Le 2ème gouvernement de Patrice Talon est connu depuis vendredi 27 octobre 2017. Comme on s’y attendait le Prd de Me Adrien Houngbédji a fait son entrée dans ce gouvernement après 10 ans d’opposition au régime Yayi. Mais eu égard à certaines déclarations faites par le leader du Prd pour essayer de vendre son produit au chantre de la Rupture, on était en droit d’attendre plus. En somme, l’éléphant annoncé est venu avec un pied cassé. Du coup, d’un côté comme de l’autre, quelqu’un n’a pas tenu parole.
« Le Prd est le 1er parti politique du Bénin. C’est le seul qui a le plus de députés à l’Assemblée nationale, le seul qui a plus d’élus locaux, plus de maires ». Ces déclarations de Me Adrien Houngbédji à Dangbo, lors de l’Université de vacances du Prd, n’ont autre motif que de vendre le produit Prd au chantre du Nouveau départ, lui montrer combien le soutien de ce parti sera déterminant pour conduire à bon port les réformes du Pag. Parti membre du Bloc de la majorité présidentielle, la position du Prd est quelque peu entachée par un péché originel. Celui d’avoir soutenu Lionel Zinsou à la présidentielle de 2016. Dès lors, afin d’effacer cette étiquette d’ouvrier de 25ème heure qui lui colle à la peau, Me Adrien Houngbédji devrait montrer au Chef de l’Etat que le soutien du Prd vaut plus que tout autre soutien même celui des partis qui étaient avec lui dès le départ. Ce coup médiatique dans la perspective d’un remaniement ministériel devrait en fait profiter au Prd, préparer l’opinion et surtout les autres composantes de la majorité présidentielle à accepter le fait que si le Prd devrait avoir plus de ministres dans le gouvernement, ça ne serait que justice. Un piège que Patrice Talon a évité de justesse.
Le Chef de l’Etat, qui n’est pas un ovni politique, a sans doute compris très tôt le risque qu’il encourait en cédant à la pression médiatique du Prd. Donner deux à trois postes ministériels au Prd revenait à faire autant ou plus avec ses soutiens de première heure pour ne pas créer de frustrations inutiles qui pouvaient porter atteinte à la cohésion du groupe et donc mettre à mal ses objectifs. Il lui était donc plus loisible de jouer à l’équilibriste au risque de se faire passer pour celui qui n’a pas respecté ses engagements aux yeux des autres membres du Prd qui salivaient déjà au sujet de leur entrée prochaine au gouvernement.
Possible accord secret entre Talon et Houngbédji
Même si le Prd devrait se contenter d’un seul portefeuille ministériel, la personne de Serge Ahissou pose problème. Voilà quelqu’un dont l’appartenance au Prd n’a été révélée que le jour de sa nomination alors qu’il était jusque-là directeur de cabinet au ministère de l’Economie numérique et de la Communication, un poste éminemment politique. Comment se fait-il donc qu’un membre du Prd était dans le sérail de la Rupture sans que cela ne se sache ? Serge Ahissou est-il vraiment membre du Prd ou c’est juste un ami personnel du président Adrien Houngbédji que l’homme a accepté promouvoir à un poste ministériel au détriment d’autres leaders Prd bien connus du grand monde ? Ce schéma n’est pas à ignorer d’autant plus que le ministère du commerce et de l’industrie est un poste stratégique que pourrait utiliser Adrien Houngbédji pour trouver des marchés aux bailleurs du Prd qui, pour la plupart, sont des commerçants, sans pour autant rendre des comptes au bureau politique du parti. Il aurait dans ce cas l’excuse parfaite, celui de se défendre d’avoir promu un membre Prd et donc de jeter le tort sur le Chef de l’Etat qui n’aurait pas respecté son engagement. Patrice Talon qui a tout à gagner dans un tel marché pourrait jouer le jeu. Si tel est le cas, c’est Adrien Houngbédji qui aurait agi contre les intérêts du Prd. En politique, tous les coups sont permis.
B.H