Le chef de l’Etat, Patrice Talon et le collectif des syndicats du secteur de la santé se sont rencontrés le samedi 11 novembre au palais de la présidence. Au menu des discussions, la grève déclenchée depuis plus de deux mois par les travailleurs pour exiger la satisfaction d’un certain nombre de revendications.
La grève enclenchée du collectif des syndicats du secteur de la santé a connu un nouvel épisode samedi dernier avec la rencontre entre le président de la république et les grévistes. Organisée pour trouver une solution à une situation devenue délétère et dont pâtissent hommes, femmes, enfants et bébés dans les formations sanitaires publiques, la rencontre a été l’occasion pour le président Talon d’échanger « face à face » avec les grévistes. Entouré de quelques membres de son gouvernement, Patrice Talon a commencé par trouver légitime la doléance des travailleurs concernant la revalorisation du personnel. Au sujet de leurs revendications liées aux réformes qu’il a engagées pour rendre le système sanitaire béninois plus performant, Patrice Talon n’est pas allé par quatre chemins pour dire à ses interlocuteurs ce qu’il en pense. « Il n’est pas du rôle des syndicats de conduire les réformes, ni de demander de surseoir aux travaux de la commission », leur a-t-il martelé. « C’est là que je ne vous comprends pas. Vous inscrivez comme motif de grève, le fait que le gouvernement exprime une intention d’opérer des réformes dans le secteur et met en place une commission qu’il a composée à son goût, et cela relève de ses prérogatives », ajoutera le chef de l’Etat qui s’est insurgé contre un mouvement de grève « illégal », « immoral », « illégitime ». Le chef de l’Etat a en outre balayé certaines rumeurs qui circulent au sujet des propositions faites par la commission des réformes de mettre en affermage les hôpitaux publics et mettre en concession le Centre national hospitalier et universitaire (Cnhu), l’hôpital de référence du Bénin. Selon Talon, « il n’a jamais été question de privatiser le Cnhu. Au sujet des doléances d’ordre financier, Patrice Talon a fait un bref rappel aux syndicalistes sur l’apurement de certains arriérés de primes. Plus de 18 milliards de dettes ont été épongées par son gouvernement en 18 mois de gestions. Montrant les efforts déjà accomplis par son régime, il a dit qu’il est impossible d’aller au crédit pour payer les salaires. Sur cette base, il a souhaité que les grévistes reconnaissent que l’engagement de payer le tiers des dettes et le solde au cours de l’année prochaine est un signal de bonne volonté de sa part. A la suite du chef de l’Etat, les membres du collectif dont Adolphe Houssou, le porte-parole, et Basilia Odjoubè Ahouansou, membre de la délégation ont pris la parole. Ils n’y sont pas allés de main morte contre la commission des réformes, dénonçant un défaut de communication, un « climat suspicieux » et la manière avec laquelle la commission a restitué ses travaux, le 10 mai dernier. Patrice Talon qui a rassuré les syndicalises en a appelé à leur fibre patriotique, les exhortant à œuvrer pour la reconstruction du Bénin. « Nous sommes sortis avec une petite satisfaction. Le président de la République est ouvert. Il a bien communiqué avec nous. On s’est bien exprimé. Permettez que j’aille rendre compte à ma base. Là, je porterai la voix de tout le monde », a déclaré Adolphe Houssou au sortir de la rencontre. Signe que l’espoir de la fin de la grève est permis, les partenaires sociaux ont accepté les propositions du chef de l’Etat et promis de signer ce jour, lundi 13 novembre, un protocole d’accord pour la sortie de crise.
Flore S. NOBIME