Président de la Chaire Internationale de Physique et de Mathématiques (Cipma), le Professeur Norbert Hounkonnou conduit la liste Excellence en course pour les élections rectorales d’octobre 2017. A travers cette interview, il fait le diagnostic des maux qui minent l’Uac et décline ses ambitions qui tournent autour d’un défi majeur : cogérer et Co-construire une université moderne au service du développement.
Comment se porte selon vous la plus grande université du Bénin ?
48 ans après sa création, notre institution universitaire a connu une trajectoire socio-historique marquée par de nombreuses péripéties. Jusqu’à ce jour, elle éprouve d’énormes difficultés à s’inscrire dans le concert des universités contemporaines. Les principaux acteurs qui animent sa vie quotidienne sont constamment dans une dynamique qui alterne espoirs et déceptions, troubles quasi constants et relative précarité des conditions de travail de la majorité des acteurs. L’Université d’Abomey-Calavi connait aussi un impressionnant chapelet d’inadéquations, notamment entre les effectifs des étudiants et les capacités d’encadrement, entre les compétences qui en sortent et les besoins réels du marché du travail. Les incohérences concernent également l’opacité dans la gestion des ressources, la faiblesse des opportunités qui peuvent permettre aux enseignants de participer à une animation scientifique de qualité et la gouvernance universitaire basée sur la séquestration des opportunités et des ressources. Aussi, sommes-nous dans une situation de crise des valeurs qui gouvernent les relations entre les différentes entités et de crise de confiance entre les différents acteurs. En effet, les entités n’ont pas toujours à temps la rétrocession des ressources qui leur reviennent de droit, et les différents acteurs (enseignants, étudiants et personnel administratif) sont soumis à une inflation de textes peu connus et de décisions sans concertations préalables. Il convient également de souligner la non-application de certains textes fondamentaux comme le décret instituant un Conseil d’ Administration. Il en résulte une absence totale de contre-pouvoir, et donc une gestion sans reddition effective des comptes. C’est notamment pour infléchir ce mode de gestion des intérêts collectifs qui, jusqu’ici n’a fait que desservir les intérêts de notre Université, et instaurer une gouvernance participative, transparente et plus responsable, qui redonne un visage moderne et plus crédible à l’institution, que l’équipe que nous formons a forgé sa mission et sa vision.
Quelle est votre appréciation de la gestion du Professeur Brice Sinsin ?
Le Professeur Brice Sinsin a dirigé l’Uac pendant 11 ans, 5 ans en qualité de vice-recteur, six ans comme recteur. Il a mis en œuvre sa vision de l’institution universitaire avec des résultats correspondants. Mais de nombreux défis restent à relever pour faire entrer notre institution dans la modernité. L’équipe Excellence est armée pour apporter des solutions adéquates au contexte actuel.
Quels sont les défis que la liste Excellence entend relever ?
Notre vision est d’œuvrer pour qu’à l’horizon 2021, l’Uac soit un pôle d’excellence, fournisseur de ressources humaines de qualité et des résultats de recherche adaptés aux besoins de développement. En vue de concrétiser cette vision, nous envisageons construire nos actions autour de dix objectifs cardinaux qui s’articulent autour des dix lettres du mot « Excellence ». Nous nous engageons donc pour élever l’UAC au rang de la modernité, en communion avec toutes ses composantes épanouies, pour un enseignement, une recherche, et une gouvernance empreinte d’éthique et de probité, compatibles avec les exigences du développement de notre pays ; la xylographier définitivement dans le concert des universités contemporaines ; construire en adéquation avec la vision, les moyens nécessaires pour atteindre un système éducatif universitaire adapté. Nous allons emmener les différentes entités de l’institution à un niveau d’autonomisation suffisante au double plan administratif et financier qui leur permette d’assurer dignement leur mission, avec responsabilité et efficacité. La liste Excellence entend libérer toutes les énergies au service de la communauté universitaire et de toutes ses composantes sans exclusive.
Comment comptez-vous repositionner la science au cœur du développement ?
Nous nous engageons, conformément à notre vision, à nourrir la recherche et l’enseignement de savoir-faire et autres connaissances endogènes qui soudent davantage la communauté universitaire avec les réalités sociologiques et économiques du pays. Il s’agira de coller constamment aux besoins de nos populations en tirant le meilleur de la science, de la technologie, des arts et des lettres et d’enraciner définitivement l’institution universitaire dans la dynamique d’un développement harmonieux irréversible, les valeurs éthiques, les us et coutumes universellement admis. Nous allons labourer de nouveaux champs de recherche et de promotion qui galvanisent et mobilisent davantage autour des défis majeurs de développement.
Qu’en sera-t-il du respect des franchises universitaires et de la collaboration avec les étudiants au cours de votre mandat ?
Notre vision et la mission assignée sont illustratives de notre approche de la chose commune basée sur la co-gestion et la co-construction. Il s’agira d’œuvrer pour l’épanouissement de toutes les composantes de l’Uac, unies pour la même cause, dans des conditions de vie et de travail en adéquation avec les exigences de la mission. L’Uac sera consolidée du combat permanent pour des franchises universitaires élargies, des acquis démocratiques approfondis, et pour sa modernité au service du développement de notre pays et de la Science universelle.
N’avez-vous pas la crainte que l’on vous colle l’étiquette de votre appartenance au PCB ?
C’est un disque rayé qui tourne malheureusement encore dans des universités archaïques comme les nôtres. L’institution universitaire est par excellence le champ des grandes pensées philosophiques, qui forgent l’esprit à la critique intellectuelle saine, et non une prison où s’impose la pensée unique. On ne devrait pas laisser la place à l’incurie. Karl Marx demeure et reste un grand intellectuel dont l’œuvre continue de guider le monde et de forger la jeunesse à l’esprit patriotique et à la défense des intérêts de la majorité contre la minorité. Tous ceux qui dans notre pays ont encore une certaine conscience et un sens de responsabilité collective sont allés à cette école. Je suis un scientifique accompli au service de son pays, qui a acquis la reconnaissance internationale dans son domaine, et en toute humilité, dont la renommée dépasse les frontières du Bénin.
Votre mot de la fin
A toute la communauté universitaire, je dis : gagnons ensemble les élections rectorales du 30 octobre 2017 pour co-gérer et co-construire une université moderne au service du développement de notre pays. Votons tous la liste Excellence pour assurer l’épanouissement de toutes les parties prenantes de l’UAC.
La rédaction