Ils avaient la latitude, tous autant qu’ils sont, de s’aplatir devant les nouveaux maîtres. Qu’ils soient des politiciens, des syndicalistes ou des hommes d’affaires, faire allégeance, se donner pieds et mains liés au gouvernement de la Rupture, comme la majeure partie des politiciens, était la chose la plus facile à faire. Mais ils ont décidé de résister. Depuis, chacun d’eux connait des fortunes diverses. Martin Rodgriguez, Sébastien Ajavon, Léhady Soglo, Laurent Mètongnon savent maintenant que s’opposer à la gouvernance Talon, n’est pas une chose aisée.
A chaque opposant, son affaire. Moins de deux ans de gouvernance et déjà le régime du Nouveau départ enregistre ses exilés. Léhady Soglo, l’ancien maire de Cotonou a dû prendre la tangente pour ne pas être objet d’une garde à vue prolongée à l’Ocertid comme ça a été le cas de Sébastien Ajavon puis maintenant du syndicaliste Laurent Mètongnon. Tout était mis en œuvre pour que le fils aîné des Soglo paye au plus fort son insoumission au nouveau prince. Alors qu’il avait à peine fini d’être auditionné par le préfet du Littoral, les forces de l’ordre avaient été envoyées à son domicile pour une perquisition. L’objectif, parait-il, était de ne point lui donner le temps de cacher les milliards qu’il était supposé fêter chaque an. Puisque les résultats d’une fouille minutieuse sur la traçabilité des milliards sur les comptes bancaires de Léhady Soglo n’avaient rien donné, on a pensé qu’il devrait alors cacher chez lui des caisses remplies de liasses. Il fallait donc le surprendre la main dans le sac avec des caisses remplies de billets de banque pour montrer à la face du monde que c’est la famille Soglo qui détourne depuis toujours les milliards de la mairie de Cotonou. L’opération a été un flop grâce à la témérité du couple Soglo et des autres insoumis qui ont envahi très tôt le domicile de l’ancien maire. Aujourd’hui encore, ils ne digèrent pas que Léhady Soglo soit passé dans les mailles du filet pour se retrouver comme un exilé en France. Le procès en cours pour lui arracher son parti, après lui avoir arraché la mairie, est le dernier champ où la ruse rivalise avec la rage dans un contexte de tentative de vassalisation du pouvoir judiciaire. Ce qui s’est passé au Tribunal de Cotonou mercredi 08 novembre 2017, jamais tel spectacle n’a été observé au Bénin, même pas quand le juge Angelo Houssou rendait ses ordonnances de non-lieu sous Boni Yayi.
Mais Les scénaristes du Nouveau départ n’en démordent pas. Ce qui n’a pas marché avec Sébastien Ajavon et Léhady Soglo, peut marcher avec Laurent Mètongnon. Ils pensent qu’ils peuvent encore se rattraper et faire du syndicaliste un exemple pour ceux qui ont le toupet de tenir tête à la Rupture. Le signal d’alerte donné par le relevé du Conseil des ministres du jeudi 02 novembre, Laurent Mètongnon avait tout le temps pour fuir, direction exil. Mais c’est mal connaître l’homme. Laurent Mètongnon a déjà connu pire que des gardes-à-vue prolongées sous le régime du Prpb et qui mieux que lui pour voir jusqu’où ils sont prêts à aller.
Sous la Rupture, Martin Rodriguez a perdu son hôtel et son usine d’égrenage de Coton. Après avoir fermé la plupart de ses entreprises, Sébastien Ajavon ne peut plus rester dix jours d’affilée sur le territoire national. Il est déjà presque un exilé. Laurent Mètongnon, syndicaliste et membre très actif du Fsp est gardé-à-vue depuis maintenant 6 jours dans une affaire qui n’est pas claire. Et là, ce sont les faits. Rien que les faits.
Worou BORO