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Enseignement supérieur : Le Ministre Attanasso met en doute les compétences nationales
Publié le mardi 14 novembre 2017  |  Matin libre
Marie-Odile
© aCotonou.com par Didier Assogba
Marie-Odile Atanasso, La ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, lors de l`atelier national d’échange des organisations de la société civile et des élus locaux sur la localisation des ODD
Palais des congrès de Cotonou, lundi 21 novembre 2016. Atelier national d’échange des organisations de la société civile et des élus locaux sur la localisation des ODD




(ATTANASSO bloque le recrutement dans l’enseignement supérieur)
Tout porte à croire aujourd’hui que madame le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique met en doute les compétences des enseignants du supérieur nationaux à former des docteurs pour servir dans l’enseignement supérieur au Bénin. C’est ce à quoi on est tenté de penser après avoir écouté le ministre lors de sa dernière sortie médiatique sur l’Ortb où elle mettait l’accent sur les enseignants de la diaspora qu’elle compte recruter pour servir désormais au Bénin. Les docteurs en instance de recrutement ont fustigé cet état de chose lors de leur dernière assemblée générale tenue au campus d’Abomey-Calavi.

L’Université d’Abomey-Calavi ne pourra pas combler les besoins en enseignants même avec un recrutement de 2730 enseignants. Même si l’on se réfère au PAG du gouvernement du Président TALON et que les 1600 enseignants prévus sont recrutés dans les Universités publiques, on sera encore loin du compte et c’est le système LMD en vogue dans les Universités du CAMES qui en souffrira encore longtemps. Dans les universités publiques du Bénin, le nombre d’étudiants ne cesse de croître au fil des années. La professionnalisation de la formation de ces étudiants suppose un meilleur encadrement. Mais, force est de constater que le nombre d’enseignants dans les universités diminue chaque année du fait des nombreux départs à la retraite alors que le nombre des étudiants augmente chaque année. Dans ce contexte, une initiative (100 enseignants par an) avait été prise par les gouvernants depuis l’année 2008 pour combler le déficit d’enseignants dans les Universités publiques. Mais, ce nombre se révèle aujourd’hui insuffisant pour faire face au nombre d’étudiants sans cesse croissant et surtout à cause du grand nombre de départ à la retraite des enseignants du supérieur depuis 2016. Et c’est dans ce contexte déjà difficile pour les Universités publiques que le recrutement dans l’enseignement supérieur est bloqué depuis l’avènement à la tête du Ministère de l’Enseignement supérieur, La Ministre Odile ATTANASSO.

Selon les conclusions du séminaire de Bohicon organisé par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique sur la mise en œuvre du système Licence-Master-Doctorat (LMD), il est à retenir que ledit système est irréversible. Cette irréversibilité du système fait obligation aux décideurs politiques de prendre des mesures en vue du respect des normes en la matière. En effet, selon les normes LMD, le ratio normal recommande de 25 à 30 apprenants par enseignant. Mais selon les statistiques actuelles sur l’Université d’Abomey-Calavi seule, ce ratio est loin d’être atteint (voir figure).

figure

Figure : Etat global des enseignants en activité en comparaison avec le ratio normal (nombre d’enseignants/Nombre d’enseignés) à l'UAC.
Source : Service des Statistiques de l'UAC, 2015

De l’analyse croisée de l’état global du personnel enseignant et de l’effectif des étudiants pour le compte de l’Université d’Abomey-Calavi seul, il ressort que le ratio nombre d’enseignants/nombre d’étudiants est en déséquilibre par rapport à la norme. Pour combler le déficit, il faut un total de 2730 enseignants. Le recrutement d’Enseignants-Chercheurs se révèle donc impérieux pour assurer un enseignement et un encadrement efficient des futurs cadres et acteurs du développement du Bénin que sont les étudiants.

Dans la logique de la satisfaction de cet impératif de souveraineté nationale, le 16 décembre 2016, lors du lancement du PAG, le gouvernement du Président Patrice TALON, après avoir fait l’état des lieux, a projeté de réduire la marge de ce déficit en recrutant pour le quinquennat 2016-2021, un effectif de mille six cent soixante-cinq (1665 enseignants), soit une moyenne de 333 enseignants par an. Pour confirmer cette volonté, il est prévu le recrutement de 600 doctorants qui seront formés Docteurs dans plusieurs domaines d’utilité socio-économique et politique, en vue de contribuer à garantir de façon pérenne l’existence de ressources humaines qualifiées dans le secteur de l’enseignement au niveau supérieur.

Mais, force est de constater que selon la correspondance N° 2205/MESRS/DC/SGM/DAF/SPRF/SA, du 03 juillet 2017, adressée à Messieurs les Recteurs des Universités Nationales du Bénin par le MESRS, et ayant pour objet : Recrutement des assistants au profit des Universités, il est à retenir ce qui suit :

- sur un besoin exprimé de cinq cents (500) enseignants à recruter par le MESRS pour le compte de l’année 2017, à travers sa correspondance référencée (Cf Lettre n°0848/MESRS/DC/SGM/DAF/SPRF/SA 23 mars 2017), le Ministère des Finances et de l’Economie (MEF) a dans sa correspondance (Cf Lettre n°1167-c/MEF/DC/SGM/DGB/DPSELF/SPB du 07 avril 2017) « expliqué que les crédits de recrutement au titre de l’année 2017 sont en régularisation du recrutement de cent (100) Assistants, effectué en décembre 2015 ».

- le MEF aurait suggéré que le besoin de cinq cent (500) Assistants au titre de 2017 lui soit soumis pour sa discussion et son inscription au schéma d’emploi pour le triennal 2018-2020 qui serait en cours d’élaboration.

Une analyse de cette suggestion du MEF, ressort que sur trois années académiques (2017-2018 ; 2018-2019 et 2019-2020), le gouvernement n’aura à recruter que cinq cents (500) Assistants, sur les mille six cent soixante-cinq (1665) prévus pour être recruté de 2016 à 2021 comme mentionné dans le PAG, soit une réalisation prévisionnelle de 30 % des prévisions sur cinq ans.

En outre, dans le souci d’atteindre ses objectifs, le MESRS a procédé à un enregistrement en ligne des Béninois aussi bien de l’intérieur que de la diaspora, détenteurs d’un diplôme de doctorat, courant début août au 8 septembre 2017. L’ensemble des docteurs dans cette base avoisine un effectif de 665 environ après apurement de la base de données. Dans ce lot, il y a même des bénéficiaires du programme d’allocation du Ministère de l’enseignement supérieur, qui sont détenteur d’engagement notarié pour servir l’Université après soutenance de thèse mais qui trainent toujours sur les carreaux après leur soutenance. Ces derniers sont bloqués car ne pouvant aller faire valoir leurs compétences ailleurs sous peine de poursuite judiciaire de la part de l’Etat béninois. Mieux certains de ces docteurs ont été recrutés comme moniteurs dans leurs établissements respectifs suite à des tests organisés par lesdits départements. Autrement dit, certains docteurs ont des contrats avec leurs établissements.

Grande a été la stupéfaction des docteurs en attente de recrutement d’entendre madame La Ministre lors de sa sortie médiatique, mettre l’accent sur le recrutement des Enseignants de la diaspora pour venir servir dans les Universités Publiques du Bénin. Cette déclaration suscite bien des interrogations : quel est le vide dans les Universités publiques du Bénin que seulement les enseignants de la diaspora aideront à combler ? Quelle est la compétence qui manque dans nos Universités publiques et c’est seulement les enseignants de la diaspora qui l’ont ? Pourquoi les actuels enseignants de la diaspora n’étaient pas revenus servir leur pays depuis ? Quelles sont les conditions créées aujourd’hui qui diffèrent de celles qui ont poussé ces enseignants à aller servir à l’extérieur ?

Il est également possible de se demander pourquoi le MESRS veut prioriser les enseignants-chercheurs de la diaspora dans le processus de recrutement au Bénin. N’y a-t-il pas des docteurs formés dans les laboratoires des Universités Publiques et qui sont disponibles à servir les Universités ? Le Ministère veut-il remettre en cause la capacité intellectuelle des Professeurs des Universités publiques du Bénin reconnus sur le plan national et international dont Madame le Ministre fait partie. Voilà autant d’interrogations qui méritent réflexion.

La recherche de solutions à ces différentes interrogations amène à conclure que le Bénin dispose des cadres compétents formés sur place qui sont prêts à accompagner les ambitions de l’enseignement supérieur. A travers leur creuset, les docteurs en instance de recrutement dans les Universités publiques au Bénin réitèrent encore une fois leur disponibilité à servir l’enseignement supérieur partout où besoin fera. Ils fustigent la démarche de Madame La Ministre qui refuse toute discussion avec le bureau du cercle des docteurs et le caractère humiliant de ses propos qui portent à croire que les Universités publiques du Bénin ne disposent pas de docteurs formés et prêts à servir leur pays. Ces derniers réaffirment leur disponibilité à accompagner le Ministère dans ses efforts de modernisation des enseignements dans les Universités publiques du Bénin.
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