Enfin ! Ce qui était attendu depuis plusieurs semaines a eu lieu, vendredi dernier. Le Président Patrice Talon a rendu publique la liste d’une nouvelle équipe gouvernementale, près de 18 mois après la formation de son premier gouvernement. Mais contrairement aux rumeurs et autres informations annonçant depuis des jours un remaniement ministériel de fond, le Chef de l’Etat n’en a pas fait autant. Il y a eu 7 départs, au nombre desquels, les trois ministres proposés par Sébastien Ajavon, candidat venu 3ème à la présidentielle 2016, avec qui ses relations se sont largement détériorées au fil du temps. Il s’agit des ministres Rafiatou Monrou de la communication, Lucien Kocou des enseignements secondaire, technique et professionnel et Delphin Koudandé de l’agriculture. D’aucuns s’y attendaient, estimant que cela devenait une évidence, depuis que Ajavon avait déclaré que la présence de ces trois ministres au gouvernement ne l’engageait plus. Comme autres départs, on peut aussi citer les cas de Lazare Sèhouéto du commerce et de l’industrie, qui d’après les indiscrétions, en aurait lui-même émis le vœu, pour mieux se consacrer à des activités politiques non moins avantageuses pour le régime Talon. Les cas de deux autres ministres, Candide Azannai qui avait déjà démissionné de son poste de la défense depuis plusieurs mois et Hervé Hèhomey, récemment limogé de la tête des transports par Talon ne valent plus la peine d’être cités maintenant.
En terme d’arrivées, la moisson aussi n’est pas négligeable, avec encore de jeunes compétences comme Modeste Kérékou, anciennement ministre sous Yayi, dans le nouveau département des petites et moyennes entreprises et de Samou Séidou Adambi, en tant que nouveau ministre des mines et de l’eau. L’appel à de hauts cadres de l’Etat à l’image du Professeur titulaire des universités Cames, Mahugnon Cakpo à l’enseignement secondaire, Albert Nouatin, ex maire d’Abomey au ministère de la défense et Cyr Koty, ancien Dg Sonacop au ministère des transports témoignent aussi de l’intérêt qu’accorde Talon aux expérimentés dans la gestion des affaires publiques.
La grosse surprise par ailleurs est la conservation de plusieurs ministres occupant des départements clé par le Chef de l’Etat, qui au-delà des questions d’amitié et de fréquentations anciennes qui les lient à lui, montre à suffisance qu’il a encore besoin d’eau dans la réussite de sa mission. Ils sont 13 au total, entre autres, Romuald Wadagni au ministère des finances, Joseph Djogbénou de la justice, José Tonato du cadre de vie ou encore, Alassane Séidou du département de la santé.
En créant de nouveaux postes ministériels, 3 au total, à savoir Affaires sociales et Microfinance, Eau et Mines puis Petites et Moyennes Entreprises, Talon laisse également dévoiler son souci de décongestionner des portefeuilles ministériels qui se sont révélés lourds à gérer sur le parcours déjà effectué par le régime de la Rupture. En ralliant aussi, les sports à la culture et au tourisme, le Chef de l’Etat qui en a donne désormais la charge au seul ministre Oswal Homéky a sans doute évalué les enjeux de ces 3 secteurs et a pensé plutôt les regrouper sous la tutelle d’un seul ministère pour des résultats plus concrets qu’il y attendrait certainement.
Voici les CV résumés de quelques nouveaux ministres de Patrice Talon
Aurélie Adam Soulé née Zoumarou, ministre de l’économie numérique et de la communication :
Aurélie Adam Soule Zoumarou est la principale en charge de la Gestion des Politiques Publiques relatives au secteur des Télécommunications au sein de la Gsma. En cette qualité, elle s’occupe des aspects liés à l’engagement de la Gsma avec les parties prenantes (Gouvernements, Régulateurs, Operateurs, Institutions) dans la région africaine au Sud du Sahara, sur divers sujets. Aurélie est une professionnelle confirmée dans le secteur des Télécoms & TIC (SFR France, Accenture France, ARCEP Benin). Avant de rejoindre la GSMA, elle était Responsable de la Gestion du Spectre à l’Autorité de régulation des télécommunications du Bénin. Elle est diplômée de Telecom SudParis (ex INT Evry) et est aussi titulaire d’un Certificat en Gestion des Politiques Publiques et en Leadership de l’École Maxwell de la Citoyenneté et des Affaires Publiques de l’Université de Syracuse (New York). Elle est lauréate du Programme Mandela Washington pour les Jeunes Leaders Africains.
Kakpo Mahougnon, ministre des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle
Mahugnon Kakpo précédemment Directeur des examens et concours (Dec) est Professeur titulaire des universités membres du Cames et est né en 1965 à Bopa. Après sa Maîtrise de Lettres Modernes à l’Université Nationale du Bénin, entre 1990 et 1991, il passe de 1992 à 1996, son Doctorat de l’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 en Littératures Française, Francophones et Comparées. Il passe ensuite du titre de Maître-Assistant des Universités Africaines au Cames, en 2002, à Maître de Conférence en 2008, et, au titre de Professeur titulaire en 2014. Le Professeur Mahugnon Kakpo est aussi auteur d’une quinzaine d’ouvrages publiés entre 1998 et 2017 dans divers domaines des Sciences et Civilisations Africaines chez des éditeurs aussi bien nationaux qu’internationaux. Il a également dirigé depuis plus de dix ans, plusieurs Thèses de Doctorat ainsi que des Mémoires de Maîtrise, de Dea et de Master sur le plan national et international et participé à plusieurs missions d’enseignement dans les Universités de la sous-région ainsi qu’à des rencontres internationales.
Cossi Gaston DOSSOUHOUI, ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche
Cossi Gaston Dossouhoui est un ingénieur agronome de l’Institut d’agronomie tropicale du Kouban à Krasnodar (ex URSS). Nommé déjà une première fois à ce même poste ministériel sous Yayi, il a également occupé plusieurs autres postes, entre autres, celui de Directeur Général de l’Office national d’appui à la sécurité alimentaire Expériences professionnelles, Directeur de cabinet du Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche en 2004, Directeur général du centre régional pour la promotion agricole, et Directeur technique de l’ONASA. Il est Chevalier d’Ordre du Mérite du Bénin, depuis 2005. Il est l’un des grands artisans des nombreuses réformes déjà entreprises par le président Talon depuis qu’il est au pouvoir.
Modeste Tihounté Kérékou, ministre des petites et moyennes entreprises et de la promotion de l’emploi
Anciennement député à l’Assemblée nationale et ministre des sports sous Yayi, Modeste Tihounté Kérékou est titulaire d’une Maîtrise professionnelle en Commerce, Option Marketing Ecole Nationale de Commerce et de Gestion (Engg – Settat / Maroc), en 2001, puis d’un Dess Démocratie & Gouvernance-Chaire Unesco des Droits de la Personne et de la Démocratie à l’Université Abomey-Calavi, en 2006. Avant d’être nommé Ministre des Sports, il a été élu député du Parlement de la Cedeao entre 2006 et 2009, Président du Cadre de Concertation pour la gouvernance politique du Projet Pnud 2005 d’appui à la consolidation de la démocratie à travers le renforcement des capacités institutionnelles des partis politiques. Jusqu’à sa nomination dans le nouveau gouvernement de Talon, il occupait sous ce même régime le poste du Directeur général du Fnpeej.
Cyr Koty, ministre des Infrastructures et des Transports
Né en 1952 à Sagon en pays Agonlin, Cyr Koty est un Ingénieur en Génie du Raffinage et Pétrochimie. Entre autres hautes fonctions, il a été de 2010 à 2012, Cadre supérieur chargé de l’énergie à la Commission de l’Uemoa à Ouagadougou. Il a également occupé plusieurs hautes fonctions au Bénin, dont celle de Directeur général de l’énergie en 2006 sous le président Yayi ; Directeur général de la Sonacop et Conseiller technique aux mines, à l’énergie et à l’hydraulique à la présidence sous Feu président Mathieu Kérékou. Au plan scientifique, Cyr Koty est auteur de plusieurs ouvrages dont : « Régénération des huiles usagées pour moteur, IPG 1982 », « Contribution au Manuel sur l’Electrification en Afrique « L’Electricité au cœur des défis africains », de Christine Heuraux, Edition Khartala, 2010 ; Liaison Energie-Francophone : N°87, 1er trimestre 2011 ; IRED : Stratégie de résolution durable de la crise énergétique dans l’Uemoa. Il a aussi reçu plusieurs distinctions, au nombre desquelles, l’Oscar de développement de l’An 1999 par le Conseil International des Managers Africains ; et Manager de l’An 1999 par European Market Research. Au plan politique, il a été aussi Membre de la Coordination de la Région Agonlin soutenant la candidature de M. Patrice Talon à l’élection Présidentielle de 2016.
Christian TCHANOU