La grève se poursuit dans les hôpitaux. Les grévistes dénoncent la trahison du gouvernement.
Le ton est plus que jamais à la révolte dans le rang des responsables syndicaux du secteur de la santé. La sortie médiatique du gouvernement en fin de semaine écoulée n’a fait qu’envenimer la situation. Tout en désapprouvant le point des négociations fait par le ministre d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané, ces derniers dénoncent un marché de dupe et menacent simplement de durcir le ton. La crise dans le secteur de la santé est encore loin d’être désamorcée.
« Nous allons répondre à la ruse par la rage », a menacé le porte-parole du Collectif des syndicats de la santé. Si le gouvernement estime avoir donné satisfaction aux principales revendications des partenaires sociaux du secteur, le Collectif des syndicats de la santé reconnait qu’aucun accord n’a été trouvé et qu’il sera bientôt question d’intensifier le mouvement de paralysie. A en croire le ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané, Président du comité interministériel des négociations gouvernement-syndicats, « le gouvernement a accédé à toutes les revendications des travailleurs. » Concernant le paiement des primes de motivation et de risque, le gouvernement a décidé de payer immédiatement le tiers de ces deux primes et le reste en deux semestres. Pour ce qui est des revendications relatives à la gestion des carrières, le ministre a annoncé que « le gouvernement ensemble avec les syndicats ont mis sur pied des commissions techniques conjointes qui travaillent déjà au règlement de ces problèmes. » Quant à la revendication liée aux réformes, le ministre d’État a fait savoir que « le rapport a été remis aux syndicats qui devront le lire et faire leurs observations au comité chargé de la mise en œuvre des réformes. » Alors que le gouvernement appelle à une levée de la motion de grève, l’Intersyndicale des ressources humaines en santé (Irhs) a, dans un compte rendu, fait savoir que rien de concret n’a été décidé pour suspendre la grève. D’après ce rapport de l’Irhs, les discussions autour des doléances d’ordre administratif sont reportées pour le 16 novembre 2017 et sur les questions de primes, les responsables syndicaux ont exigé du gouvernement, le paiement de la moitié de la somme due immédiatement et le reste sur deux semestres. Ce que le gouvernement n’a pas approuvé. Concernant les réformes, le rapportage de la décision de mise sur pied de la commission en œuvre des réformes est encore loin d’être un acquis. Les syndicalistes ont alors exigé du gouvernement, une séance pour débattre des amendements sur le rapport de la Commission des réformes. Les syndicats de la santé n’entendent pas lâcher prise sans une satisfaction totale de leur plateforme revendicative et annoncent déjà une gigantesque marche de protestation dans l’Ouémé dans les tout prochains jours. « La grève continue. S’ils pensent vouloir désamorcer la crise ainsi, ils se trompent. Nous allons tenir des assemblées générales sur toute l’étendue du territoire national. Ce mardi, nous serons à Calavi. Et après la tournée d’échanges avec nos bases, nous allons tenir une marche de protestation dans l’Ouémé. Ils sont dans une dynamique de communication pour démobiliser la troupe. Nous n’allons pas laisser faire » a confié le porte-parole du Collectif des syndicats de la santé, Adolphe Houssou joint au téléphone. Voilà qui complique davantage la situation déjà critique dans le secteur sanitaire. Cependant, les responsables syndicaux se disent disponibles pour poursuivre le dialogue avec le gouvernement.
Aziz BADAROU