Le Conseil des ministres du 2 novembre dernier a décidé de poursuites judiciaires à l’encontre de Laurent Mètongnon, Célestin Ahonon et Moussa Jérémie Mora, tous trois mis en cause dans le rapport de vérification de versement de commissions occultes à des dirigeants de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS).
Laurent Metongnon, Célestin Ahonon et Moussa Jérémie Mora ont du souci à se faire. Respectivement président du Conseil d’administration, directeur général et directeur financier de la CNSS, ces derniers feront l’objet de poursuites judiciaires pour avoir « commis des actes de gestion frauduleuse et bénéficié de commissions occultes » alors qu’ils étaient aux affaires. Il leur est reproché, entre autres griefs, d’avoir « mis en danger l’épargne des cotisants » dans des « opérations de placement hasardeux dans une banque déclarée en difficulté », et qui auraient pu « hypothéquer le paiement des pensions à de milliers de retraités ». Tout part d’une alerte de la Commission bancaire de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) au Ministre de l’Economie et des Finances. Ce dernier diligente une mission aux fins de vérifier les opérations de versement de commissions occultes à des dirigeants de la CNSS sur des dépôts à terme (DAT). Les investigations menées auprès de la Direction Générale de la Banque Internationale du Bénin, où lesdits dépôts à termes (DAT) ont été placés sont révélatrices. Elles révèlent entre autre que, dès 2008, la BIBE s’est trouvée confrontée à des difficultés qui ont amené la Commission bancaire de l’UMOA à décider, le 13 décembre 2011, du retrait de son agrément. Les autorités monétaires et économiques béninoises ont cependant obtenu du Conseil des Ministres de l’UMOA, en mai 2012, de placer l’établissement sous administration provisoire, tout en conservant l’agrément. Le rapport révèle aussi que la CNSS a souscrit ou maintenu des DAT au niveau de la BIBE, en dépit des risques financiers inhérents auxdits placements, contre le versement des commissions occultes à certains dirigeants. Le rapport de vérification de versement des commissions occultes à des dirigeants de la CNSS révèle en outre que le montant des commissions versées en liquide sans décharge au Directeur financier pour le compte des dirigeants de la CNSS concernés est de 71.994.737 FCFA. On note aussi que l’actuel Directeur Général de la CNSS a précisé, au cours des investigations, que la décision de placement des fonds des épargnants est prise par la direction générale après approbation du Conseil d’Administration et de son président. Le rapport révèle en outre que l’analyse des placements effectués, au regard de la situation financière inquiétante de la banque, montre que lesdits placements ne l’ont été que dans le seul intérêt inavoué des dirigeants de bénéficier de commissions occultes, au détriment des intérêts des épargnants et de l’Etat. Le risque financier relatif à cette opération inopportune est disproportionné par rapport aux bénéfices attendus par la CNSS. Au regard de ces révélations, le Conseil des ministres a donc instruit le Garde des Sceaux, Ministre de la justice et de la législation à l’effet d’engager des poursuites à l’encontre de Laurent Metongnon, Célestin Ahonon et Moussa Jérémie, respectivement président du Conseil d’administration, directeur général et directeur financier de la CNSS, au moment des faits.
Laurent Mètongnon dénonce un acharnement contre sa personne
A la suite du conseil des ministres qui a fait cas d’une affaire de 17,5 milliards à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) dont il serait impliqué, le syndicaliste Laurent Mètognon a réagi et dénonce un acharnement du gouvernement contre sa personne. Un acharnement, à le croire contre ceux qui ne parlent pas le même langage que le président Talon.
Invité ce dimanche 05 Novembre 2017 dans l’émission “Sans langue de bois” de la chaîne de radiodiffusion “Soleil Fm”, l’ancien président CNSS, réfute les faits qui sont reprochés contre sa personne dans ce dossier. « Quand on connait la moralité de quelqu’un, on ne l’implique pas dans certaines choses”, dit-il. Selon Laurent Mètognon, en effet, le placement des fonds de la CNSS n’est pas une pratique nouvelle. Il affirme que sous son mandat en sa qualité du président du Conseil d’administration de la CNSS, plus de 160 Milliards de FCFA ont été placés dans plusieurs banques de la place et il met au défi quiconque pourrait apporter la preuve qu’il a bénéficié des commissions, lors de ces placements.
Pour lui, avant d’impliquer quelqu’un dans une affaire et citer son nom sur la place publique, il faut attendre que la procédure judiciaire aboutisse pour confirmer ceux qui ont bénéficié des 72 millions en question.
Laurent Mètognon se dit indigné de constater qu’il y a dans ce gouvernement, des personnalités comme Abdoulaye Bio Tchané et Iréné Koupaki et qu’un inspecteur des finances puisse conduire une commission et accuser des gens sans les écouter. Il met également le gouvernement en garde contre « toute tentative de fabrication de preuves ou de pression exercée dans le seul but de faire impliquer sa personne dans cette affaire dans laquelle il n’a aucune responsabilité ».
Selon le compte rendu du dernier conseil des ministres, la CNSS a placé plus de 17 Milliards de FCFA durant la période de 2014-2015 sous la forme de DAT à la Banque Internationale du Bénin (BIBE) qui serait en ce moment en difficulté financière. Ce placement, selon le conseil des ministres, a été fait dans l’intention pour les déposants de se partager la commission de 72 Millions de FCFA générée par ce fonds. L’ex directeur général de la CNSS, Célestin Ahonon est aussi cité dans cette affaire.
Wandji A.