Le collectif des syndicats du secteur de la santé poursuit sa grève démarrée depuis deux mois sur toute l’étendue du territoire national. Et ceci, malgré sa rencontre avec le Gouvernement, vendredi 3 novembre dernier. Le collectif envisage même une grève sans service minimum.
Du communiqué relatif à la rencontre du Gouvernement et du collectif des syndicats du secteur de la santé tenue le vendredi 3 novembre dernier, il ressort que le Gouvernement a donné satisfaction aux revendications du collectif des syndicats du secteur de la santé en grève. Cette affirmation a été balayée d’un revers de main par le coordonnateur de l’Intersyndicale des ressources humaines de la santé et porte-parole du collectif des syndicats du secteur de la santé, Adolphe Houssou.
Pour lui, il s’agit « d’un marché de dupes ». Car, justifie-t-il, aucun protocole d’accord n’a été signé entre les deux parties. « Alors que les syndicats se concertent pour présenter leurs amendements au rapport à polémique de la commission, les trois représentants du Gouvernement ont organisé une conférence de presse au cours de laquelle ils ont annoncé le dégel de la grève dans le secteur de la santé », a confié le porte-parole du collectif. Dans une négociation, précise-t-il, il faut laisser une conclusion avant de poser n’importe quel acte. Et sans une conclusion, on ne peut donner une conférence de presse. Adolphe Houssou estime qu’à travers ses ministres, le Gouvernement est plutôt en train de rompre la négociation.
Car, la préoccupation prioritaire du collectif, dit-il, n’avait jamais été le paiement des primes de risque et de motivation dont le tiers serait réglé immédiatement, soit 2 469 158 000 francs Cfa, les deux tiers restants sur deux semestres. Ainsi, en un an, le Gouvernement aura soldé les arriérés sur les deux primes, indique la déclaration.
Mais le principal sujet qui fâche, ce sont les réformes qu’envisage le Gouvernement dans le secteur. Les praticiens hospitaliers ne digèrent pas que l’Exécutif veuille faire leur bonheur sans eux. « Tout ce qui est dans les réformes n’est pas bon. Il y a des choses à soustraire et d’autres à ajouter. Nous ne sommes pas contre la réforme mais au contraire, nous sommes pour la réforme mais une réforme inclusive », insiste-t-il. Il ajoute que tout porte à croire que le Gouvernement ne veuille pas qu’on touche à son plan de réformes tel que conçu. « Sinon que le collectif leur a signifié que ses amendements étaient déjà prêts et que ce n’est plus le moment de dire que le Gouvernement attend les praticiens de la santé », indique le porte-parole. Il n’approuve pas la déclaration du Gouvernement qui annonce qu’un comité a été mis sur pied pour se pencher sur la question, le 16 novembre prochain, alors que des agents sont sans salaire à la date d’aujourd’hui. Au même moment, 25 autres agents qui ont normalement passé le concours sont encore sans contrat et donc sans salaire. Les salaires de ces 25 agents ne font pas encore 3 000 000 F Cfa. « Tant que le Gouvernement ne va pas nous écouter, nous observerons toujours des grèves à intensité croissante », a-t-il menacé. Même des agents reversés avec contrat en main sont également sans salaire, a-t-il signalé. Ceux-ci sont près de 85 avec des salaires qui ne font pas au total 6 000 000 F Cfa de salaire mensuel. La Cnss ne paierait pas correctement certains agents envoyés à la retraite prématurément. A tout cela, s’ajoute la disparité de salaires.
« Si le Gouvernement agit ainsi, c’est parce qu’il a la pression de la population et tente de nous livrer aux députés et à la population. Toutefois, le collectif reste ouvert pour apporter ses amendements afin que les grèves cessent et que la santé des populations soit préservée », assure Adolphe Houssou?
Désiré GBODOUGBE