Fatouma Amadou et Irénée Aboudou séjournent depuis quelques heures dans les locaux de la Brigade économique et financière pour malversations financières. Il leur est en effet reproché une mauvaise manipulation des fonds issus de la vente du riz japonais.
Fatouma Amadou ancienne ministre en charge de l’Agriculture et Irénée Aboudou l’ex directeur général de l’Office national d’appui à la sécurité alimentaire (Onasa) ne sont plus libres de leurs mouvements. Ils sont gardés à vue à la Brigade économique et financière pour mauvaise manipulation des fonds publics. 1,7 milliard de FCFA est la mirobolante somme qui a disparu de façon miraculeuse à l’Onasa sous leur gestion. Les faits se sont déroulés entre 2012 et 2015.
L’absence de suivi des frais d’achat et de vente et le non-enregistrement des opérations de vente du riz « don japonais » dans la base comptable, sont entre autres irrégularités notées par le rapport d’audit diligenté par le gouvernement pour faire la lumière sur la gestion hasardeuse des boutiques témoins de l’Onasa. Une reconstitution du montant des ventes à partir des stocks vendus déterminés avec les données des rapports de campagne valorisés aux prix réglementaires a révélé que les montants des ventes mentionnés dans les rapports ont été sous-évalués de plus de 824 millions de FCFA. Le pot aux roses a été découvert par le cabinet d’audit mis à contribution. Le rapport a révélé de nombreuses irrégularités dans la gestion des boutiques témoins de l’Onasa. Le document note également une non-fiabilité des informations financières à savoir, une surévaluation de 657 millions de FCFA pour les montants des achats par rapport aux données de l’office, le prix d’achat élevé des produits aux plafonds fixés par décret et la charge additionnelle pour l’Etat est estimée, sur la période, à un montant de 257 millions de FCFA. De même, sur la base d’exécution des campagnes 2012 à 2015, le cabinet a constaté que le reliquat des recettes qui aurait dû être reversé au Trésor public à la fin des campagnes est de 3,113 milliards (soit 2,8 milliards pour l’opération de sécurité alimentaire et 250 millions pour les ventes de riz don japonais. D’autres cas de fraude financière ont été aussi enregistrés. Il s’agit du décaissement au profit de l’Onasa largement inférieur aux montants des demandes introduites en Conseil des ministres. Soit des demandes satisfaites à hauteur de 9,02 milliards de FCFA sur les 18,7 milliards sollicités en Conseil des ministres. Un décaissement de 295 millions de FCFA au profit de l’Onasa sans autorisation du gouvernement. Des difficultés de validation des données financières des rapports d’exécution des différentes éditions de l’opération « Solidarité nationale pour la sécurité alimentaire » ont été également observées. Bien que l’Onasa soit doté d’une direction financière et comptable et d’une cellule d’audit interne, le système comptable n’a pas été organisé de façon à rendre compte de l’utilisation des dotations de fonds de sécurité alimentaire de manière fiable et transparente. L’absence d’un suivi analytique des opérations d’achat et de vente de riz et de maïs a été notée par le cabinet. Au fur et à mesure que les jours s’égrènent, les failles de la gouvernance Yayi se font découvrir.
O. I. A.