Dakar - Des dirigeants africains ont appelé lundi à aider leurs Etats à assurer leur propre sécurité, à l'ouverture de la quatrième édition du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.
"La réponse militaire doit être solidaire et globale pour ne laisser aucun sanctuaire aux groupes terroristes", a déclaré le président sénégalais Macky Sall, en présence de ses homologues rwandais Paul Kagame et malien Ibrahim Boubacar Keïta.
"Le risque aujourd'hui, c'est de voir des terroristes vaincus ailleurs chercher des zones de repli en Afrique", a dit M. Sall, en référence notamment aux revers subis par le groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie.
"Il faut se garder des solutions toutes faites, conçues sans les Africains", a-t-il ajouté. "Les conséquences de ces interventions, nous les vivons au Sahel, sont souvent pires que le mal qu'elles étaient censées soigner", a-t-il ajouté, faisant allusion à l'intervention occidentale en
Libye en 2011.
La ministre française des Armées, Florence Parly, a salué la mémoire des victimes des attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts à Paris et dans sa banlieue.
"Nous n'oublions pas que nos amis africains savent ce que signifie d'être frappé dans sa chair par la barbarie terroriste", a-t-elle dit, réitérant le soutien de la France à la "force conjointe" de lutte contre les jihadistes que sont en train de constituer les pays du G5 Sahel, avec l'appui de la force
française Barkhane déployée dans la région (4.000 hommes).
La force du G5 Sahel (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso et Mauritanie) est "une initiative africaine qui est un succès", a assuré la ministre française.
"Je crois que c'est cela le sens de l'Histoire", a-t-elle commenté en répétant qu'il était "important que la communauté internationale apporte son plein soutien à cette initiative".
"L'idée (de cette force) moquée, raillée au départ, a je crois aujourd'hui convaincu de sa pertinence", a affirmé de son côté M. Keïta, président en exercice du G5 Sahel.
"Quand on voit comme on mégote aujourd'hui le financement dont nous avons besoin pour une oeuvre commune...", a-t-il déploré, alors que la force conjointe peine à attirer des financements, au-delà des contributions promises par la France, l'UE et les Etats-Unis.
Selon le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, "la force multinationale contre (le groupe jihadiste nigérian) Boko Haram et (celle du) G5 Sahel sont les dernières illustrations de la doctrine africaine des opérations de soutien à la paix".
"Il est de la plus haute importance que les Nations unies apportent le soutien requis à ces initiatives pour leur permettre de réaliser leur potentiel", a-t-il plaidé.
M. Kagame, qui présidera l'UA en 2018, a exhorté ses pairs africains à se prendre en main. "Si nous laissons les autres définir nos défis et prendre la responsabilité de régler nos problèmes, nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous-mêmes", a-t-il lancé, tout en reconnaissant l'importance de la coopération internationale.
"Il faut que l'Afrique prenne en charge sa sécurité, mais pour cela il faut que nos partenaires nous accompagnent", a insisté le Macky Sall. "La maintenance des force, les indemnités à payer, le comblement d'effectifs...
Là, l'Union européenne, les Nations unies pourront venir en appoint. Mais la base doit être assurée par les Africains".
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