Huit membres du gouvernement sont passés la semaine écoulée devant la Commission budgétaire de l’Assemblée nationale au Palais des gouverneurs à Porto-Novo. Ceci, pour défendre le budget respectif de leur département ministériel dans le cadre de l’étude du projet de budget général de l’Etat, gestion 2018. Il s’agit du Ministre d’Etat, chargé du plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané qui a défendu un budget de 15,5 milliards Fcfa, du Ministre du Commerce et de l’industrie, Serge Ahissou ,4,3 milliards Fcfa, de la Ministre du travail et de la fonction publique, Adidjatou Mathys , un budget de 8,6 milliards Fcfa et de la Ministre de l’économie numérique et de la communication, Aurélie Adam Soulé Zoumarou, un budget de 22 milliards Fcfa. Ces 4 Ministres ont défendu le budget de leurs départements ministériels le jeudi 16 novembre dernier. Le lendemain, quatre autres membres sont passés devant la même Commission pour le même exercice. Il s’agit du Ministre des finances et de l’économie, Romulad Wadagni, qui a présenté un budget, de la Ministre des affaires sociales et de la microfinance, Bintou Chabi Adam Taro, qui a défendu un budget de de 14,9 milliards Fcfa, du Ministre de l’Enseignement Maternel et Primaire, Salimane Karimou, qui parlé d’un budget de 106 milliards Fcfa, du Ministre des enseignements secondaire et technique et de la formation professionnelle Mahougnon Kakpo, qui a présenté un budget de 77 milliards Fcfa aux députés. Après leur audition par les membres de la Commission budgétaire, chacun des ministres a levé un coin de voile sur le contenu de son budget, les grands chantiers à exécuter avec et la réaction des députés.
(Lire ci-dessous les extraits des déclarations des Ministres Abdoulaye Bio Tchané, Serge Ahissou, Adidjatou Mathys, Aurélie Adam Soulé Zoumarou, Salimane Karimou,
-Abdoulaye Bio Tchané, Ministre d’Etat, chargé du plan et du développement
« …Notre passage ce matin au Parlement, précisément devant la Commission budgétaire, s’inscrit dans le cadre de la présentation du budget du ministère du plan et du développement. Pour le budget, le ministère du plan et du développement bénéficiera d’un crédit d’à peu près 15,5 milliards, soit une hausse de 35%. Cette hausse va être essentiellement portée par les crédits d’investissement qui vont être consacrés à 100% à l’amélioration de la gouvernance des projets dans tous les ministères, pas seulement au ministère du plan. Le ministère du plan et du développement aura donc plus de moyens pour mobiliser les ressources extérieures au profit des projets et des programmes de l’Etat ; des projets et des programmes qui sont inscrits dans le Programme d’actions du gouvernement (PAG). Et dans ce cadre là, le ministère a prévu 6 projets. L’année dernière, nous avions une douzaine de projets qui ont été reconfigurés et nous aurons 6 projets au total cette année pour financer les activités du ministère du plan et du développement. Nous sortons de cette séance assez rassuré sur les préoccupations des députés. Ils ont posé beaucoup de questions. Je crois que les réponses qui leur ont été apportées sont satisfaisantes. Nous allons apporter le reste par écrit. La grande préoccupation des députés, sachant et connaissant le rôle du ministère du plan et du développement qui est un rôle transversal, est de s’assurer que les projets et programmes des autres ministères seront exécutés dans de bonnes conditions et surtout que le suivi des projets et le programme d’actions du gouvernement sera fait conformément à ce qui a été arrêté à travers les différents comités, de manière à ce que les besoins de l’État et ceux nos compatriotes soient couverts par les ressources qui vont être mobilisées… »
-Serge Ahissou, Ministre de l’industrie et du Commerce
« …Le budget du ministère de l’industrie et du commerce que nous avons présenté aux honorables députés s’élève à un montant de 4.365.313.000 Fcfa. C’est ce budget qui servira aux activités de ce ministère dont j’ai la charge. Les honorables députés ont comparé ce montant du budget à celui de l’année 2017 et ils ont demandé à savoir pourquoi il y a ce décalage de presque de moitié. Nous avons essayé de leur expliquer qu’entre temps, le ministère était composé d’autres structures telles que l’artisanat et les petites et moyennes entreprises. Mais aujourd’hui, le ministère a été séparé en deux. L’industrie et le commerce sont restés, mais les petites et moyennes entreprises et l’artisanat sont allés vers un autre département. C’est ce qui explique la réduction de ce budget par rapport à celui de l’année dernière. Au niveau du ministère de l’industrie et du commerce, au nombre des grands projets envisagés, il y a d’abord le renforcement des capacités de la compétitivité des industries. Il s’agit de rendre les industries plus compétitives que ce qu’elles sont en ce moment, de renforcer la capacité des offres exportables, de renforcer aussi les capacités d’intervention du ministère dans le système de contrôle de qualité, des normes et toute action pouvant accompagner le commerce et l’industrie, l’assainissement de l’environnement des activités industrielles et commerciales telles que la lutte contre tout ce qui ne respecte pas les normes de consommation. C’est des actions phares qui sont envisagées et il y a aussi l’amélioration de la gouvernance… »
-Adidjath Mathys, Ministre du travail et de la fonction publique
« …Comme vous le savez, l’actuel ministère de travail et de la fonction publique est né de la scission de l’ex ministère du travail et de la fonction publique et des affaires sociales. Pour l’ensemble du budget de l’ex ministère, nous étions à 32 milliards Fcfa en 2017. Ce qui a été ramené à 26 milliards Fcfa au titre de 2018 avant la scission en 3 départements. A l’issue de cette scission, le ministère du travail et de la fonction publique dispose d’un budget de 8,6 milliards Fcfa environ dont 3 milliards Fcfa pour l’ensemble des dépenses de personnel, 5 milliards pour les autres dépenses de fonctionnement hors personnel et près de 500 millions Fcfa pour les dépenses en capital. Vous savez les grandes préoccupations de mon département ministériel au titre de l’année 2018, c’est d’abord l’amélioration de la gestion des ressources de l’État, leur gestion en quantité et en qualité. Ensuite, la modernisation de l’administration qui passe entre autres par la dématérialisation du processus de gestion des ressources humaines et même des activités des ministères. En cela, nous voulons activer l’élaboration du manuel de procédure au niveau de chaque département parce que vous ne pouvez rien informatiser si les procédures ne sont pas claires et nettes. Enfin, nous voulons améliorer les services aux usagers. Comme j’aime le dire à mes collaborateurs, s’il n’y avait pas d’usagers, il n’aura pas d’administration. Donc, l’usager est roi pour l’administration comme le client l’est dans le privé. C’est en cela que nous avons commencé quelques réformes. Vous en êtes certainement au courant, la plateforme sms qui permet à tout agent de l’État de connaître sa dernière situation administrative sans avoir à se déplacer à Cotonou quand bien même vous êtes à Toukountouna. Aussi pouvoir télécharger vos actes de là où vous êtes, sans venir à Cotonou. Et nous devons poursuivre aussi l’amélioration de l’organisation des concours. Nous avons déjà fait des efforts et la préoccupation, c’est d’informatiser de façon intégrée le processus d’organisation des concours, de façon à les rendre crédibles. Disons que la présentation que j’ai eu à faire était assez claire. Il n’y a pas eu de grandes préoccupations. Les députés s’étaient intéressés surtout au taux d’engagement supérieur au taux de réalisation physique. Je leur ai expliqué qu’avant toute dépense, il faut l’engagement ce qui fait que généralement le taux d’engagement est supérieur au taux d’exécution physique. Ils ont aussi voulu savoir comment nous sommes parvenus à la simplification de la procédure en ce qui concerne la délivrance du carnet de pension. J’ai expliqué que sur les trente-une pièces qui étaient habituellement demandées aux pensionnés, l’administration a pris sur elle la responsabilité de produire les vingt trois qu’elle génère elle même d’habitude et de ne demander que six aux retraités. Comme autres préoccupations, ils se sont intéressés un peu au concours. Je les ai rassurés que le recrutement se poursuivra en 2018 et toujours avec la même transparence que nous avons commencé à imprimer à l’organisation de nos concours. Ils ont aussi voulu savoir pourquoi nous n’avons pas entamé la construction des directions départementales. Je leur ai expliqué que le gouvernement a une politique en la matière, celle de regrouper toutes les directions départementales sur un site. C’est le ministère du cadre de vie qui est à la charge de ce volet de construction… ».
-Aurélie Adam Soulé Zoumarou, Ministre de l’économie numérique et de la communication
« …Le projet de budget 2018 du ministère de l’économie numérique et de la communication s’élève à peu près 22 milliards de nos francs. Et en terme de répartition, nous avons cinq milliards de francs Cfa pour les dépenses en capital et cinq milliards à peu près pour les dépenses ordinaires. C’est un budget qui est en baisse de 30,51% par rapport à l’exercice budgétaire 2017. Mais cela ne va pas nous empêcher de nous atteler à l’atteinte des objectifs fixés et des missions qui nous sont assignés. Comme vous le savez, nous sommes dans un contexte de restriction budgétaire due à la rareté des ressources. Et comme il est cher à son Excellence Monsieur Patrice Talon, la bonne gouvernance et l’efficience dans l’utilisation de ces ressources pour la réalisation des projets phares de notre ministère. Au nombre des priorités pour 2018, nous allons matérialiser deux projets importants pour le secteur. Il s’agit du projet de l’internet haut et très haut débit à travers la mise en place du réseau à fibre optique au niveau du territoire béninois et le projet de passage à la télévision numérique terrestre. Ce sont deux grandes priorités pour 2018, mais à cela, il faut ajouter d’autres projets. En tant que partenaire de la presse, vous serez certainement heureux de savoir qu’il y a un projet de mise en place d’un centre national pour l’archivage audiovisuel et de presse, et bien évidemment, comme vous le savez, la Cour constitutionnelle vient de déclarer conforme à la Constitution, le Code du Numérique sous réserve de quelques observations. Pour 2018, priorité sera donnée à la mise en place de l’ensemble des dispositions des textes réglementaires des politiques publiques qui vont découler de ce Code du Numérique et la mise en conformité des textes existants à ce Code. Je dois dire que je suis très heureuse et satisfaite d’avoir fait cet exercice cet après-midi parce que cela m’a conforté dans le rôle stratégique du Ministère de l’économie numérique et de la communication au niveau de notre pays. Les honorables députés ont manifesté un grand intérêt aux questions touchant le sous-secteur de l’économie numérique et les médias. A travers leurs questions, leurs suggestions et leurs recommandations, mon équipe et moi avons réellement senti qu’ils ont des attentes par rapport à ces sous-secteurs, ce qui est normal. Ils ont manifesté des inquiétudes par rapport à la baisse du budget 2018 du ministère et nous les avons rassurés que cette tendance baissière, ne viendrait pas entraver l’atteinte des objectifs qui nous sont assignés. Nous les avons également rassurés que les projets phares et qui sont très importants aujourd’hui pour l’ensemble des populations de notre pays, la croissance économique, ces projets seront mis en œuvre aussi parce qu’ils sont gérés aussi au niveau d’entités qui ont un budget autonome. Cette tendance baissière n’est pas du tout une manifestation de ce que le secteur de l’économie numérique ne jouera pas son rôle. Il y a bien évidemment eu des discussions diverses par rapport à la couverture des réseaux, l’impact sur la santé des populations, et nous avons également apporté des indications sur toutes les politiques publiques qui sont mises en place dans le secteur pour assurer que les populations puissent avoir accès à l’ensemble des services sans que cela ne porte préjudice à un niveau ou à un autre… ».
-Salimane Karimou, Ministre de l’Enseignement Maternel et Primaire
« …Le budget du ministère des enseignements maternel et primaire pour le compte de l’année 2018, conformément au cadre de dépenses à moyens terme c’est-à-dire le CDMT qui a été mis à notre disposition se chiffre à 106.394.300.000 Fcfa contre 107 milliards Fcfa pour le compte de l’année 2017. Ce qui fait constater une diminution de 1,30 milliards Fcfa. Cela peut se comprendre parce que de façon générale, le budget de l’État ne porte pas le même montant que l’année 2017. Ce budget est établi sur la base des programmes essentiels qui fondent le sous secteur des enseignements maternel et primaire. Le budget prend en compte la gestion, le pilotage du sous-secteur des enseignements maternel et primaire, les questions liées à l’accès, à l’équité et à la rétention dans le sous-secteur y compris la question liée à la qualité de l’enseignement. Donc ces trois programmes là sont suffisamment pris en compte. De même, ce qui est lié au personnel qui anime ce sous-secteur là est également pris en compte. Je dois pouvoir dire que la priorité malgré la diminution, nous avons fait l’effort de prendre en compte les préoccupations du personnel enseignant. L’État va en recruter à partir de cette année et sur le budget 2018. Ceux qui sont déjà en activité bénéficieront de certains avantages. Ce qui fait que la part réservée au personnel tourne environ autour de 70% de ce budget là. Donc voilà, de façon globale ce que nous pouvons dire. Je ne vais pas oublier de dire que les questions relatives aux cantines scolaires sont prises en compte et les montants de 2017 sont reconduits in extenso et également tout ce qui est lié au bon fonctionnement de l’école notamment la question d’infrastructures scolaire. Le gouvernement a fait l’option désormais pour plus d’efficience pour donner satisfaction aux attentes des populations, confier la question des infrastructures scolaires à une agence (…) Les députés ont été très intéressés par le budget des enseignements maternel et primaire et à la limite, ils ont estimé que ce que l’État a mis à notre disposition n’est pas encore à la hauteur des attentes et des besoins qu’ils pèseront de leur poids pour qu’il ait une amélioration notamment ce qui est lié n’est ce pas aux infrastructures scolaires, ils ont été très préoccupés par cela et nous avons essayé de développer et dire que ce qui relève des transferts de compétences aux collectivités locales en matière d’infrastructures scolaires, cela n’a pas bougé, ça a été fait. Également ce qui vient des partenaires techniques et financiers, nous l’avons pris en compte. Cependant, ils ont estimé que l’État doit pouvoir encore fait d’effort en matière d’investissement au niveau du ministère des enseignements maternel et primaire. De façon globale, ils ont estimé qu’un travail se fait au niveau du sous secteur des enseignements maternel et primaire et ce travail permet d’avoir désormais des résultats et qu’il ne faut pas arrêter en si bon chemin, qu’il faut continuer de faire des efforts et que l’État doit mettre tout en œuvre pour accompagner ce sous secteur.
-Bintou Chabi Adam Taro, Ministre des affaires sociales et de la microfinance.
« …Je voudrais d’abord rappeler que le ministère des affaires sociales et de la microfinance dont j’ai la charge a deux grands volets : les affaires sociales et les microfinances. Je viens de passer devant les honorables députés pour présenter le budget 2018 qui s’élève à 4 milliards 905 millions Fcfa. Comme je le disais, ces deux volets sont très importants. Je vous rappelle le contenu des affaires sociales, c’est la protection de la personne humaine, la protection des personnes handicapées, des personnes du troisième âge, la protection des femmes, des enfants avec toutes les violences auxquelles les femmes font face. Il y a aussi la question du genre. Le genre, cela veut dire la réduction des inégalités entre les sexes. Le volet microfinance qui s’occupe de l’autonomisation des femmes, des plus pauvres, des couches
vulnérables, des couches très pauvres pour les sortir de la précarité et leur conférer un temps soit peu, une vie plus améliorée. Et comme vous le savez, la microfinance qui implique beaucoup les femmes pour permettre que celles-ci dans leurs tâches quotidiennes, dans leur devoir quotidien, de porter un enfant, de le mettre au monde de l’élever et de lui permettre d’avoir une éducation scolaire. Ce volet comme je l’ai dit est inclus dans mon ministère (…) La plupart des députés ont reconnu la justesse du choix porté sur ce ministère. Ils ont salué le choix du Président de la République. Et ils ont insisté comme une plaidoirie pour la revue des fonds alloués à ce ministère. Parce qu’ils ont dit qu’ils sont pratiquement un secteur des affaires sociales compte tenu de ce qu’ils vivent sur le terrain et de tous ceux qui les approchent pour le règlement des problèmes au quotidien, juste pour montrer qu’ils connaissent bien le volet affaires sociales et qu’ils plaident pour que les fonds alloués à ce ministère soient plus consistants pour permettre l’accomplissement des missions qui nous sont assignées… ».
-Mahougnon Kakpo, Ministre des enseignements secondaire et technique et de la formation professionnelle
« …Nous venons de présenter devant la représentation nationale, le projet de budget exercice 2018 du Ministère des enseignements secondaire et technique et de la formation professionnelle. Ce budget pour 2018 est de l’ordre de 77 milliards Fcfa. Et comparativement à l’année 2017, il est en baisse d’un peu plus d’un milliard. Cela se comprend d’une part parce que nous sommes de façon générale dans une tendance baissière du budget mais également compte tenu du fait que le budget du programme d’investissement public a été diminué du fait du retrait de certains projets du portefeuille du ministère dans le cadre du Programme d’actions du gouvernement. Ce budget que nous avons cette année nous permettra de répondre aux préoccupations essentielles et urgentes de notre ministère. Il y a d’abord la question du personnel à payer, des salaires aussi bien des enseignants que du personnel administratif. En dehors de cet aspect, il y a les grandes orientations comme par exemple, la question de la réorientation de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Nous avons aussi la réalisation de la carte scolaire dans l’enseignement secondaire général et dans l’enseignement technique et la formation professionnelle. Nous avons la formation du personnel d’encadrement. Il est prévu la formation de 50 inspecteurs. Il y a ensuite l’opération des inspecteurs délégués au niveau de chaque département, le recrutement et la formation de 500 conseillers pédagogiques, la question des langues nationales, l’alphabétisation, la question de la réhabilitation de certains lycées comme le Lycée Béhanzin (…) Je peux avouer que la représentation nationale a posé des questions pertinentes avec des préoccupations précieuses. D’abord, il y a la question de la consommation des crédits mis à notre disposition. Nous avions bénéficié des crédits mais le taux de consommation n’a pas atteint le niveau que nous espérons. Des recommandations ont donc été données donc dans le sens que la consommation de ces crédits soit maximum… ».
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN