L’ange nous a quittés. Ne le cherchez pas dans l’au-delà. Mais bien loin de nos arts et cultures. Un secteur qui, contraint à l’agonie, n’est point loin de l’ensevelissement. Soumis à une gouvernance sans partage, faite des sauts d’humeur du locataire, le Ministère du tourisme et de la culture, pendant 18 bons mois, a fini par vivre dans l’isolement. Les acteurs culturels, lassés par le refrain d’une chanson appelée « réforme », dont les issues demeurent jusque-là incertaines, ont dû se résigner pour s’abandonner au miracle salvateur de Dieu. Et puisque l’ange vient d’être débarqué par le violent vent soulevé par le remaniement ministériel du vendredi 27 octobre 2017, passons l’éponge sur son passage et laissons l’histoire et les génies de l’art s’occuper de son sort. A présent, intéressons-nous à Oswald Homeky, lui que nous pouvons désormais, à raison, baptiser, «le bon petit du boss», car, il faut bien mériter la confiance du Chef, pour se voir hisser à cette cime des fonctions républicaines. Désormais maître de la maison culture actuellement en état de dégradation avancé, Oswald Homeky est contraint à l’exploit. Et pour y arriver, il faut agir et bien, en urgence, sur certains dossiers qui ont occasionné la léthargie dans laquelle végète actuellement le secteur.
Premier dossier urgent : Payer sans délai, le complément de la subvention due aux artistes, après la clôture de la saison artistique 2015-2016. La somme due, est d’un montant de 622 millions, abusivement gelés par le ministre Ange N’Koué, dans le but de punir les artistes aux relations soupçonnées trop amicales avec le Directeur général du Fonds d’aide à la culture, Gilbert Déou-Malè, avec qui il a entretenu pendant tout son séjour, une farouche guerre dont les deux sont les seuls à maîtriser les réelles motivations.
2ème dossier urgent : Redonner vie au Fonds d’aide à la culture (FAC), l’unique guichet de financement public de la création artistique au Bénin, qui fait école dans la sous-région, mais que le ministre Ange N’Koué a toujours qualifié de budgétivore. Ici, il ne s’agira pas d’opérer un quelconque miracle. Mais, opérer juste un toilettage du décret portant Attributions, organisation et fonctionnement du Fonds volontairement plongé dans le vide juridique depuis juin 2016. Sans Conseil d’Administration, ce fonds cloue sous le poids de l’inaction avec une Direction Générale contrainte au chômage artificiellement créé par le ministre sorti.
3ème dossier urgent : En 2018, le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), se tiendra comme tous les deux ans. Pour la toute première fois, le régime de la Rupture sera l’artisan de sa réussite, ou de son échec. Que la marque du jeune ministre que vous êtes s’y colle telle une empreinte indélébile pour offrir aux Béninois, un événement digne du style de finesse et de beauté qu’on connaît au Président de la République, et à son ministre que vous êtes.
4ème dossier urgent : reprendre langue avec les acteurs culturels et les cadres du ministère. A ce niveau, il ne s’agit pas de chercher à faire l’unanimité autour de soi, mais privilégier le dialogue afin d’obtenir l’adhésion des acteurs culturels, pour faire renaître dans ce secteur, l’espoir noyé par une série d’actes irritant qui portent la signature de votre prédécesseur aujourd’hui débarqué au grand bonheur des acteurs.
Monsieur le ministre, le chroniqueur que je suis, ne prétend pas détenir l’exhaustive liste des urgences auxquelles il faut favorablement répondre pour redonner vie à nos arts et culture. Mais nous restons convaincus que ces quelques pistes que nous venons d’explorer, vous aideront à vous concentrer sur l’essentiel, histoire de nous aider à panser les plaies de ce passage angéliquement mal négocier, qui continue de faire dresser les cheveux. De toute façon, votre nomination sonne comme un acte providentiel. Votre fougue et vos preuves au Ministère des sports font rêver déjà les acteurs. Parviendrez-vous à combler les attentes si immenses ? Nous pensons que vous en avez les potentialités. Toutes les cartes sont d’ailleurs dans vos mains. A vous de jouer maintenant, monsieur le Ministre.
Donatien GBAGUIDI