Plus aucun week-end ne passe sans une déclaration de soutien au Programme d’action du gouvernement. Les partis politiques, qu’ils soient représentatifs ou non, rivalisent d’ardeur pour faire du charme au chantre du Nouveau départ. 2019 est en ligne de mire, et il vaut mieux être avec le pouvoir pour espérer sauvegarder ses intérêts. Seulement, en absence d’un maître d’orchestre pour canaliser les ardeurs, concilier les intérêts des uns et des autres, le naufrage sera inévitable.
Tous, ils déclarent leur soutien au Pag. Pourtant, ils n’ont pas les mêmes intérêts. Certains d’entre eux se vouent une inimité voire une haine viscérale. Mais pour le moment, peu importe qu’on s’est combattu par le passé, peu importe qu’on partage la même circonscription électorale et peu importe qu’on se combatte à nouveau. L’essentiel, c’est embarquer d’abord dans le navire du Nouveau départ. Les coups bas viendront par la suite.Immanquablement, la guerre aura lieu entre soutiens de première heure et ouvriers de 25ème heure. Et c’est ce que devra s’apprêter à gérer celui-là même à qui profitent aujourd’hui tous ces soutiens.
Pour Patrice Talon, le plus dur c’est comment concilier les intérêts de tout ce beau monde sans y laisser des plumes lors des prochaines joutes électorales. Au moment opportun, le Chantre du Nouveau départ devra trouver un argument à donner à un certain Valentin Houdé pour qu’il accepte perdre du terrain dans son Zè natal au profit de son rival de toujours Barnabé Dassigli mieux loti que lui sous la Rupture. De même, comment convaincre, à Parakou, le maire Charles Toko de revoir à la baisse ses ambitions étant donné que la Rupture est aujourd’hui contrainte de composer avec Rachidi Gbadamassi. Comment faire pour que dans le septentrion, les intérêts de Sacca Lafia, d’Abdoulaye Bio Tchané convergent avec ceux du rassemblement en gestation des partis politiques et mouvements dérivés du Fard-Alafia.Comment concilier les intérêts de Adidjatou Mathys, soutien de première heure de Patrice Talon, avec ceux d’Adrien Houngbédji et de son Prd à Porto-Novo. Comment faire en sorte que sur le Plateau d’Abomey, les barons de l’Un voient d’un bon œil le positionnement avantageux d’un membre de la Rb, aile Zinzindohoué sur une liste commune. Quelle alchimie trouvée dans le Couffo pour que le Renard de Djakotomey accepte de céder un peu du terrain aux autres politiciens de sa région qui ont rejoint le mouvement ? Voilà autant d’équations que Patrice Talon devra résoudre le moment venu. Un moment qui risque de le surprendre à force de feindre l’ignorer. Car, qu’il le veuille ou non, c’est au nom des avantages que leur présence dans la mouvance pourra leur procurer que tous ces partis et mouvements politiques déclarent aujourd’hui leur soutien au Pag.
Même si la politique politicienne ne semble pas, pour le moment, préoccuper outre mesure Patrice Talon, on est certain, qu’il finira par avoir besoin des politiciens, tant qu’il voudra avoir une majorité confortable aux législatives de 2019 et tant qu’il voudra renouveler son mandat en 2021. Et c’est en voulant affronter avec succès ces échéances à venir que l’actuel locataire de la Marina se verra contraint de faire des concessions, concilier les intérêts entre les soutiens des premières heures et la grande masse d’ouvriers de 25ème heure. Et plus il aura de déclarations de soutien, plus compliquée sera la tâche à moins qu’il décide finalement de s’en tenir à sa promesse initiale, celle de ne faire qu’un seul mandat de 5ans.
B.H