(Le Kg de coton-graine acheté à 260 FCfa)
La campagne de commercialisation de l’or blanc au titre de l’année 2017-2018 a été lancée par l’Association interprofessionnelle de coton (Aic) à Sèkèrè Maro, dans la Commune de Sinendé, vendredi 20 octobre 2017. Aux dires des spécialistes, la nouvelle campagne bat les performances enregistrées jusque-là, de par le prix d’achat du kg de coton, la quantité et la précocité du lancement.
Du jamais vu au Bénin. Le coton graine premier choix sera acheté aux producteurs au prix de 260 francs Cfa et le deuxième choix à 210 franc Cfa au titre de la campagne de commercialisation 2017-2018. La bonne nouvelle a été annoncée aux acteurs de la filière par le président de l’Association interprofessionnelle de coton (Aic) et le ministre du Commerce vendredi dernier au cours de la cérémonie qui a consacré le lancement de cette campagne. Une cérémonie qui intervient beaucoup plus tôt cette année pour épargner la filière des maux traditionnels que sont: les mouilles aux champs et dans les usines, les incendies fréquents de stocks, le non-bouclage du paiement des fonds coton aux producteurs, la non-réglementation des factures des transporteurs et le non-paiement des frais de prestation sur commercialisation de coton-graine aux organisations des producteurs. Dans son intervention, le président de l’interprofession, Mathieu Adjovi a décerné sa fière chandelle aux différents acteurs en l’occurrence les producteurs pour leur rendement qui va permettre au Bénin d’engranger des devises au terme de la campagne. En effet, de 451 209 tonnes lors de la saison 2016-2017, la production de la campagne en cours dépassera 550 000 tonnes si les prévisions se confirmaient. Ce record inégalé est dû à plusieurs facteurs. Il s’agit de la prise de conscience des acteurs, des efforts financiers fournis par les égreneurs et des éléments spécifiques de la campagne. Pour ce qui est des mesures spécifiques qui ont d’ailleurs constitué un engouement pour les producteurs à emblaver plus, Mathieu Adjovi a énuméré le paiement de tous les acteurs de la filière au 31 mai 2017, date de la fin de la campagne 2016-2017 et du début des semis pour la campagne 2017-2018. L’autre source de motivation ayant couronné la bravoure des producteurs est l’organisation de la Fête nationale des cotonculteurs, le 22 juillet 2017 à Parakou. Il n’a pas occulté l’appui substantiel de 3 milliards de FCfa pour 100 000 ha d’emblavure apporté aux producteurs par le Conseil national des égreneurs du coton (Cnec) pour accompagner le programme d’intensification élaboré par l’Aic. Pour rappel, ledit programme porte sur 3 éléments novateurs à savoir l’augmentation de l’apport en fumure, le renforcement du traitement phytosanitaire et le rapprochement de l’appui conseil aux producteurs. «Je voudrais ici témoigner ma gratitude à la Sodéco, à l’Ica et la Lcb pour cet effort financier louable à l’endroit de notre filière et pour la mise à jour de leurs usines pour faire un volume plus important de coton jamais traité au Bénin », a-t-il lancé en guise de reconnaissance. Il n’a pas oublié les banques qui ont accompagné l’Aic aussi bien pour les intrants que pour l’égrenage ; ce qui a permis à l’État de ne sortir aucun kopek pour les traditionnelles subventions à la filière.
Le patriotisme des égreneurs salué
Le président Mathieu Adjovi est revenu, à plusieurs reprises sur les efforts louables des égreneurs pour soutenir la filière. En effet, outre l’appui au programme d’intensification, les sociétés d’égrenage ont décidé, pour cette campagne de commercialisation, de pratiquer le prix d’achat du coton-graine le plus élevé dans la sous-région. Profitant de l’occasion, il a donné une suite favorable aux doléances des producteurs présentées par le président de la Fédération nationale des coopératives villageoises de producteurs de coton, Tamou Gani Badou. Entre autres, le président Adjovi a rassuré de la réfection des pistes cotonnières et de l’aménagement de certaines voies déjà prises en compte par les services techniques du Ministère des infrastructures dans le Pta, de l’octroi de crédits récoltes pour financer la main d’œuvre pour la récolte du coton-graine et de la mise en place d’un programme de mécanisation. S’agissant du plaidoyer relatif à l’avance de 40% pour l’animation des marchés coton par les responsables des Coopératives villageoises de producteurs de coton (Cvpc), l’assurance a été donnée sur le fait que le sujet sera débattu à la prochaine réunion de l’Aic. « Toutes les autres préoccupations ont été déjà examinées», a rassuré Mathieu Adjovi. Ceci, pour relever les grands défis auxquels la filière est confrontée et inscrire le Bénin dans le peloton des grands producteurs de coton de qualité au monde.
Contrôler les sorties frauduleuses
Aucune sortie frauduleuse du coton hors du territoire national. Aucune sortie vers des destinations non autorisées. Le gouvernement et l’Aic ont pris les dispositions sécuritaires dans ce sens. Car les deux institutions ont travaillé pour que le revenu des producteurs soit amélioré. Présent au lancement, le ministre de l’Agriculture, Delphin Koudandé, a été très clair sur le sujet. Il a convié les acteurs au respect scrupuleux des règles édictées par l’Aic afin d’éviter d’éventuelles sanctions conformément aux textes en vigueur. Lazare Sèhouéto, ministre du Commerce, avant de lancer officiellement la campagne, a salué le professionnalisme et les performances des professionnels du coton sans lesquels le rendez-vous de Sèkèrè Maro ne serait une réalité. A l’endroit des transporteurs, il a plaidé pour le renouvellement vieillissant du parc des gros porteurs. Il n’a pas manqué de remercier l’interprofession et le gouvernement qui ont pris les dispositions pour le bon déroulement de cette campagne dont l’épilogue est annoncé pour mai 2018.
Serge Adanlao