Pendant que le ton est plus que jamais à la révolte dans le rang des responsables syndicaux du secteur de la santé, le gouvernement pourrait recourir à la manière forte pour tenter de faire plier les agents de santé en grève depuis le 30 août 2017. En effet, face à la presse hier, mardi, 07 novembre 2017, le ministre de la santé, Alassane Seidou a accusé les responsables syndicaux de vouloir faire perdurer la grève malgré l’avancée des négociations. D’après sa déclaration, le gouvernement pourrait brandir la menace de défalcation…
« Je voudrais souligner que l’Etat ne saurait continuer d’utiliser les ressources du contribuable pour payer les salaires et primes à des agents qui refusent délibérément d’accomplir leur devoir.» C’est ce qu’a laissé entendre hier le ministre de la santé, Alassane Seidou au cours de sa sortie médiatique. Désapprouvant le fait que les syndicats de la santé poursuivent le mouvement de paralysie des hôpitaux malgré les concessions faites par le gouvernement pour satisfaire aux revendications, le gouvernement envisagerait-il de procéder à des défalcations sur les salaires des agents pour fait de grève ? En tout cas, c’est que l’on peut aisément déduire de la déclaration de l’autorité ministérielle. Voilà qui pourrait envenimer davantage la situation déjà critique dans ce secteur aussi sensible. Joint au téléphone dimanche dernier, le porte-parole du Collectif des syndicats de la santé, Adolphe Houssou avait déjà annoncé que le plan du gouvernement serait de les décrédibiliser aux yeux des populations afin de procéder à des défalcations sur leurs salaires.
Et voilà, le morceau semble avoir été lâché. L’Etat ne saurait continuer à payer les salaires et primes à des agents qui refusent délibérément d’accomplir leur devoir, selon les ministres. C’est désormais clair, les défalcations sont brandies comme menace pour contraindre les agents à retourner au travail. En face, les agents de santé n’entendent point démordre et annoncent même une gigantesque marche de protestation dans l’Ouémé. Evoquant les mesures pratiques prises par le gouvernement, le ministre affirme que « par rapport au paiement des arriérés de prime de motivation et de risque, un montant de deux milliards quatre cent soixante-neuf millions cent cinquante-huit mille (2.469.158.000) soit le tiers du montant total dû depuis 10 ans, seront immédiatement débloqués au profit des travailleurs.
Les deux autres tiers seront payés sur deux semestres de manière à solder au plus tard en décembre 2018 la totalité des arriérés. En ce qui concerne les doléances d’ordre administratif et relatives à la carrière des agents, les instructions sont données à toutes les structures impliquées pour que les diligences nécessaires soient faites pour une prise en compte rapide des préoccupations des travailleurs. Le rapport de la commission des réformes a été remis au collectif des syndicats depuis le 18 Septembre 2017. Nous attendons de recevoir leurs observations et contributions pertinentes.
A ce propos, vous pouvez vous-mêmes relever qu’il est curieux que près de deux mois après réception dudit rapport, les partenaires sociaux n’aient formulé aucune observation ni suggestion, mais s’emploient à dénoncer des choses qui n’existent d’ailleurs pas au rapport, et parcourent les plateaux de télévision pour critiquer au lieu de soumettre leurs observations. Quant à l’exigence de rapporter la décision de création du comité technique de mise en œuvre desdites réformes, le Gouvernement estime que les partenaires sociaux vont au-delà de leurs prérogatives. Cette revendication est de nature à empêcher la concrétisation des réformes qui sont opportunes et indispensables pour apporter des solutions aux maux qui minent le secteur de la santé.
Mais comme je l’ai mentionné plus haut, le Gouvernement reste entièrement disponible pour considérer les propositions pertinentes que feront les partenaires sociaux suite à l’examen du rapport.» Tout en exprimant son étonnement face à la poursuite du mouvement de paralysie malgré les mesures prises par le gouvernement, le ministre estime que les responsables syndicaux du secteur distillent des contre-vérités dans l’opinion publique. Selon ses dires, il n’est point question, dans les réformes, de privatiser les hôpitaux ni de remettre en cause les acquis des travailleurs. Pour lui, l’effectif pléthorique des syndicats dans le secteur de la santé n’est pas de nature à favoriser un dialogue efficace. Le bras de fer se poursuit et le calvaire des patients inquiète !
Aziz BADAROU