L’atelier d’appropriation du contenu du budget général de l’Etat gestion 2018 organisé par l’Unaceb et le Parcman au profit des députés de la 7e législature a pris fin le mardi 31 octobre dernier. Beaucoup d’informations utiles aux Béninois ont été livrées au cours de la 2é et dernière journée de ce conclave parlementaire.
Par : El-Hadj Affissou ANONRIN
L’une des premières informations qu’attendaient avec impatience les Béninois concernait le montant du budget général de l’Etat exercice 2018. Elle a été livrée par M. Gratien Laurent Ahouanmènou, conseiller technique à l’économie du Président Adrien Houngbédji. Dans sa communication, il a révélé que « le projet de loi de finances pour l’année 2018 s’équilibre en ressources et en charges à la somme de 1.862,918 milliards de F Cfa, contre 2010,586 milliards de F Cfa en 2017, en recul de 147,668 milliards de FCfa, correspondant à – 7,3% ».
Ce sur quoi M. Ahouanmènou a surtout mis l’accent est la pertinence de ces prévisions budgétaires qui prennent en compte plusieurs recommandations formulées par les députés lors du débat sur l’orientation budgétaire. En effet, la loi de finances gestion 2018 prévoit des options stratégiques dans les secteurs jugés prioritaires. Dans les secteurs productifs par exemple, le budget prévoit de renforcer la compétitivité du tourisme, d’accélérer la mise en oeuvre des programmes de développement des infrastructures énergétiques dans le sens d’une amélioration de la compétitivité territoriale et l’accès des agents économiques à l’offre d’électricité, porter l’eau aux populations sur toute l’étendue du territoire national, étendre la fibre optique aux dix communes restantes et procéder au maillage du territoire national, développer les filières tout en veillant à l’accessibilité des produits agricoles aux populations, développer les infrastructures de transport…Mais….
Une pression fiscale de l’ordre de 14,40% contre 13,4% en 2017
Tout ne sera malheureusement pas rose. Les Béninois devront serrer davantage les ceintures pour permettre au gouvernement d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixés. À cet effet, la pression fiscale sera plus forte avec la reconduction de certaines mesures et la création d’autres mesures fiscales plus corsées que l’année 2017. C’est en tout cas ce qu’on peut retenir de la communication présentée par M. Benjamin Atindéhou, administrateur des impôts à la retraite.
« Le projet de budget soumis à l’appréciation de l’auguste Assemblée Nationale en matière de fiscalité en particulier, repose, entre autres, sur les hypothèses macro-économiques suivantes : un taux de croissance de 6% contre 5,40 attendu à fin décembre 2017, un taux d’inflation de 2,10% en-dessous de la norme communautaire de 3% contre 2% attendu à la fin décembre 2017 et enfin, un taux de pression fiscale de 14,40% contre 13,4% en 2017 », a révélé M. Atindéhou.
De façon plus concrète et au niveau des douanes, il est noté dans la loi de finances gestion 2018 la reconduction de la quasi-totalité de toutes les mesures fiscales contenues dans le budget de 2017 alors que les opérateurs économiques, notamment ceux du secteur des véhicules d’occasion, plaident pour que certaines de ces mesures soient supprimées.
Là où les Béninois auront le plus à serrer la ceinture c’est bien au niveau des impôts. Ils vont beaucoup détrousser. C’est malheureusement le prix à payer pour révéler le Bénin. Voici d’ailleurs quelques morceaux choisis. En 2018, il y aura le relèvement à 20% du taux de retenue à la source sur les revenus fonciers. Ce taux était à 10%. Il est aussi annoncé la réduction à 3 ans au lieu de 10 de la durée de l’exemption relative à la contribution foncière des propriétés bâties et à la taxe foncière unique pour les constructions nouvelles, reconstruction et addition de construction.
La liste n’est pas exhaustive et cela irrite déjà certains opérateurs économiques et spécialistes en fiscalité. « Au lieu de renforcer les taxes et réduire les avantages accordés aux citoyens, il serait mieux pour nos dirigeants de revoir la qualité des dépenses et avoir des marges pour les investissements et le social …», pense le consultant Serge Prince Agbodjan.
Au Parlement, c’est aussi la même réaction qu’ont certains députés. Ils réservent leurs questions au gouvernement qui devra s’expliquer sur ses options fiscales jugées suicidaires contenues dans le budget 2018. Ça promet donc !