Le gouvernement vient de signer un accord avec l’une des plus grandes sociétés danoises spécialisée dans la construction de centrales à moteurs diésel à vitesse semi-rapide ou lente, et la fourniture d’énergie aux populations. Il s’agit de la Burmeister & Wain Scandinavian Contractor A/S (BWSC). A travers l’interview ci-après, l’Ambassadeur Eusèbe Agbangla, premier responsable de la coopération entre la République du Danemark et le Bénin, évoque les longues expériences de cette société dans le domaine de l’énergie tant au Danemark qu’en Afrique, de son expertise à relancer la centrale thermique de Maria-Gléta, et aussi, des relations de coopération entre la République du Danemark et le Bénin. « Je suis très heureux de la conclusion de ce contrat qui permettra à notre pays de bénéficier de l’expertise énergétique très reconnue des pays nordiques, en général, et du Danemark, en particulier », se réjouit l’Ambassadeur du Bénin près la République du Danemark.
L’événement Précis: Bonjour M. l’Ambassadeur. En votre qualité d’Ambassadeur du Bénin près le Danemark, connaissez-vous cette entreprise BWSC et ses performances?
Eusèbe Agbangla: Bonjour M. le journaliste. Oui, j’ai une assez bonne connaissance de la Société BWSC.
En effet, en exécution de la lettre de mission du Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération et à la recherche de partenaires danois pour la résolution définitive de la crise énergétique au Bénin, j’ai tenu une séance de travail, le 10 août 2016, avec les Responsables de la Société d’énergie «Burmeister & Wain Scandinavian Contractor A/S» (BWSC), au siège de la Société dans la ville d’Allerød au Danemark.
Au cours de cette séance, j’ai pu échanger avec Monsieur Martin KAY, Directeur Général chargé des Centrales diésel, entouré pour l’occasion de Monsieur Robert SKJØDT, Directeur Général chargé des Projets et des Investissements, et de Monsieur Jesper A. KJERSGAARD NIELSEN, Directeur commercial.
A l’origine, la Société BWSC créée en 1843 par deux (02) Danois, Monsieur Hans Heinrich BAUMGARTEN et Monsieur Carl Christian BURMEISTER, était un constructeur naval et un important producteur de moteurs diésel. Après de nombreuses péripéties, BWSC est devenue une société indépendante dès 1980 et depuis lors, elle a établi sa renommée comme une entreprise proposant des solutions clé en main et un développeur de projets énergétiques à l’international.
En 1990, la société japonaise «Mitsui Engineering & Shipbuilding Co. Ltd» (MES) a procèdé à l’acquisition de BWSC et en est le propriétaire actuellement.
BWSC est spécialisée dans la construction de centrales à moteurs diésel à vitesse semi-rapide ou lente, opérant au diésel, au fuel lourd ou au gaz naturel. La Société dispose aussi d’une expertise dans le domaine de la biomasse et des technologies de transformation de déchets en énergie. Son expertise recouvre tous les aspects de la mise en place d’une centrale, notamment la conception, la réhabilitation, l’exploitation et la maintenance de la centrale, ainsi que les Accords de services et de financement. BWSC joue un rôle de premier plan dans le développement des entreprises IPP (Independent Power Producer). Elle prend en charge la fourniture et la construction complète de la centrale sur une base clé en main et fournit des services d’exploitation et de maintenance tout au long du cycle de vie de la centrale.
BWSC assure aussi les services à la production d’énergie, c’est-à-dire des services post-construction et des solutions adaptées aux centrales diésel et gaz ainsi qu’aux centrales à biomasse. Ces services comprennent la fourniture de pièces de rechange, la formation du personnel, la réhabilitation des systèmes de la centrale et les services d’exploitation et de maintenance.
En Afrique, la Société BWSC a une riche expérience de conception, de construction, d’exploitation et de maintenance de centrales électriques. Elle est intervenue dans seize (16) pays africains depuis 1975, dont entre autres, le Burkina Faso, le Togo, le Mali, le Sénégal, le Nigéria, la Gambie, le Kenya, etc.
Au Burkina Faso par exemple, la Société BWSC a assuré la construction clé en main d’une centrale de 22 MW pour le compte de la Société Nationale d’Electricité du Burkina (SONABEL) en 1999 ; au Mali, BWSC a aussi signé un contrat avec le Gouvernement pour la construction à Kayes d’une centrale thermique de 90 MW en juin 2017.
En somme, Monsieur KAY, le Directeur Général de cette société, m’a indiqué que la Société BWSC dispose de l’expertise nécessaire pour exécuter des projets énergétiques complexes, mais surtout, elle a une excellente connaissance du continent africain et souhaiterait par conséquent, mettre cette expérience au service du Bénin.
C’est d’ailleurs au cours de cette séance de travail que Monsieur KAY m’avait annoncé que la Société BWSC était très intéressée par l’appel d’offres au Bénin, pour la construction d’une centrale thermique dans la zone de Maria Gléta, afin de mettre à la disposition du Bénin une centrale de qualité à même de répondre aux attentes du Gouvernement.
Concrètement, peut-on espérer une prestation de qualité de BWSC au niveau de la construction de cette centrale thermique de Maria-Gléta, au regard des déboires de l’expérience de 80 MW sur ce même site?
Personnellement, je suis optimiste quant à la bonne exécution des travaux par la Société BWSC. En effet, comme vous pouvez le constater plus haut, elle détient de solides références en Afrique dans le secteur de l’énergie. Visiblement, elle dispose de toutes les capacités techniques, humaines et financières pour une bonne exécution du projet. De plus, les Sociétés danoises sont réputées pour leur attachement aux bonnes pratiques de gestion, condition nécessaire pour bénéficier de l’appui des organismes publics danois d’appui au secteur privé. Au sujet desdits organismes, j’ai pu constater, lors de mes diverses séances de travail avec le Fonds danois d’investissement pour les pays en développement (IFU) et l’Agence danoise de Crédit à l’Exportation (EKF), que ces organismes étaient bien informés des démarches de la Société BWSC en direction du Bénin. La cote de crédit de ces Institutions n’est plus à démontrer, et leur implication ou leur soutien à un projet répond à une série de normes et de conditions très strictes que doit remplir la société, en termes de références, de crédibilité et de gouvernance.
Je suis donc très heureux de la conclusion de ce contrat, qui permettra à notre pays de bénéficier de l’expertise énergétique très reconnue des pays nordiques en général et du Danemark en particulier.
Peux-t-on conclure que le Danemark revient en de meilleurs sentiments dans ses relations de coopération avec le Bénin?
Concernant la coopération, je voudrais faire remarquer que le retrait du Bénin de la liste des pays de concentration de l’aide danoise et la fermeture de l’Ambassade du Danemark au Bénin ne sont pas une rupture des relations diplomatiques entre les deux (02) pays. Cette décision, qui a visé plusieurs pays dans le monde, est intervenue à un moment où le Danemark était contraint de rationaliser et de réduire ses dépenses publiques, en vue de mieux financer l’Etat-providence et les allègements fiscaux. Il s’agissait pour les autorités danoises de recentrer ses programmes d’aide sur un nombre plus réduit de pays faisant face à des difficultés extrêmes et qui sont le terreau de l’immigration clandestine qui affecte l’Europe.
Selon les Autorités danoises, l’aide au développement doit être orientée autrement et sortir de son cadre traditionnel. En d’autres termes, d’autres alternatives novatrices doivent être trouvées, en particulier en œuvrant pour un rôle plus accru du secteur privé et des organisations de la société civile dans les efforts de développement. Pour ce faire, le Gouvernement danois a mis en place des Institutions et des instruments pour soutenir les OSC et les entreprises danoises qui sont intéressées à investir dans les pays en développement.
C’est donc en fonction de cette vision du Gouvernement danois et de la promotion de la diplomatie économique par le Gouvernement du Bénin, que l’Ambassade a orienté l’action diplomatique, depuis ma prise de service, vers des activités de mobilisation des investisseurs danois et nordiques pour les opportunités d’affaires du Bénin. Ainsi, de nombreuses séances de travail ont été tenues avec le Fonds danois d’investissement pour les pays en développement (IFU), l’Agence danoise de Crédit à l’Exportation (EKF), le Conseil danois de l’Agriculture et de l’Alimentation (DAFC), la Confédération des Industries danoises (DI), la Danish Africa Society (un réseau d’intérêt danois en Afrique), etc. C’est aussi dans ce cadre que l’Ambassade a organisé, le 16 novembre 2016, un séminaire de promotion des opportunités d’affaires du Bénin, ainsi qu’une Semaine Africaine des Affaires à Copenhague, du 05 au 07 septembre 2017, ensemble avec les autres Ambassades africaines accréditées au Danemark, le Ministère danois des Affaires Etrangères, et de nombreux autres partenaires danois. C’est aussi suivant cette approche que l’Ambassade travaille à organiser une visite de prospection des hommes d’affaires danois au Bénin, dès que possible.
En somme, malgré la clôture de la coopération bilatérale bénino-danoise, le Danemark continue d’intervenir au Bénin à travers ses ONG (Børnefonden par exemple), ses Sociétés et également dans le cadre multilatéral. Les autorités danoises apprécient les efforts de développement en cours dans notre pays et gardent de bonnes perspectives, au regard des projets phares de développement contenus dans le Programme d’Actions du Gouvernement.
Entretien réalisé par la rédaction