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La maladie des hôpitaux publics
Publié le jeudi 12 octobre 2017  |  Fraternité
Centre
© Autre presse par DR
Centre national hospitalier universitaire (CNHU)
Le plus grand hôpital du Bénin.




Les malades sont en danger de mort. Du moins, ceux qui fréquentent les hôpitaux publics. Depuis plusieurs semaines, ils ne sont ps convenablement pris en charge. La grève déclenchée par l’intersyndicale des ressources humaines en santé en est la cause. Déjà que en temps normal, les prestations laissaient à désirer dans les centres de santé publics, la qualité des soins baisse considérablement en période de grève. Ne pouvant se faire soigner dans les cliniques et hôpitaux privés, la plupart des patients en quête de guérison sollicitent malgré eux le personnel soignant en service dans les hôpitaux publics. Hargneux à souhait, laxistes sur les bords, la plupart des agents de santé n’ont plus vraiment à cœur l’exercice de leur profession dans les règles de l’art. Ce tableau est encore plus sombre lorsque les débrayages sont à l’ordre du jour comme c’est le cas actuellement.
48 à 72h de grève. C’est souvent dans cet intervalle de jours que les travailleurs manifestent leur mécontentement à leur employeur qu’est l’Etat. Ces suspensions hebdomadaires de travail créent d’énormes désagréments aux patients. Si en dépit de tout, certains parviennent à recouvrer la santé, parce qu’ils sont sous l’emprise d’un mal bénin, d’autres par contre vont jusqu’à payer le prix fort. Hormis ceux qui décèdent du fait de cette situation, d’autres voient leur mal s’aggraver et se compliquer. Ce qui induit des traitements plus longs, plus contraignants et plus coûteux. Du fait de notre sociologie, rares sont les victimes qui portent plainte contre les agents ou les centres de santé. D’année en année, le mal s’aggrave. Depuis des décennies, ces crises cycliques se répètent inlassablement comme s’il s’agissait d’un deal entre gouvernants et syndicats. Les premiers font semblant de faire la sourde oreille et les seconds vocifèrent jusqu’à se faire entendre.
Pendant que les deux parties tournent le dos au dialogue, les familles vivent des drames dans le plus grand silence, du fait de la disparition de leurs membres. « Les plus grandes douleurs sont muettes », a dit un auteur. Pourquoi le gouvernement attend toujours que les travailleurs atteignent le point de non retour avant de prendre ses responsabilités ? Qu’est-ce qui empêche d’adopter la posture idoine ou de prendre les dispositions qui s’imposent dans les meilleurs délais pour limiter les dégâts ? Encore que la plupart des exigences ont trait au non paiement des primes, le ministère de la santé et celui de l’économie et des finances peuvent anticiper sur ces revendications intempestives. Tout est question de volonté et de stratégie. Même sans débourser un kopeck, rien que par l’attitude et le sens de l’écoute, un gouvernement responsable peut trouver les moyens de maintenir ses agents au travail sans que ceux-ci ressentent le besoin d’aller en grève.
La vie humaine est sacrée et inviolable. Mais les syndicats l’oublient souvent et vont à l’extrême en brandissant l’ultime menace de grève sans service minimum. Ce langage est à bannir du vocabulaire des agents de santé. En aucun cas, pour quelque cause que ce soit, ils ne peuvent réclamer des droits sans accomplir leur part du devoir. Dans d’autres pays, le simple fait pour des syndicats d’agents de santé de manifester le désir d’aller en grève sans service minimum suffit à les traduire en justice. Mais chez nous, on banalise tout, même la vie humaine qui n’a pas de prix. Quand des personnes formées pour entretenir la vie en viennent à promouvoir la mort, il y a de quoi s’inquiéter de l’effritement des valeurs. On a peut-être touché le fond. Mais il n’est pas encore tard pour se remettre en cause. L’argent est certes nécessaire et indispensable, mais rien ne vaut la vie.
Moïse DOSSOUMOU
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