Que répond le gouvernement face aux dénonciations des forces de gauche au sujet de l’existence d’un plan pour faire taire les voix discordantes? Depuis qu’il a été distillé dans l’opinion des informations sur de supposées rencontres d’opposants au régime Talon à Paris, les rumeurs se font de plus en plus persistantes sur un plan qui serait en préparation pour faire taire les voix critiques. Le Front pour le sursaut patriotique prend au sérieux ces informations et parle de machination du pouvoir Talon contre les opposants. L’analyse de certains faits et gestes peut conforter ceux qui dénoncent la gouvernance actuelle de l’existence réelle d’un tel complot. Il s’agit, par exemple de l’injonction faite en son temps au Garde des sceaux,lors du conseil des ministres qui a suivi la perquisition manquée du domicile de Léhady Soglo, de poursuivre en justice les personnalités trouvées sur les lieux. Et sur lieux, il y avait Candide Azannaï, Sébastien Ajavon, Nicéphore et Rosine Soglo, Séverin Adjovi, Robert Dossou, Léonce Houngbadji, en somme toutes les personnalités susceptibles d’animer une opposition face au régime du Nouveau départ. Un procès pour obstruction à une décision de justice contre toutes ces personnalités à la fois pouvait faire craindre des tensions dans le pays. Et c’est certainement ce risque que le Chef de l’Etat n’a pas voulu courir en revenant sur sa décision. Mais l’idée de mettre hors d’état de nuire ces personnalités a-t-elle pour autant quitté l’esprit du chantre du Bénin révélé ? De plus, l’un des nombreux collaborateurs zélés du Chef de l’Etat n’aurait de cesse d’affirmer à qui voudrait l’entendre que tous les opposants seraient surveillés comme du lait sur le feu et que bientôt, ils tomberont un à un dans la nasse. Tout ceci ajouté à la déclaration faite par le Chef de l’Etat alors candidat, la crainte des opposants peut être justifiée.
En effet, sur ‘’Moi Président’’, Patrice Talon avait déclaré que le bilan ne compte pas dans la réélection d’un président et que c’est sa capacité à tenir l’opposition, les grands électeurs, les médias et empêcher la compétition. Une fois élu et désormais en quête d’un second mandat, qui peut jurer que cette stratégie n’est pas déjà mise en œuvre dans une politique de ruse et de rage ? Lorsqu’on opère des nominations contestées à la justice, lorsqu’on envoie des audits et qu’on fait des redressements fiscaux ciblés, lorsqu’un agent des eaux et forêts est mis aux arrêts pour avoir critiqué la gestion faite des parcs nationaux, on peut se demander si quelque chose ne se prépare. La psychose peut gagner le rang de l’opposition comme de la population. Il revient alors au gouvernement de rassurer les uns et les autres. Le Bénin et-il toujours ce havre de paix où ceux qui ne partagent pas la même vision que le pouvoir en place peuvent librement s’exprimer ? Le gouvernement doit se prononcer sur la question afin de mettre fin une fois pour toute à cette rumeur de complot qui est en train de causer du tort au pays sur le plan international.
M.M