Quelques jours seulement après la décision de suspension de la grève dans le secteur de la justice, çà gronde déjà dans le rang des partenaires sociaux de la maison. A l’origine de ce mécontentement, le non-respect des conclusions des négociations par le gouvernement notamment en ce qui concerne la composition et le cahier des charges de la commission d’étude des revendications. Ainsi, les secrétaires généraux du Syntrajab, Syntra-justice, l’Unogec-Bénin et de l’Unp-Justice menacent de paralyser le secteur avant même l’expiration du moratoire accordé au gouvernement….
Lors des négociations initiées lors des récentes grèves, il a été convenu que certaines revendications soient étudiées au sein d’une grande commission à mettre en place. Une commission qui devra être subdivisée en des sous-commissions qui seront chargées d’étudier les questions spécifiques touchant chaque corporation. Il s’agit donc des sous-commissions chargées de la relecture du statut des greffiers et officiers de justice ; de la relecture du statut du corps des éducateurs de l’éducation surveillée ; de l’étude des revendications à incidence financière. Il est également convenu que chaque sous-commission réunisse en son sein, les représentants de l’administration et ceux des syndicats défendant les catégories professionnelles concernées par le cahier des charges de la sous-commission. Des engagements que le gouvernement n’a plus songé à respecter. Ce qui risque de plonger à nouveau le secteur judiciaire dans un autre mouvement de paralysie. « Contre toute attente, le 06 novembre 2017, à travers des rumeurs, nous avons appris que l’arrêté créant la commission a été pris et serait en train d’être notifié. Poussant notre curiosité, nous avons constaté que cet arrêté ne traduit nullement les conclusions des négociations en ce qui concerne sa composition. Pire, le cahier des charges de la commission a occulté les autres revendications » lit-on dans la correspondance adressée au Garde des sceaux, ministre de la justice par les secrétaires généraux du Syntrajab, Syntra-justice, l’Unogec-Bénin et de l’Unp-Justice. Ces responsables syndicaux dénoncent un marché de dupe et marquent leur désaccord au sujet de la composition de cette commission et de son cahier de charges. « Une commission traitant de la question des revendications touchant des corps ne saurait exclure les représentants légitimes et légaux des concernés que sont leurs syndicats » déplore les responsables syndicaux de la maison justice. Tout en appelant au respect des engagements pris lors des négociations à travers une modification dudit arrêté, ils menacent de recourir de nouveau à la grève même avant la fin du moratoire accordé au gouvernement. « Nous nous réservons le droit de reprendre le flambeau de la lutte à tout moment même avant la fin du moratoire car l’administration n’ayant pas honoré sa part du contrat, nous serions désormais déliés de toute obligation contractuelle » menacent les secrétaires généraux des syndicats de la justice. Voici qui étale à nouveau l’échec de la politique de ruse sous la Rupture…
Des revendications encore sur la table
Les six syndicats de la justice dénoncent de mauvais traitements en ce qui concerne leur carrière. C’est ainsi qu’ils ont déclenché mercredi 18 octobre 2017 un arrêt collectif de travail d’avertissement de 48 heures. 29 points de revendication sont inscrits sur leur motion conjointe de grève. Les travailleurs de l’administration judiciaire exigent l’abrogation pure et simple du décret n°2017-388 du 04 août 2017 et de l’arrêté n°2017-074/MJL/DC/ SGM/DAF/ DSJ/SA/049 SGG 17 du 11 septembre 2017, et la reprise des nominations conformément aux textes en vigueur. Aussi, ces syndicats ont-ils exigé la création d’un comité impliquant les partenaires sociaux et chargé du suivi du traitement des primes, indemnités et autres avantages accordés aux personnels ; l’actualisation et l’étude en Conseil des ministres de la Communication n°032/MEFPD/MTFPRAI/MJLDH/DC/SGM/DGFP/DRSC/SA du 25 novembre 2015 relative à l’extension de la prime de risque des paramédicaux aux agents de santé exerçant en milieu carcéral ; l’abandon définitif du processus de délocalisation d’une partie du ministère de la Justice et de la législation à Porto-Novo, la construction d’un siège unique pour le ministère de la justice.
Aziz BADAROU