Procès Rb hier : Magistrats et greffiers portés disparus

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Publié le jeudi 9 novembre 2017 | Matin libre

© Autre presse par DR
Justice

(l’Etat de droit en péril, Me Robert Dossou menace de faire une conférence de presse)
Le Tpi de Cotonou a offert un triste spectacle hier lors du procès Rb opposant le camp Léhady Soglo à l’aile Abraham Zinzindohoué. Après plusieurs semaines de procès, la justice devrait situer les deux parties. Mais plusieurs Renaissants ont été déçus. Dans la matinée, le juge a réglé quelques questions non moins importantes. Il constatera entre autres le désistement des avocats du camp Soglo de la procédure enclenchée auprès du juge des référés (procédure liée à l’organisation du congrès d’Abomey). L’audience a ensuite été renvoyée dans l’après-midi à 15 h. Mais elle n’aura jamais lieu. En effet, les magistrats et les greffiers sont restés introuvables. Leurs bureaux étaient hermétiquement fermés. Même les avocats du camp frondeur qui sont revenus au tribunal ont disparu. Me Robert Dossou, l’un des avocats de la Rb/aile Léhady Soglo n’a pu contenir sa déception. A l’entendre, la disparition des magistrats et des greffiers était inquiétante. L’ancien Doyen de la Faculté de droit et de science politique de l’Université d’Abomey-Calavi a montré que conformément à la loi, le délibéré ne pouvait être prorogé plus de deux fois puisqu’il l’était déjà pour une première fois le lundi dernier.

Selon nos sources, tout ou presque prouve que l’aile Léhady Soglo remportera la bataille judiciaire. Mais le gouvernement fait feu de tout bois pour obtenir la décision contraire. A en croire les mêmes sources, un membre du tribunal aurait subi une forte pression. Le pouvoir menacerait d’annuler la nomination de sa femme promue à un poste important aux Etats-Unis si ce dernier ne prenait pas fait et cause pour les adversaires de Léhady Soglo. En effet, le juge en question avait déjà rejoint son épouse aux Etats-Unis. Le couple aurait même déjà inscrit leurs progénitures dans une école américaine. Il était donc venu spécialement pour la délibération. Mais avant de donner le verdict aux deux camps, les trois juges s’étaient réunis pour prendre leur décision. Celle-ci était en faveur du camp Léhady Soglo. Le pouvoir ayant eu vent de ça, a mis la pression sur le juge dont la femme a été promue. On lui a demandé de tout faire pour empêcher que la décision ne soit rendue en faveur de Léhady Soglo au risque de voir la promotion de sa femme annulée et le couple rapatrié au Bénin. C’est alors que le juge aurait usé de force pour empêcher le délibéré, s’est emparé du document et a disparu. Face à cette situation inédite, la présidente a suspendu la séance. Ne pouvant plus reporter une deuxième fois le délibéré, les juges ne savaient plus que faire. Ils ont alors vidé le Palais de justice de même que les greffiers. Les avocats de Léhady Soglo, avec à leur tête Me Robert Dossou, ont attendu en vain avant d’aller constater que les portes des bureaux des juges et greffiers étaient closes.

Me Robert Dossou menace de faire une conférence de presse

Ce qui s’est passé hier au Tribunal de première instance de Cotonou dépasse l’entendement. Qu’un juge en arrive à empêcher qu’une décision, à laquelle il a pourtant pris part, soit rendue, cela ne s’était jamais produit auparavant. Selon les textes, un juge qui se rend coupable d’un tel acte doit être purement et simplement radié. Et Me Robert Dossou est bien décidé à ne pas laisser impuni un tel acte qui jette du discrédit sur la justice béninoise. Il menace de faire une conférence de presse à Cotonou comme à Paris pour prendre à témoins la communauté internationale. Et vu le parcours de l’homme, ancien bâtonnier, ancien doyen de la faculté de droit, plusieurs fois ministre, ancien président de la Cour constitutionnelle, il jouit d’une crédibilité après de la communauté internationale. Me Robert Dossou compte exiger la radiation du juge et si cette conférence de presse a lieu, c’est l’image du Bénin qui sera écorchée. Le président du Tribunal doit prendre la mesure de la gravité de la situation, user de sa sagesse légendaire pour juguler cette crise pour que la justice béninoise en sorte grandie.

M.M