Adieu la grève qui secoue depuis plusieurs semaines le secteur de la santé, était-on tenté de dire quand le comité interministériel a annoncé, vendredi 3 novembre dernier, un aboutissement heureux des négociations avec les partenaires sociaux. Mais le collectif des syndicats en grève, de son côté, ne décolère pas et annonce plutôt la poursuite du mouvement de débrayage.
Au total, cinq rencontres successives ont été tenues avec le collectif des syndicats du secteur de la santé pour désamorcer le mouvement de débrayage qui frappe les hôpitaux publics depuis le 30 août dernier. Après les négociations du 28 septembre puis des 6, 12 et 19 octobre derniers, l’offre faite aux syndicalistes de la santé par le comité interministériel présidé par le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané et composé de ses collègues en charge de la Santé, de la Fonction publique et des Finances n’a pas été concluante avant la rencontre du vendredi 3 novembre dernier sanctionnée par une brève déclaration de presse des membres du Gouvernement.
En attendant la reprise des négociations, le 16 novembre prochain, le Gouvernement « donne son accord de principe pour régler, dans les meilleurs délais, les préoccupations relatives à la carrière des agents » et un document faisant le point de l’évolution du traitement des dossiers a été remis aux partenaires sociaux, a déclaré le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané au terme des négociations.
Pour ce qui est des exigences financières des travailleurs de la santé, le Gouvernement, malgré l’état de la situation financière « particulièrement difficile » de l’Etat, s’est tout de même engagé pour le paiement d’une partie de la prime de risque et de la prime de motivation. « Plus précisément, le Gouvernement prend l’engagement de payer immédiatement le tiers de ces deux primes, soit 2 469 158 000 francs Cfa », a indiqué le ministre d’Etat. Les deux autres tiers seront payés sur deux semestres. Ainsi, en un an, le Gouvernement aura soldé les arriérés sur les deux primes.
En définitive, le Gouvernement a marqué sa volonté de satisfaire aux revendications du collectif des syndicats du secteur de la santé et de faire cesser la grève dans ce secteur d’activité très sensible, apprécie Abdoulaye Bio Tchané qui va en profiter pour lancer « un appel solennel aux partenaires sociaux du secteur de la santé en particulier et à tous les travailleurs du ministère de la Santé, à reprendre le travail dans l’intérêt de nos populations »
Pour rappel, quatre revendications essentielles étaient à la base du mouvement de débrayage dans le secteur de la santé. Il s’agit entre autres, de la mise à la disposition des syndicats du rapport de la commission de réformes du secteur de la santé, du rapportage pur et simple de la décision de création d’un comité technique de mise en œuvre desdites réformes, de la mise sur pied d’un comité regroupant les représentants des acteurs sociaux et les différents corps en vue d’étudier à fond le rapport de la commission des réformes et faire les propositions subséquentes?
« La grève continue bel et bien », disent les syndicalistes
Les responsables syndicaux du secteur de la santé semblent toujours se montrer sourds à l’appel à la reprise du travail lancé par le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané à la suite des négociations avec eux. Durant le week-end, plusieurs parmi eux se sont fait entendre et disent n’avoir conclu aucun accord avec le Gouvernement.
« La grève continue bel et bien cette semaine », a confié sans ambages à notre rédaction, Maxime Armand Daga, secrétaire général du Syndicat national des techniciens infirmiers et sages-femmes anesthésistes réanimateurs du Bénin. « Le Gouvernement n’a pris aucun engagement avec le collectif des syndicats du secteur de la santé. Il a pris unilatéralement cette décision en ce qui concerne le dégel de la crise qui secoue le secteur de la santé », laisse entendre le syndicaliste. Selon lui, les déclarations du ministre ne traduisent pas la réalité de la séance tenue avec l’Intersyndicale de la santé. Séance au cours de laquelle « aucun consensus n’a été trouvé », souligne-t-il.
Le compte rendu de ladite séance rédigé par les travailleurs et parvenu à notre rédaction rapporte que la clé de paiement des primes suggéré par le Gouvernement n’a pas reçu l’assentiment de l’Intersyndicale qui s’est montrée intransigeante sur le paiement de la moitié de la prime de motivation de 2007 et le reste suivant leur modalité en deux semestres. « Notre mouvement de grève n’est pas basé uniquement sur de l’argent », nuance ledit compte-rendu. « Si le Gouvernement a fait l’effort de mobiliser 2,4 milliards F Cfa, il peut bien trouver les 600 millions F Cfa restants pour payer la moitié de la prime de motivation, pensent les syndicalistes. D’ailleurs pour eux, le ton n’est pas encore à la radicalisation car, malgré la grève, les populations bénéficient des soins dans les centres de santé.
Quelle va être alors la suite avec ces déclarations contradictoires? L’Intersyndicale de la santé soutient pour sa part qu’il rendra compte des propositions du Gouvernement à sa base qui avisera.
J. F. M.