Avant tout, il convient de souligner deux erreurs linguistiques de la communication gouvernementale. Il s’agit des mots ‘’déguerpissement’’ et ‘’gratuité’’. Le premier est de la rupture. Le second appartient au champ lexical du changement. La Rupture s’est rendue compte tardivement du sens déshumanisant et humiliant du mot déguerpissement qui est bien juste à la situation. Ainsi, ‘’déguerpissement’’ est diplomatiquement remplacé par ‘’libération des espaces publics illégalement occupés’’. De même, le concept de gratuité utilisé abondamment par le gouvernement du changement devrait être remplacé en son temps par subvention. Ainsi, on parlera de la subvention de la césarienne, de la subvention de la contribution scolaire des élèves dans l’enseignement maternel, primaire et secondaire. Aussi, à l’université on ne devrait pas parler de la gratuité des frais d’inscription ; mais plutôt de la subvention. Le gouvernement du changement, même si c’est tardivement versait aux établissements, les subventions. La subvention c’est une aide financière, directe ou indirecte, allouée par l’Etat. Le bénéficiaire de la subvention peut être public ou privé, entreprise, association, ou personne.
Pourquoi en temps de YAYI l’Etat subventionnait césarienne, enseignement scolaire et universitaire ?
Pour répondre à cette question, il faut aller simplement fouiner son nez dans le passé un peu lointain de l’ancien Président. C’est pour voir si son enfance et son adolescence ont été heureuses ou non. Son parcours scolaire et universitaire peut permettre de comprendre pourquoi Boni YAYI a décrété plusieurs mesures de gratuité que son service de communication devrait qualifier de subvention. Les biographes béninois diront que le Père Yayi du garçon Boni est un Nago polygame de Tchaourou. Sa mère, BonaSéko est un Bariba-Gando. Boni est d’ailleurs le nom donné au quatrième garçon chez les bariba, selon son rang maternel. Né d’une famille musulmane, Boni, l’enfant de Yayi devient Thomas en se convertissant au christianisme d’obédience évangélique. L’enfance de Boni, devenu Président de la République, n’a pas été rose ou heureuse. Comme tout enfant de son époque de la partie septentrionale, Boni aurait connu le pâturage et les travaux champêtres. Le manque de moyens financiers, la négligence de la famille paternelle ont risqué de compromettre dangereusement son cursus scolaire. C’est dans cette situation que Boni YAYI réussit à faire, avec l’aide de la bourse d’Etat, son parcours universitaire et postuniversitaire. Un enfant, forgé par et dans la souffrance, lorsqu’il grandit, en situation de pouvoir, sa conscience ne lui permet point de faire souffrir et de voir les gens souffrir sans agir. C’est ce que témoigne Jean Val Jean dans les Misérables de Victor HUGO. Voilà ce qui peut justifier aisément les mesures de subvention, qualifiées abusivement et politiquement de gratuité, accordées par l’Etat pour la césarienne, l’enseignement scolaire et universitaire.Les étudiants boursiers et bénéficiant des secours universitaires payent les frais d’inscription qui leurs sont directement déduits de leurs bourses et secours. Pour les non-boursiers et ‘’secourus’’ c’est l’Etat qui leur paye les 15.000 francs. C’est l’Etat-Providence en temps de Boni.
Pourquoi en temps de Talon, l’Etat ne veut pas et ne peut pas tout subventionner ?
Il est clair qu’avec la rupture, le Bénin est passé du système bismarckien et beveridgien, du yayisme au système libéro-capitaliste pur et dur talonien. Ce virement systémique qui étonne les Béninois découle simplement de la somme de l’éducation familiale, sociale, religieuse, scolaire et professionnelle de l’homme fort actuel du pays qui a le pouvoir décisionnel au sommet de l’Etat. Si, pendant qu’il était au collège, Boni YAYI allait paître les bœufs et faire les travaux champêtres en termes d’activités extra-scolaires, Patrice TALON lui, depuis le collège faisait des affaires à travers des petits trafics de pièces détachées au Nigeria. ‘’Le compétiteur né’’ comme il aime s’appeler a le business inné en lui. C’est donc un businessman né. Le Père de Patrice, Président de la République, était d’ailleurs un agent des chemins de fer. Ouidah, leur ville natale, était l'un des principaux centres de business d’esclave où se trouvait un port d'exportation pour le commerce triangulaire. La foi religieuse de Patrice, c’est le catholicisme. Toutefois il ne s’en proclame pas officiellement. D’ailleurs certains de ses compatriotes lui trouvent une promiscuité avec une femme qui s’est auto-proclamée dieu. Il s’agit de dieu Parfaite de Banamè.
Le Président Talon, n’ayant pas l’expérience ni conscience de l’enfance malheureuse ne peut que supprimer toute subvention et tout ce qui allège la souffrance de la population.Aussi, la raison principale de la suppression de la subvention des frais d’inscription à l’université et de l’augmentation du montant desdits frais, c’est la domination plébéienne. Pour mieux dominer le peuple, il faut le maintenir dans l’ignorance en le privant de connaissance surtout scientifique du monde universitaire. L’horizon de l’homme ignorant est tellement borné que tout dans le monde lui paraît aller de soi et que les objets ordinaires qui l’entourent ne le questionnent guère. Il est prisonnier de son assurance dogmatique qui l’empêche de s’interroger sur les raisons et les conditions de son ignorance. Il ne s’interroge même pas sur la domination d’une classe sociale qui cherche coûte que coûte à le maintenir dans l’ignorance et la pauvreté. 25 000 Francs de frais d’inscription, c’est pour fermer les portes de l’université à la masse. Et ceux qui soutiennent la mesure, c’est ceux-là qui ont bénéficié de l’aide financière de l’Etat pour avoir le savoir dans les universités occidentales et y envoient maintenant leur progéniture. Pardon Talon, on n’est pas les mêmes.
Par Machoud MAMA