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Editorial : L’Afrique si pauvre et si riche
Publié le mardi 21 novembre 2017  |  Fraternité
Drapeau
© Autre presse par DR
Drapeau de l`Union Africaine




C’est l’horreur du 21ème siècle. Les images font froid dans le dos. En Lybie, sur le continent africain, il ne fait pas bon d’avoir la peau noire. Les ressortissants d’Afrique au Sud du Sahara qui s’aventurent dans ce pays décimé par le chaos sont la cible des trafiquants de l’espèce humaine. Ne se considérant nullement comme des Africains, une frange de Lybiens s’est découvert une vocation : celle de prendre à partie les Noirs et leur faire subir toutes les misères du monde. Ce scandale des temps modernes qui a toujours été une pratique courante et répandue dans ce pays a enfin provoqué une onde de choc de par le monde. Grâce au reportage de nos confrères de la chaîne américaine CNN, l’horreur vient d’être révélée aux quatre coins de la planète. Comme cela se faisait il y a plusieurs siècles en arrière, en Lybie, on continue de vendre des Noirs comme on vend du pain.
A la quête d’un mieux-être ou de l’eldorado qu’ils croyaient hors de chez eux, des milliers d’Africains ont pris le chemin de l’exode. A défaut de se retrouver en Occident, ils ont trouvé refuge en Afrique du Nord. Ceux d’entre eux qui ont jeté leur dévolu sur la Lybie ont fait le mauvais choix. Assimilés à des sous-hommes, à des marchandises, ils font l’objet d’échanges commerciaux. Dans le pays de Mouammar Kadhafi, les marchés aux esclaves continuent de s’animer au vu et au su de tous. Une fois sur ce territoire, après un voyage à hauts risques, leur aventure se transforme en mésaventure. Pendant des années, rien n’a été fait par les dirigeants africains pour mettre un terme à ce commerce dégradant. A présent où ils font semblant de ne découvrir que maintenant le pot-aux-roses, leurs réactions se bornent à des dénonciations. Aucune action d’envergure susceptible de mettre un terme à ce trafic n’est encore enregistrée.
Si les marchands d’esclaves prospèrent dans leurs affaires, c’est bien parce que l’espoir n’existe plus que de nom dans beaucoup de pays africains. Qu’ils soient instruits ou déscolarisés, aucune opportunité n’est offerte aux jeunes lorsqu’ils se présentent au seuil de la vie professionnelle. Après avoir cherché en vain un gagne-pain, ils s’accrochent au sous-emploi qui reste leur compagnon d’infortune pendant de nombreuses années. Dépités, fatigués de ne pas apercevoir une porte de sortie honorable, nombre d’entre eux optent pour l’immigration, dans l’espoir de trouver ailleurs ce qui fait tant défaut chez eux. C’est ainsi que les cerveaux et les bras valides du continent se retrouvent en haute mer sur des embarcations fragiles à la merci de la furie des vagues. Boni Yayi, l’ex chef d’Etat béninois a si bien compris l’enjeu qu’il « recommande à l’Union africaine de placer l’année 2018 sous le signe de la meilleure gouvernance des affaires des Nations ».
L’évidence aveugle quand elle ne crève pas les yeux. L’Afrique a un problème de gouvernance. C’est certain. Lorsqu’un clan ou une famille s’accapare des richesses de toute une nation pendant des décennies et voue aux gémonies tout groupe qui tenterait d’inverser la tendance, c’est normal que les ressortissants africains soient traités comme des marchandises. Le vrai combat pour l’Afrique et ses dirigeants est celui de la qualité de la gouvernance. Si nos pays sont mieux gouvernés ; si la corruption baisse d’un cran ; si le népotisme, le laxisme, le favoritisme, pour ne citer que ces maux, sont combattus à temps et à contretemps ; bref si nos chefs d’Etat ont réellement à cœur l’épanouissement de leurs peuples, aucun africain ne s’aventurera à chercher son bonheur loin de son pays. La vague d’indignation qui traverse actuellement l’Afrique et le monde est légitime. Mais, encore une fois, la solution à la fin de l’esclavage des Noirs se trouve dans les mains des Africains.
Moïse DOSSOUMOU
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