Le cinéma béninois est capable de meilleurs rendements si le secteur est organisé et appuyé par des investissements conséquents. Le sujet a fait l’objet d’échanges au cours d’une conférence de presse organisée, ce mardi 10 octobre à l’espace Tchif à Cotonou.
Eric Todan, directeur général du Centre national du cinéma et de l’image animée (Cncia) et Sylvestre Amoussou, réalisateur, ont des points de vue, des lectures et des positions divergentes sur le cinéma béninois. Même si par endroits, les deux acteurs accordent leurs violons, comme c’est le cas par exemple sur le sort des ex-salles de cinéma affectés à d’autres fonctions qui les écartent de leurs missions. Conséquence, plus de salles de projection et des générations de Béninois risquent de ne rien savoir de la magie des diffusions sur écran géant dans la pénombre des salles.
L’espace Tchif a été dans la matinée de ce mardi 10 octobre, le lieu d’un débat parfois houleux sur le sort du cinéma béninois. Et c’est surtout les handicaps à l’éclosion du septième art qui ont été surtout abordés. « Nous nous battons pour que les salles de cinéma deviennent une réalité », a annoncé le directeur général du Cncia. Ce n’est qu’une question de temps donc, et les salles de projection cinématographique seront relookées et mises en affermage, puis renvoyées à leurs missions premières. Mais il faudra aussi confier leur gestion à des spécialistes pour les soustraire à l’amateurisme.
Mais on pourrait penser également l’érection de nouvelles salles, pensent Eric Todan et Sylvestre Amoussou. Sur ce point précis, l’initiative du groupe Bolloré qui devrait doter Cotonou d’ici là d’une salle de cinéma moderne a été saluée. La réforme du cinéma béninois, si on peut l’appeler ainsi, doit aussi intégrer le public. Pour le réalisateur Sylvestre Amoussou, le public d’ici ne connaît pas ses films. « Beaucoup de choses se font », se défend alors Eric Todan qui va jusqu’à disculper le Gouvernement qui ferait des efforts pour l’éclosion du septième art et qui serait même « fier des cinéastes ». Une affirmation difficile à illustrer, tant le cas Amoussou et bien d’autres sont là, patents, ont rappelé certains intervenants au cours de cette causerie. Ce que d’aucuns qualifient d’« Affaire Sylvestre Amoussou » et qui n’a pas sa raison d’être, selon le réalisateur béninois, récompensé il y a quelques mois au Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco), est ainsi revenu dans les échanges. Sur la question, la position de Sylvestre Amoussou n’a pas varié. « Faites ce que vous pouvez pour votre pays et n’attendez rien de lui », laisse-t-il entendre, expliquant qu’il « ne fait pas le cinéma pour avoir des honneurs ». Toujours est-il que la démarche des autorités béninoises vis-à-vis du réalisateur laisse à désirer, ont déploré plus d’un. Si dans d’autres pays, Sylvestre Amoussou accumule les lauriers et les hommages, depuis sept mois, il est tourné en rond dans son propre pays et aucune autorité n’a daigné lui signifier à ce jour les gratitudes de la République pour la qualité de sa dernière production : « L’Orage africain - Un continent sous influence », étalon d’argent au Fespaco 2017, une fiction de 90 minutes qui présente une Afrique authentique, affrontant les puissances déstabilisatrices et triomphant sous les ovations du peuple.
Rappelons que du 16 au 22 octobre prochain, les trois films de ce réalisateur béninois à savoir « African paradis », « Un pas en avant – Les dessous de la corruption » et « L’Orage africain - - Un continent sous influence » seront en diffusion tout public à l’espace Tchif qui rouvre après plusieurs mois de fermeture, suivi d’un master class.