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Séraphin Adimou se prononce sur la situation politique nationale: « La RB n’a rien à voir avec le dernier remaniement »
Publié le mercredi 8 novembre 2017  |  L`événement Précis
Séraphin
© aCotonou.com par DR
Séraphin Adimou,ancien chef d’arrondissement central Vidolé d’Abomey membre de la Renaissance du Bénin (RB)




Séraphin Adimou fait encore parler de lui. L’ancien chef d’arrondissement central Vidolé d’Abomey occupe à nouveau le devant de la scène, en réaction au dernier remaniement ministériel. Ce fidèle inconditionnel de Léhady Soglo parle de la position officielle, de son parti la Renaissance du Bénin (RB) par rapport au pouvoir du président Patrice Talon. Selon lui, les nouveaux choix au sein du gouvernement n’engagent en rien son parti. Il s’est également prononcé sur le Recensement Administratif à Vocation d’Identification de la Population(Ravip) et la situation sociale du pays. Séraphin Adimou demeure l’une des rares voix proches de Léhady Soglo à prendre la parole publiquement depuis l’ouverture de la crise au sein du parti. Un entretien sans tabous et sans complaisance vis-à-vis du régime actuel tout en rendant hommage au nouveau ministre de la Défense, Nouwatin, son collègue du conseil municipal et ancien membre de la RB.

L’Evénement Précis : Il y a quelques jours, le chef de l’Etat a annoncé la composition de son deuxième gouvernement. Qu’est-ce que cela suscite chez vous en tant qu’acteur politique ?
Un remaniement ministériel est un acte de haute portée politique qui obéit à plusieurs contingences. Après 18 mois de gestion, le chef de l’Etat, le président Patrice Talon a certainement senti la nécessité de maintenir le cap en donnant un nouveau souffle à son équipe. En effet, l’ossature du gouvernement n’a pratiquement pas varié. Les principaux ténors sont restés en place.

Avez-vous espoir que cette équipe pourrait combler les attentes des populations ?
Entre nous, monsieur le journaliste, il s’agit de la même équipe autrement composée. Tel que remanié, le gouvernement actuel est presque le même que le précédent, en terme d’orientation politique et économique. Le seul discours nouveau qui apparait porte sur la question du social à travers les médias qui prétendent que la création des ministères de l’emploi des jeunes, des micro finances et aussi celui des affaires sociales ouvrirait la voie à plus de social.
Une manière peut-être de modifier l’image d’un président Patrice Talon dont le gouvernement n’était pas très réputé pour se pencher sur les pauvres et les couches les plus démunies. Jusque là, on a eu droit à des liquidations tous azimuts de structures autrefois sous contrôle de l’Etat, à la remise aux entreprises privées de plusieurs services publics, à une lutte implacable contre les petits vendeurs de rue, à des grèves de plus en plus sauvages dans l’administration publique et la multiplication des conflits ouverts entre le gouvernement et les communes.

Vous semblez très remonté contre le pouvoir Patrice Talon…
Pas du tout, le président Patrice Talon est un frère. C’est une fierté pour Abomey que l’un de ses fils soit à ce poste de responsabilité. Mais la gestion des affaires de l’Etat exige de tous les citoyens une vigilance permanente. Les privilèges de quelques-uns d’entre nous ne suffisent pas pour satisfaire les besoins de la grande majorité. Au niveau de notre parti La Renaissance du Bénin, l’indicateur principal, c’est la vie des Béninois qui ne mangent plus à leur faim, dont les enfants manquent de table et banc pour les élèves, les paysans ne parviennent plus à écouler les produits vivriers parce que toutes les attentions sont focalisées sur le coton sans oublier nos enfants de Gogounou, de Porga, de Dangbo, de Dogbo et d’ailleurs qui sont à la maison faute d’infrastructures scolaires.

Pourtant, plusieurs responsables de votre parti la RB ont déclaré leur soutien au gouvernement. Certains avaient même été pressentis pour entrer au gouvernement…
La Renaissance du Bénin n’a rien à voir avec le dernier remaniement. Je suis bien placé pour le savoir. A aucun moment, notre parti ne s’est officiellement prononcé pour un soutien au gouvernement. Même ceux d’entre nous qui pensaient avoir bien agi en déclarant leur flamme au gouvernement dit de la Rupture n’ont pas été appelés.
Il y a actuellement, en cours, une opération de destruction du parti et de ses organes légitimes en complicité avec certains de nos anciens camarades pour des motivations dont eux seuls maîtrisent les contours. Quelque part, ils ont réussi à fragiliser le parti, notamment dans son rayonnement sur le plan national. Vous avez remarqué que notre voix, la voix de notre parti s’est presque éteinte au niveau du parlement. N’eût été le combat épique de la présidente fondatrice Rosine Vieyra-Soglo, plus personne n’entendrait la Rb au sein de l’hémicycle. Nos autres élus ayant décidé de rentrer dans les jeux du pouvoir à qui ils servent désormais de bras armés parfois contre les intérêts du parti et de ses dirigeants.
C’est d’ailleurs le lieu de rendre hommage encore une fois à la doyenne d’âge de l’Assemblée qui, à elle seule, a incarné la lutte héroïque des députés de la minorité contre la révision de la constitution. Mais la défection de nos camarades élus a fait que la Rb ne parvient plus à tenir le rang qui a été toujours le sien sur l’échiquier politique national. Nous n’avons, aujourd’hui, plus de groupe parlementaire ; nous n’avons pu placer aucun de nos représentants dans le comité de supervision du RAVIP ; nous n’avons plus la mairie de Cotonou ; partout nos militants reconnus fidèles à la ligne de leurs dirigeants légitimes sont traqués.

La RB légitime dont vous parlez est-elle de l’opposition ou de la mouvance?
Je vois que c’est une question qui préoccupe beaucoup de nos compatriotes. Au lendemain des déchirements internes nés des présidentielles, le président Lehady a entrepris une série de consultations en vue d’une réunification du parti pour un nouveau départ. Cela allait déterminer le choix entre soutenir le pouvoir ou faire l’option de l’opposition. A cet effet, vous n’êtes pas sans savoir que le spectacle qu’avait offert la direction du parti lors de la campagne présidentielle de 2016 n’arrangeait pas les choses. Il fallait travailler à remettre la présidente fondatrice Rosine Vieyra-Soglo ainsi que le leader charismatique du parti, le président Nicéphore Soglo dans une nouvelle dynamique avec l’ensemble des structures du parti. Mais les nouveaux maîtres du pays ne nous ont pas laissé le temps de mener cette phase dans la sérénité et la vérité.

Finalement, vous vous sentez plus proche de la mouvance ou de l’opposition ? Que retenir de votre position officielle ?
Vous n’êtes pas sans savoir que le parti est en proie actuellement à une procédure judiciaire après les nombreuses attaques et provocations dont il a été victime avec l’aide de certains de nos camarades à qui nous continuons d’ailleurs de tendre la main. Le débat le plus important, ce n’est pas de savoir qui est pour ou contre le gouvernement face au fait de dégager violemment des vieilles femmes, de jeunes gens et de pauvres citoyens des lieux où ils gagnent leur vie sous prétexte de rendre la ville belle. Il ne s’agit pas d’être pour ou contre le gouvernement lorsqu’un projet de révision de la constitution est conduit et n’inclut pas une large réflexion au sein du peuple. Face à ses défis, notre parti et ses dirigeants n’ont pas hésité à faire le choix des populations sans voix. Le maire de Cotonou Léhady Vinagnon a payé de son poste son hostilité aux déguerpissements violents et inhumains des populations sans aucune mesure d’accompagnement. La présidente doyenne d’âge du parlement est l’objet de toutes les tentatives d’humiliation, de déchéance et de provocation depuis son combat qui a mis en échec le projet de révision de la constitution. Les attaques n’ont pas épargné l’ancien président de la République, Nicéphore Soglo, notre leader charismatique accusé de se faire indument payer ses frais d’eau et d’électricité. Nous subissons donc tout un déferlement de violence, d’humiliation, de dénigrement. Mais nous avons vu pire.

Il doit y avoir quand-même des points qui vous ont satisfait depuis l’avènement du président Talon. Que pensez-vous du Ravip par exemple ?
Je vous ai déjà dit que nous n’en avons pas eu le temps avant que la ruse et la rage ne nous envoient devant les tribunaux. Nous allons nous en sortir bientôt et vous connaîtrez clairement notre position. Pour le moment, nous sommes dans la résistance pour préserver notre identité.
Pour ce qui concerne le Ravip, c’est une très bonne opération utile pour le développement. Pour quelqu’un de très attaché à la décentralisation comme moi, ce serait une grande prouesse pour le Bénin de réaliser enfin une modernisation de son état civil. Mais en tant qu’enseignant-éducateur, j’ai un petit pincement au cœur pour ne pas dire une indignation en voyant nos écoles dans un dénuement aussi honteux. Je le dis parce que nous devons faire des choix pour nos populations. Je me souviens qu’au début de cette affaire de Ravip, les prévisions du gouvernement faisaient de 10.000 Fcfa à payer par chaque Béninois pour son inscription sur la liste. Les débats parlementaires ont permis de retirer cette disposition. Cela ne veut pas dire que les caisses de l’Etat vont supporter ces 100 milliards (10.000 x 10 millions de Béninois) sur nos impôts donc de nos poches. Pendant ce temps, vous comptez 70 élèves par classe dans nos écoles. Comment acceptons-nous que nos enfants ne puissent pas bénéficier de toilettes décentes dans leurs écoles ? Certains s’asseyent carrément à même le sol pour suivre les cours et parfois pour manger dans les cantines scolaires. Faire ces débats, ce n’est pas être contre quelqu’un. On ne peut pas me dire qu’on a sorti plus de 100 milliards pour moderniser le fichier d’Etat civil au moment où les hôpitaux sont en grève et que meurent des femmes en couche, faute de personnel soignant.
Je ne critique pas et ne remets pas en cause le Ravip. Il est déjà lancé et nous avons intérêt qu’il aboutisse, autrement le Bénin aurait perdu des milliards encore dans cette affaire. Mais il nous faut revoir nos priorités et mettre l’homme au centre de tous nos actes de gouvernance.

Votre mot de la fin
C’est à l’endroit des militants Rb qui vivent très mal dans leur peau les humiliations, les violences et la tendance à écarter le parti de tous les débats nationaux. Nos élus sont réduits au silence, sans leader, sans visibilité et sans boussole. Le combat pour la vérité est à ce prix. Il nous faut nous resserrer davantage autour de notre président légitime Léhady Vinagnon Soglo dont le leadership continue de maintenir la troupe en alerte. Très bientôt, nous retrouverons toute notre cohésion, ensemble avec tous ceux qui veulent poursuivre l’œuvre entamée sans arrières pensées aucune. Je voudrais avoir une considération pour le nouveau ministre de la Défense qui a quitté la Rb depuis 2015 pour rester fidèle au président Talon qui a fini par l’appeler à ses côtés. C’est un frère et collège du conseil municipal d’Abomey en qui je reconnais des compétences avérées. Bonne chance à lui.
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