Un " intègre " délaissé
La nomination de généraux est en effet venue corroborer les rumeurs qui faisaient déjà état de ce que le Chef de l'Etat projetterait la nomination d'autres généraux au sein de la Police nationale. L'intention est de bien faire en élargissant le cercle des généraux de l'armée béninoise en général à d'autres, les plus méritants, afin de goûter aux privilèges liés à ce grade.
Mais ce faisant, le chef de l'Etat Boni Yayi vient de créer une autre difficulté au sein des forces républicaines de sécurité. Les promus qui viennent renforcer le nombre de généraux dont dispose la police nationale, ne font pas l'unanimité au sein même des fonctionnaires de police encore en activité.
C'est le cas du Contrôleur général de police, Alfred Sohou, directeur de la Prévention et de la protection sociale au Ministère de l'intérieur et de la sécurité publique, qui a ouvertement remis en cause la nomination de ces généraux. Il dénonce en effet, une politique de deux poids, deux mesures. Les yeux remplis de larmes, l'homme affirme qu'il remplit toutes les conditions pour être promu général plus que ceux nommés par le chef de l'Etat. "Je n'ai jamais volé. Je n'ai jamais détourné. Je ne me suis jamais mêlé à une affaire de drogue. Je ne me suis jamais retrouvé en prison pour du faux. J'ai été le major de ma promotion…. Je remplis toutes les conditions. Je ne suis pas opposant, même si je suis de la vallée de l'Ouémé. J'ai trop risqué ma vie dans l'exercice de mes fonctions". Et il ajoute "je suis le modèle du fonctionnaire de police intègre ". Au-delà d'une autosatisfaction, Alfred Sohou est tellement sûr de lui qu'il avance que Boni Yayi a été induit en erreur pas son entourage. Il garde toutefois l'espoir que le tort qui lui a été fait, sera corrigé. Car, dit-il "il n'est jamais trop tard pour se rattraper".
Comme il l'a dit dans ses propos, son nom figurerait sur la liste des présélectionnés devant bénéficier de cette grâce. Mais la liste étant actualisée, il n'y figure plus. Qu'est-ce qui a pu se passer entre temps ? L'interrogation demeure. Une chose est certaine, seul le chef de l'Etat détient toutes les prérogatives de nommer qui il veut, selon les critères bien définis par les hauts gradés de l'armée béninoise, sur proposition de ces derniers. Toutefois les observateurs pensent que si effectivement le nom du contrôleur général de police Alfred Sohou a été substitué sans que Boni Yayi ne s'en rende compte, il y a de quoi s'inquiéter. En attendant l'homme se contentera de son grade actuel, à moins que le président Boni Yayi, comme il l'a souhaité d'ailleurs décide de réaliser son rêve apparemment le plus fou.