Un arsenal juridique pour sceller la paix entre éleveurs et agriculteurs. Pour l’instant, nous ne sommes qu’à l’étape de proposition de loi. Mais déjà, première remarque qui n’est pas anodine, c’est l’identité des initiateurs à savoir les vice-présidents de l’Assemblée nationale, Eric Houndété et Robert Gbian. Préoccupés, ils le sont. Et, face au diagnostic établi sur la situation du pastoralisme au Bénin et à la caducité de la loi N°87-013 du 21 septembre 1987 portant réglementation de la transhumance, ils sont déterminés à légiférer pour définitivement régler les problèmes liés à ce secteur.
Avant eux, il y a quatre ans, l’He El Hadj Azizou Issa l’était. Mais, osons croire qu’avec Gbian et Houndété, cette fois-ci est la bonne. N’empêche qu’avant le vote de la loi, on retiendra, que tout en réglant les conflits récurrents entre éleveurs et agriculteurs, la proposition comporte 103 articles et vise à instaurer un cadre légal moderne et actuel pour le pastoralisme au Bénin. A cet effet, les orientations, les principes et les modalités pour combiner tous les éléments essentiels nécessaires à une meilleure compréhension des questions pastorales sont définis.
Ainsi, il est prévu dans la nouvelle proposition de loi, les conditions pour la garde des animaux, les modes d’élevage et le cadre institutionnel de la transhumance. Tout comme, il est suggéré la création d’un Fonds d’appui au pastoralisme placé sous la tutelle du Ministère en charge de l’élevage. Et, ce n’est pas tout. Avec la proposition de loi, les transhumants sont assujettis au paiement de taxes, notamment celle d’entrée sur le territoire national. Enfin, le Titre 8 de ladite proposition organise la prévention et la gestion des conflits pastoraux afin que soient conjugués au passé les affrontements sanglants observés dans les périodes de transhumance entre éleveurs et agriculteurs.
Toutefois, il faut se demander si l’accouchement de la loi forte et bien réfléchie, vantée par nos deux vice-présidents apportera effectivement une solution durable aux problèmes qui minent le domaine pastoral ? Pas sûr. Bien vrai qu’une loi détermine les règles et les principes fondamentaux applicables et est dissuasive. Mais, un regard rétrospectif, et il faut se rendre à l’évidence qu’une loi au Bénin pour régir le pastoralisme n’est, et ne sera en définitive, qu’une solution parmi tant d’autres.
A la vérité, la loi est juste un outil. Et donc, le véritable problème, c’est sur le terrain. D’abord, en ce qui concerne son efficacité, il en dépendra des mécanismes proposés pour son application effective. C’est dire que, sans l’implication totale des collectivités locales, la loi aura beau être votée, elle ne dissuadera personne. Sauf, si par exemple, des moyens colossaux sont donnés aux forces de sécurité pour veiller à l’application des dispositions qui seront votées.
Sinon, qui ne sait pas que le vrai point d’achoppement entre éleveurs et agriculteurs, c’est la quasi-inexistence des fameux couloirs de circulation pour permettre aux animaux de trouver des pâturages et ne pas dévaster les cultures des populations ?
En plus, n’oublions pas que la transhumance n’est pas un phénomène typiquement national mais sous régional. Alors, elle nécessite sérieusement et encore, des actions concertées entre les différents pays concernés. En attendant au Bénin, place à la proposition de loi Houndété-Gbian !
Angelo DOSSOUMOU