Emmanuel Zounon, Secrétaire général de l’Unstb
« Talon nous a dit " vous voulez un remaniement ? En voici un’’ »
Mon opinion sur la configuration du deuxième gouvernement de la Rupture est provisoire faute d’informations avérées sur les nouvelles têtes que je ne connais pas du tout en dehors du jeune Kérékou. Toutefois, il y a des faits visibles. Le nouveau gouvernement compte 22 membres contre 21 dans l’ancien. Il y a sept départs contre 9 entrées. A cela s’ajoute la création de trois nouveaux ministères:
• Affaires Sociales et Microfinance,
• Eau et Mines,
• Tourisme Culture et Sport et d’autres ont changé de dénomination
Alors, la question fondamentale que moi en tant que représentant des travailleurs de toutes les catégories socio-professionnelles je me pose est de savoir : à quelle question objective répond ce remaniement ?
Ce que l’homme l’anda attendait de ce remaniement, c’est une rectification de la Rupture pour introduire du social afin que le peuple travailleur puisse enfin desserrer sa ceinture recommandée depuis plus d’un an. Mais hélas….
En ne touchant pas le socle du gouvernement et en maintenant tous les barons du régime à leur poste ou en les consolidant, le Président n’a fait qu’affirmer sa volonté de maintenir le cap comme si de rien n’était et que tout est rose. Comme on le dit ; « le chien abois, la caravane passe »
On a l’impression que Talon nous a dit " vous voulez un remaniement ? En voici un’’. Mais dans la réalité et en bon stratège, il a opté pour la préparation d’un pouvoir monolithique en mettant en jeu les pions pour le contrôle prochain de l’hémicycle et cela est inquiétant. Il donne satisfaction à toutes les composantes des groupes parlementaires soutenant l’action de son gouvernement avec un dosage régional, et l’alliage entre la jeunesse et l’expérience.
Mais le grand problème pour moi, c’est qu’il maintient toujours le grand Maître de la Nouvelle conscience, le Grand mécanicien auto-proclamé au garage et à l’œil. Je veux nommer Pascal Iréné Koupaki, l’ex métronome du Président Yayi.
De toutes les façons et conformément à notre Constitution, le peuple reste le seul garant et détenteur de tous les pouvoirs dont il délègue la charge à un Homme. Il reste donc à ce peuple d’être vigilant et mobilisé pour rappeler à l’autorité que ce qui lui est demandé : l’amélioration des conditions de vie et de travail et non la mise en place des conditions pour un renouvellement inavoué d’un mandat...
Pour l’UNSTB, le régime politique du Président Talon n’est pas arrivé pour réduire les souffrances des travailleurs. Le régime s’est trahi lui-même à travers les textes de lois qu’il fait voter à l’Assemblée Nationale. Les centrales et confédérations syndicales des travailleurs doivent se montrer plus vigilantes et déterminées pour défendre avec un acharnement révolutionnaire les acquis démocratiques et sociaux en dosant la pression pour freiner l’élan de ce régime politique capitaliste et revanchard.
Denis Avimadjessi, écrivain
« Le partant a semé la catastrophe… dans notre maison culture »
En tant qu’inconditionnel amoureux de la culture, je ne m’intéresserai qu’à ce qui concerne la nomination d’un nouveau Ministre de la culture. En effet, le partant, on l’a connu, il a semé la catastrophe et la désolation dans notre maison culture. Mon premier prix littéraire, je l’ai reçu dans ce Ministère depuis près de trente ans et je connais donc la multitude de ministres qui sont passés là. Mais en toute honnêteté, on n’a jamais vécu le cauchemar qu’on a vécu avec le ministre sortant. Et le mot cauchemar est faible. Nous voulons tous des réformes, mais ici, je n’ose pas utiliser les mots qui me traversent l’esprit. Parole de vieux fonctionnaire retraité. Je me tourne vers le futur en demandant au nouveau ministre de ne surtout pas suivre les pas de son prédécesseur. Qu’il ne cherche pas à faire le "bonheur des artistes sans eux. Il faut dialoguer avec la société civile culturelle organisée, discipline par discipline. En tant que maillon expérimenté de la plume et de la chaîne du livre, je l’attends. Qu’il ne s’entoure pas d’un cercle d’amis arrivistes et revanchards. Ces cercles sont trompeurs et menteurs pour leurs intérêts personnels. Qu’il ne privilégie pas le sport et le tourisme au détriment de la culture. On n’acceptera pas ça encore une fois. Qu’il n’envoie pas que ses amis artistes en mission à l’extérieur. Que Dieu le protège et l’inspire.
Atèmènou Sévérin : Professeur d’Anglais, traducteur de conférences
« Talon a érigé Koupaki au rang de président bis »
En décidant de nommer par décret, Pascal Koupaki, ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence, Patrice Talon l’a érigé au rang de président bis. Il l’accompagne dans toutes ses sorties et peut diriger le conseil des ministres en son absence. Patrice Talon est un fin stratège. Il a écouté les critiques et a clarifié les rôles de Bio Tchané et de Koupaki. Désormais, Koupaki est le numéro 2 de la présidence et donc au-dessus de tous les ministres dont il peut contrôler les actions et Bio-Tchané est le numéro 2 du gouvernement en tant que ministre d’Etat. Ce qui me dérange un peu, et que je veux bien comprendre, pourquoi avoir ajouté ministre d’Etat à la fonction de Koupaki, alors même que son nom ne figure pas sur le décret portant constitution du gouvernement ? Ma préoccupation se situe à ce niveau. De toute façon, le Chef de l’Etat a désormais donné pleins pouvoirs à Pascal Koupaki, pour agir en ses lieux et place. Lui seul en détient le secret.