Au Bénin, dans un proche avenir, la police et la gendarmerie nationales ne feront plus qu’un. Janvier 2018 est la date butoir que le gouvernement s’est fixé pour atteindre cet objectif. En matière sécuritaire, c’est la réforme phare initiée par Patrice Talon. Les craintes exprimées par une certaine opinion dès l’annonce de ce projet n’ont pas émoussé l’ardeur de l’Exécutif, qui comme un bélier, fonce droit vers le but. Lentement mais sûrement, tout se met en place afin que cette fusion se fasse en douceur. Les policiers et gendarmes habitués à travailler chacun de son côté devront incessamment mutualiser leurs forces et méthodes pour la sécurité de tous. Ce ne sera pas une mince affaire de voir les éléments de ces deux corps travailler la main dans la main. Mais ils y seront contraints si, sur ce dossier, le parlement regarde dans la même direction que le gouvernement.
Le système sécuritaire béninois est caractérisé par une dualité des forces. Orientées à quelques exceptions près vers les mêmes missions, la police et la gendarmerie se livrent une guerre fratricide préjudiciable à la synergie recherchée. En lieu et place d’une complémentarité, c’est plutôt à une opposition des forces, à une guerre de leadership qu’on assiste. Pendant ce temps, les hors-la-loi se frottent les mains et enrichissent leur palmarès. L’Etat, obligé de réunir les conditions pour la libre circulation des personnes et des biens, éparpillait jusque-là ses maigres ressources dans les unités de police et de gendarmerie, alors qu’il aurait peut-être fallu unifier les deux corps pour plus d’efficacité. Patrice Talon et son équipe croient dur comme fer que les Béninois se sentiront mieux en sécurité si les policiers et gendarmes sont appelés à parler et à agir d’une même voix.
C’est dans cet ordre d’idées qu’une commission mixte composée entre autres d’experts et de personnes ressources a été mise sur pied par le chef de l’Etat. Les membres de ce groupe de travail ont déposé leur rapport au chef suprême des armées, le 18 juillet dernier au palais de la Marina. « Police républicaine ». C’est le nom de la nouvelle force de sécurité publique appelée à exister dès le premier mois de l’année 2018. La commission commise à cet effet a fait une série de propositions tendant à faciliter la fusion tant recherchée. La question de l’équivalence des grades notamment a été évoquée avec des propositions pertinentes afin que personne ne souffre d’injustice. Le but recherché est que cette nouvelle force riche de ses hommes motivés et rompus à la tâche s’occupe avec plus de professionnalisme et d’efficacité de la sécurité des Béninois.
Ne pouvant se passer de l’aval de la Représentation nationale avant l’effectivité d’une telle réforme, le gouvernement a d’ores et déjà joué sa partition. Le projet de loi portant création de la Police républicaine et celui portant statut spécial de la police républicaine sont maintenant transmis à l’Assemblée nationale. Le processus législatif sera donc enclenché dans les tout prochains jours afin que les députés puissent se prononcer sur cette ambition gouvernementale. Des élus du peuple, il est attendu qu’ils se montrent suffisamment curieux sur les tenants et aboutissants d’un tel projet. C’est une réforme qui engage la sécurité de chacun et de tous. C’est une raison suffisante pour que les députés soient regardants avant d’émettre leur vote. D’eux dépend la mise en application de cette réforme. A eux de s’assurer que le gouvernement est sur la bonne voie avant de l’autoriser à joindre l’acte à la parole.
Moïse DOSSOUMOU