Au Bénin, les personnes moins nanties n’ont plus la chance de faire les études universitaires. Et pour cause, le gouvernement a supprimé la mesure portant gratuité des inscriptions dans les universités nationales.
Les étudiants payeront désormais les frais d’inscription dans les universités publiques. La ministre de l’Enseignement supérieur a révélé l’information hier lundi au cours d’une cérémonie qui consacrait le lancement de la rentrée universitaire 2017-2018. A en croire Marie Odile Attanasso, les étudiants suivant qu’ils soient en cycle de Licence, Master ou Doctorat, devront respectivement payer 25 000 F Cfa, 50.000 F Cfa et 75.000 F Cfa comme frais d’inscription administrative à compter de cette année. La ministre a précisé que le Bénin se conformera ainsi aux normes communautaires de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Une source proche du gouvernement a soutenu que l’Uemoa avait relevé un peu les frais d’inscription à l’université pour qu’ils puissent répondre aux exigences d’un enseignement supérieur de qualité. Certes, le Bénin fait partie d’une union régionale et doit respecter les normes qu’il a lui mêmes acceptées. Mais le terrain offre une autre réalité. Au Bénin, l’environnement social laisse à désirer. Ces derniers mois, la situation sociale est devenue invivable. La paupérisation gagne en effet du terrain depuis l’élection du président Patrice Talon. Les activités commerciales ont périclité puisqu’outre la crise économique mondiale, le pouvoir de la Rupture a délibérément détruit les boutiques de milliers de personnes. Dans un contexte socioéconomique aussi difficile comme celui que traversent les Béninois, la mesure annoncée ce lundi est bien irréaliste. Les parents d’étudiants habitués à ne plus payer les frais d’inscription pour leurs enfants depuis quelques années, seront obligés de verser dans les caisses publiques au moins 25 000 F Cfa. C’est une décision antisociale qui prouve sans conteste que le gouvernement gère sans tenir compte des difficultés du peuple. Cette mesure qui montre à tout point de vue que le gouvernement ne vit pas les mêmes réalités que le peuple qu’il dirige, empêchera à coups sûrs de milliers de Béninois issues des couches défavorisées d’accéder à l’université. Plusieurs étudiants vont devoir écourter leurs études parce que Patrice Talon et ses collaborateurs l’auront voulu. L’université est presque privatisée. Et ce sera un drame si cette mesure est maintenue. Car l’Etat aurait choisi de briser les rêves de nombreux citoyens qui se battent pour sortir de la précarité grâce à la gratuité décrétée sous le régime du Changement.
Déjà un appel à la mobilisation…
Les organisations estudiantines ont aussitôt réagi à la décision prise par le gouvernement. Dans une tribune commune publiée ce lundi, la Fédération nationale des étudiants du Bénin (Fneb), l’Union nationale des étudiants du Bénin (Uneb) et l’Union nationale des scolaires et étudiants du Bénin (Unseb) ont demandé à leurs membres de «se tenir prêts afin de donner une riposte à la hauteur de la provocation». « Cette fois-ci, ont-elles écrit, ce n’est plus l’affaire des organisations estudiantines. Mais plutôt de tous les étudiants. Chaque étudiant pris individuellement est concerné et n’accepterait sous aucun vocable de réforme, soit-elle, qu’on touche à ses acquis ». C’est une mesure suffisamment sauvage qui ne saurait laisser indifférents les apprenants. Patrice Talon pourrait se mettre réellement à dos les étudiants dans les prochaines semaines.
Mike MAHOUNA