Cotonou - La justice béninoise a rejeté le pourvoi en cassation du groupe français Bolloré qui voulait récupérer la partie béninoise du projet de chemin de fer devant relier Abidjan à Cotonou, a-t-on appris auprès de l'avocat de la partie adverse.
La Cour suprême "a rejeté les moyens de Bolloré (Africa Logistics) et de l'État béninois sur le pourvoi en cassation", a expliqué à l'AFP Me Cyrille Djikui, avocat de l'homme d'affaires béninois Samuel Dossou Aworet, concurrent de Bolloré sur ce projet baptisé "Épine dorsale".
Le projet, "imaginé, conçu et mis en place" par M. Dossou, PDG du groupe Pétrolin, lui "revient" suite à la décision de la Cour suprême rendue vendredi, a relevé l'avocat.
Le groupe Bolloré, contacté par l'AFP, n'a pas immédiatement souhaité commenter cette décision.
En 2008, le Bénin et le Niger avaient lancé un appel d'offre bi-étatique pour construire et gérer la construction et la gestion d'un réseau ferroviaire reliant Cotonou et Niamey.
Il avait été remporté par Petrolin, qui prévoyait d'étendre la voie de chemin de fer à un port en eau profonde, à des ports secs à Parakou (Bénin) et Dosso (Niger) ainsi qu'à un aéroport international à Kraké, à la frontière du Bénin avec le Nigeria.
Mais en 2013, le gouvernement du président béninois de l'époque, Yayi Boni, dessaisit le groupe Petrolin du projet pour le confier au groupe Bolloré, via la société Bénirail, un partenariat privé-public.
Il s'intègre dans le projet "Épine dorsale" du groupe Bolloré Africa Logistics (BAL), une ligne de chemin de fer reliant Cotonou à Abidjan en passant par Niamey et Ouagadougou au Burkina Faso.
"Lorsque je suis arrivé au gouvernement (...) ça avait bien avancé, c'est à ce titre que j'ai un peu forcé les choses", avait confié à l'AFP Gustave Sonon, ex-ministre des Travaux publics en charge du dossier. Il avait notamment estimé que le groupe béninois n'avait pas les moyens d'exécuter un projet d'une telle ampleur.
Mais Petrolin avait contesté cette décision en justice, obtenant gain de cause en appel en novembre 2015, obligeant le groupe Bolloré et l'État béninois à porter l'affaire en cassation, devant la Cour suprême.
Celle-ci, par sa décision du 29 septembre, a conforté Petrolin dans sa position et "Bolloré doit se mettre à l'écart", a estimé l'avocat de Petrolin.
"L'État béninois ne doit plus concéder le même projet à une autre société".
str-spb/jlb