Patrice Talon et son équipe ne sont certainement pas prêts à injecter assez de ressources publiques dans la santé. Face aux besoins exprimés dans ce secteur sensible, le gouvernement a préféré solliciter l’appui des Béninois de la diaspora.
La Rupture ne fera pas de miracle dans le secteur de la santé. Peut-être rien ne changera dans ce domaine avant 2021. Le gouvernement a donné une preuve de sa mauvaise volonté dans une lettre envoyée aux Béninois de la diaspora. L’ambassadeur du Bénin près la France, Auguste Alavo a en effet sollicité l’aide des responsables de certaines associations afin d’améliorer les prestations au Centre national hospitalier universitaire, Hubert Koutoucou Maga (Cnhu-Hkm). Le soutien des Béninois de la diaspora devrait à en croire le contenu de la correspondance permettre de remplacer entre autre des lits vétustes déchirés et inadaptés, des matelas usagés et de juguler l’absence de moustiquaires, de draps ainsi que le manque de matériels de travail : fauteuils roulants, brancards, aspirateurs etc. C’est plutôt étonnant et attristant que le gouvernement fasse appel à l’aide de la diaspora pour faire à face à ces «petits besoins » du plus grand hôpital public du Bénin. C’est d’autant étonnant qu’on peut se demander si, en dehors des réformes annoncées avec en toile de fond l’affermage sauvage des centres hospitaliers, la Rupture n’a rien prévu pour améliorer les prestations du Cnhu-Hkm qualifié d’ailleurs par certains observateurs de mouroir. Il est vrai qu’outre les taxes et impôts qu’il paie, le citoyen est aussi appelé à apporter autrement son aide à l’Etat pour des œuvres de développement. Mais cela doit-il constituer pour le gouvernement une occasion pour se soustraire à un devoir? Quelle que soit la situation économique nationale, le gouvernement peut-il moins s’intéresser au fonctionnement des hôpitaux publics? Ce courrier de l’ambassadeur Alavo prouve à tout point de vue que le secteur de la santé ne constitue pas une priorité pour la Rupture. L’homme d’affaires Patrice Talon et ses collaborateurs préfèrent injecter l’argent public dans les secteurs plus juteux et devant permettre aux nombreuses entreprises des affidés du pouvoir de s’enrichir. Au Bénin, on préfère quémander auprès de la diaspora pour contenir les problèmes liés à la santé que de définir des programmes de restructuration objectifs pour sauver des vies. Le gouvernement donne l’impression que la vie des citoyens béninois ne mérite pas d’être sauvée. La belle preuve, le temps mis pour rencontrer les syndicats de la santé pour un dégel de la grève qui dure depuis trois mois alors qu’à la justice, on a tôt fait de circonscrire le mal. Est-ce parce que le Chef de l’Etat ne se soigne pas au Cnhu ? A chacun de faire son opinion.